Nice-Matin (Cannes)

« On intervient casqués et équipés »

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Révolté… et résigné. Ce policier, qui souhaite garder l’anonymat, travaille de jour comme de nuit à Cannes. Souvent en première ligne lors des violences urbaines à Ranguin et à la Frayère.

« Avant, avec 3 ou 4 équipages, on arrivait à ramener l’ordre. Aujourd’hui, on fait face à des jeunes de plus en plus violents, qui viennent au contact et qui n’ont pas peur. Ils sont là pour se battre. »

« La justice est laxiste »

Intervenir dans ces quartiers « difficiles » est devenu de plus en plus compliqué au fil du temps, même lors d’opérations “classiques” comme des violences conjugales ou intrafamil­iales, des nuisances sonores… « On est obligés d’attendre des renforts, on y va équipés, casqués. Si on reste trop longtemps sur place, les rassemblem­ents peuvent atteindre 30 à 50 personnes en quelques minutes, on se fait vite encercler… »

Le plus révoltant ? «Cesontsouv­ent les mêmes que l’on retrouve. Des mineurs, qui savent qu’ils ne risquent rien ! Ils ne sont quasiment jamais sanctionné­s, on leur tire l’oreille et basta. La justice est laxiste. Nous, on baisse les bras, on se dit qu’on bosse pour rien… »

Il y a quelques jours, un de ses collègues était pris à partie et sévèrement blessé lors d’un contrôle agité à Ranguin. Bilan, 12 points de suture.

« Frapper quelqu’un à la tête avec un objet de type marteau, c’est une tentative d’homicide ! Si le jeune qui a fait ça passait devant les assises, ça aurait un autre impact… Mais lorsqu’un policier est blessé, ce n’est pas grave.

En revanche, notre parole est constammen­t remise en doute face aux délinquant­s. Certains collègues n’osent même plus utiliser la force. Si un des jeunes est blessé lors d’une interventi­on, les conséquenc­es sont beaucoup plus lourdes pour nous. On nous accuse de racisme, de violence policière. Ça s’est accentué ces derniers mois avec le mouvement Black live matters .»

Trouver la paix sociale

« Vu la situation actuelle et les effectifs, on ne s’en sort pas trop mal. Mais jusqu’à quand ? Les directives sont parfois contradict­oires ! On doit trouver la paix sociale. Mettre la pression, suffisamme­nt pour ne pas qu’ils se croient tout permis… Mais pas trop non plus pour ne pas exacerber les tensions… »

 ?? (Photo doc N.M.) ?? « On baisse les bras, on se dit que l’on bosse pour rien », déplorent certains policiers, lassés d’interpelle­r régulièrem­ent les mêmes mineurs.
(Photo doc N.M.) « On baisse les bras, on se dit que l’on bosse pour rien », déplorent certains policiers, lassés d’interpelle­r régulièrem­ent les mêmes mineurs.

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