Nice-Matin (Cannes)

Retrouver le lustre des remparts d’antan

C’est dans les tuyaux : la rénovation des fortificat­ions historique­s de la cité va se poursuivre. Un architecte du patrimoine sera prochainem­ent retenu pour mener à bien ce chantier d’experts

- 1. Par l’arrêté du 21 août 2013. MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Oxymore aussi solide que délicate. Les remparts nécessiten­t un garde-fou face au temps. Au-delà de toute vision poétique, les pierres d‘enceinte d’Antibes peinent à faire face au temps. Aujourd’hui, les années effritent les siècles. L’évidence peut effrayer : non, ils ne resteront pas dans un parfait état des siècles de plus. Un constat qui, depuis plusieurs mandats, oblige la municipali­té d’Antibes à poursuivre une longue démarche pour assurer un avenir pérenne à ces pierres – constructi­on reconnue comme monument historique depuis le 31 janvier193­0.

Après la rénovation des casemates, l’ouverture de la Porte Marine et la refonte des fortificat­ions sur la zone du bastion Saint-Jaume, l’idée est de continuer sur la voie tracée. Et de se concentrer ainsi sur le chemin pointant droit vers Saint-André. Mais avant de toucher à ne serait-ce qu’un centimètre de ces vestiges, la Direction régionale des affaires culturelle­s joue la carte des fouilles préventive­s. Considéran­t que tout ouvrage, si parfaiteme­nt réalisé soit-il, modifiera de manière définitive la constructi­on, elle demande (1) à ce que des spécialist­es puissent se pencher sur son cas. « La Drac estime que la modificati­on de l’épiderme du monument pourra altérer sa lisibilité au regard de l’archéologi­e et de la perte d’informatio­n », indique Nathalie Depetris, adjointe en charge du patrimoine historique.

Analyser jusqu’à l’épaisseur des joints

Les résultats de ces expertises ? 386 mètres de long sur 8 mètres de haut passés au crible. Ou plus exactement sous l’oeil aiguisé de la photogramm­étrie. Une modélisati­on exacte de la zone – à raison d’un pixel pour deux mm – située entre les anciennes tours Saint-Jacques et la Tourraque a pu être réalisée. 3 100 m2 à la loupe. Le but est de pouvoir travailler sur la texture exacte des pierres afin « de pouvoir analyser les désordres, gonflement­s et anomalies du mur ». La précision se doit d’être telle que l’épaisseur des joints doit être identifiab­le.

La zone de la Gravette s’avère vulnérable

Un travail d’orfèvre qui a permis d’identifier le talon d’Achille de cette structure. À savoir : la Gravette. « Deux lambeaux d’enceinte de l’Antiquité tardive subsistent. Ces vestiges sont exposés aux flots et au piétinemen­t des baigneurs. Il convient donc d’en assurer l’enregistre­ment le plus précis », souligne l’adjointe qui a également dans son dossier, l’étude historique avec analyse stratigrap­hique réalisée en 2018 et 2019. L’objectif est ainsi de retrouver le tracé originel des remparts. Un voyage dans la machine à remonter le temps pour comprendre la chronologi­e de l’édificatio­n. Les données récoltées ont permis de mettre en évidence des « zones relevant de l’Antiquité, du XVIe et du XVIIe siècle ». Mais également les restaurati­ons effectuées au XXe.

Une documentat­ion des plus précieuses puisqu’elle pointe les secteurs qui nécessiten­t un travail de réparation ainsi que la nature des travaux requis. Comme un plan à suivre avec mode d’emploi. Il n’y a plus qu’à appliquer !

Et pour ce faire, un dossier de consultati­on sera bientôt établi pour dénicher la perle rare : l’architecte du patrimoine qui sera chargé de cette grande opération… à coeur ouvert.

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(Photo Patrice Lapoirie)

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