Retrouver le lustre des remparts d’antan
C’est dans les tuyaux : la rénovation des fortifications historiques de la cité va se poursuivre. Un architecte du patrimoine sera prochainement retenu pour mener à bien ce chantier d’experts
Oxymore aussi solide que délicate. Les remparts nécessitent un garde-fou face au temps. Au-delà de toute vision poétique, les pierres d‘enceinte d’Antibes peinent à faire face au temps. Aujourd’hui, les années effritent les siècles. L’évidence peut effrayer : non, ils ne resteront pas dans un parfait état des siècles de plus. Un constat qui, depuis plusieurs mandats, oblige la municipalité d’Antibes à poursuivre une longue démarche pour assurer un avenir pérenne à ces pierres – construction reconnue comme monument historique depuis le 31 janvier1930.
Après la rénovation des casemates, l’ouverture de la Porte Marine et la refonte des fortifications sur la zone du bastion Saint-Jaume, l’idée est de continuer sur la voie tracée. Et de se concentrer ainsi sur le chemin pointant droit vers Saint-André. Mais avant de toucher à ne serait-ce qu’un centimètre de ces vestiges, la Direction régionale des affaires culturelles joue la carte des fouilles préventives. Considérant que tout ouvrage, si parfaitement réalisé soit-il, modifiera de manière définitive la construction, elle demande (1) à ce que des spécialistes puissent se pencher sur son cas. « La Drac estime que la modification de l’épiderme du monument pourra altérer sa lisibilité au regard de l’archéologie et de la perte d’information », indique Nathalie Depetris, adjointe en charge du patrimoine historique.
Analyser jusqu’à l’épaisseur des joints
Les résultats de ces expertises ? 386 mètres de long sur 8 mètres de haut passés au crible. Ou plus exactement sous l’oeil aiguisé de la photogrammétrie. Une modélisation exacte de la zone – à raison d’un pixel pour deux mm – située entre les anciennes tours Saint-Jacques et la Tourraque a pu être réalisée. 3 100 m2 à la loupe. Le but est de pouvoir travailler sur la texture exacte des pierres afin « de pouvoir analyser les désordres, gonflements et anomalies du mur ». La précision se doit d’être telle que l’épaisseur des joints doit être identifiable.
La zone de la Gravette s’avère vulnérable
Un travail d’orfèvre qui a permis d’identifier le talon d’Achille de cette structure. À savoir : la Gravette. « Deux lambeaux d’enceinte de l’Antiquité tardive subsistent. Ces vestiges sont exposés aux flots et au piétinement des baigneurs. Il convient donc d’en assurer l’enregistrement le plus précis », souligne l’adjointe qui a également dans son dossier, l’étude historique avec analyse stratigraphique réalisée en 2018 et 2019. L’objectif est ainsi de retrouver le tracé originel des remparts. Un voyage dans la machine à remonter le temps pour comprendre la chronologie de l’édification. Les données récoltées ont permis de mettre en évidence des « zones relevant de l’Antiquité, du XVIe et du XVIIe siècle ». Mais également les restaurations effectuées au XXe.
Une documentation des plus précieuses puisqu’elle pointe les secteurs qui nécessitent un travail de réparation ainsi que la nature des travaux requis. Comme un plan à suivre avec mode d’emploi. Il n’y a plus qu’à appliquer !
Et pour ce faire, un dossier de consultation sera bientôt établi pour dénicher la perle rare : l’architecte du patrimoine qui sera chargé de cette grande opération… à coeur ouvert.