Mine les quartiers ouest
Des habitants qui refusent d’être stigmatisés
Premières victimes des violences urbaines, les habitants de ces quartiers. « On va encore parler de nous pour les mauvaises raisons… », lâche un riverain de la Frayère. Appréhensions et visages fermés lorsqu’il est question d’évoquer les récents incidents. « On parle malheureusement plus souvent des petits voyous que des gens bien qui habitent ici. Quelques individus s’approprient le trafic et le quartier et rendent la vie difficile à tout le monde. »
Règlement de compte et coup de feu
« On est stigmatisés pour une poignée de délinquants, abonde une habitante du quartier . Un de mes voisins est en prison, on croise tous les doigts dans l’immeuble pour qu’il ne revienne pas ! » L’homme a en effet fait vivre un calvaire aux résidents de l’immeuble durant de longs mois.
« Nos caves étaient squattées, il y avait un va-et-vient incessant des clients pour acheter leur drogue, beaucoup de bruit et des bagarres… Il y a même eu un règlement de compte et un coup de feu cet été ! », retrace celle qui assiste depuis son balcon au trafic de stupéfiant.
« Certaines familles profitent du trafic »
« La police vient de plus en plus souvent ces derniers temps, et c’est tant mieux. On entend crier “Ara” à longueur de journée ! » Signal avertisseur de l’arrivée des forces de l’ordre qui résonne dans les rues à chaque passage d’une patrouille. « J’en vois certains que j’ai connus tout petits et qui ont mal tourné. C’est vraiment triste d’assister à ça. Il faut taper là où ça fait mal : les allocations ! Peut-être que comme ça, les parents concernés seraient obligés de s’occuper de leurs enfants… Le problème, c’est que certaines familles préfèrent fermer les yeux car elles profitent de l’argent du trafic. » Pas de sentiment d’insécurité pour elle, mais une qualité de vie altérée… « Par exemple, tous les bancs ont été enlevés pour éviter les squats. Mais nous, on a plus le droit de s’asseoir ? On a malgré tout le droit de vivre normalement, on paye des charges, des impôts et des taxes comme tout le monde ! »
« Pas d’insécurité… Mais on subit la petite délinquance »
Pour cet autre habitant de la Frayère, les tensions varient en fonction de l’arrivée de « nouveaux ». « Ces dernières années, une dizaine de nouvelles familles sont arrivées, relogées par le bailleur social. » Incivilités, manque de respect. « Les temps changent. Avant, c’était un endroit plutôt convivial. » Comme beaucoup d’autres, il ne se sent pas en danger ici. « On n’a pas peur. On subit juste la petite délinquance. Le confinement ? Ils n’en ont rien à foutre. Ils se croient invincibles et l’uniforme les gêne. Le mal-être est profond ici entre la promiscuité, le manque de structures. »
« C’est notre environnement qui est saccagé ! »
Même constat à quelques kilomètres de là, au coeur de Ranguin. « C’est notre environnement qui est régulièrement saccagé », s’emporte une habitante à bout de nerfs. « Je me lève à 5 heures du matin pour aller bosser. Vous trouvez ça normal d’être réveillés pas des hurlements, et des bruits de tirs en pleine nuit ? »
Installée dans le quartier depuis plusieurs années, elle préfère rester anonyme. « J’ai même installé des brise-vue pour ne pas être témoin direct de leur trafic de drogue, je ne veux pas d’histoires. Ils sont tranquillement installés en pleine journée au pied de l’immeuble, ils ont même leur petit confort avec leurs chaises, au vu et au su de tout le monde. C’est tellement flagrant qu’on en viendrait presque à se demander s’ils ne sont pas couverts par la police ? »,
fulmine la Cannoise.
La transformation du quartier n’a pas arrêté le trafic
Ici, la transformation du quartier, avec l’implantation du centre commercial et les importantes rénovations, a permis de drainer une population nouvelle.
« Des gens qui viennent faire leurs courses et qui n’auraient jamais mis un pied ici avant ! Il y a du mieux, c’est sûr. Mais cela n’a malheureusement pas suffi à arrêter le trafic et la délinquance. »