Nice-Matin (Cannes)

L’aveu de Jonathann Daval : « Je lui ai donné la mort »

Jonathann Daval a finalement livré, hier, devant les assises de Haute-Saône le récit terrifiant du meurtre de son épouse Alexia. Son acte est désormais assumé

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Des larmes coulant sur son visage crispé, d’une voix étouffée par l’émotion, l’accusé de 36 ans, poussé dans ses retranchem­ents par le président de la cour Matthieu Husson, ne s’est cette fois pas dérobé.

« C’est donc la mort que vous vouliez ? », l’interroge le président.

« Ben oui » , lâche Jonathann qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour ce « meurtre sur conjoint » désormais totalement assumé.

« Quoi qu’il en soit, je lui ai donné la mort, oui, quand on étrangle quelqu’un comme ça, c’est pour donner la mort », avoue-t-il encore.

Ses avocats qui s’étaient réservés avant le procès la possibilit­é de plaider les violences volontaire­s ayant entraîné la mort sans intention de la donner, moins sévèrement réprimées, devraient donc y renoncer.

« Pour qu’elle se taise »

C’est « la colère de toutes ces années qui est ressortie (...) D’où l’étrangleme­nt pour qu’elle se taise », poursuit l’accusé dans une allusion à cette « conjugopat­hie » évoquée par son conseil, Me Randall Schwerdorf­fer, pour décrire le couple dysfonctio­nnel qu’il formait avec Alexia.

« Les coups étaient rapides et c’est parti sur la strangulat­ion, je l’ai saisie par le cou, j’ai serré, le temps, on l’a estimé à 4 minutes, mais moi je peux pas vous estimer le temps ».

« Quand j’ai senti qu’elle s’affaissait, j’ai relâché ».

« La morsure, ça m’a mis hors de moi »

Le facteur déclenchan­t ? Alexia l’aurait mordu, provoquant sa rage : « La morsure, ça m’a mis hors de moi (...) J’ai fait cocotte-minute, j’ai débordé ». « Je lui cogne deux fois la tête contre le mur avant de la frapper. Avant j’osais pas admettre que j’avais fait ça... Je ne me suis jamais battu. Jamais donné de coups de poing », ajoute Jonathann Daval. Puis, l’accusé que les parents d’Alexia implorait depuis le début du procès de dire « toute la vérité », dit l’indicible quand il explique avoir ensuite déposé le corps de sa femme dans le coffre de sa voiture avant de le « traîner » dans le bois où il sera retrouvé le 30 octobre 2017. « C’est comme traîner un vulgaire sac à patates », balbutie Jonathann en larmes dans son box vitré, la voix brisée, difficilem­ent audible. « C’est dégueulass­e... » « Le (lendemain) matin à 9 heures, j’ai pris la décision de me débarrasse­r du corps » dans un bois proche « et de maquiller ça en jogging », raconte-t-il encore. Puis il se rend à la gendarmeri­e pour signaler la disparitio­n de sa femme lors d’un prétendu jogging. L’informatic­ien avait joué ensuite pendant trois mois les veufs éplorés, avant d’être interpellé. Puis il avait multiplié les versions des faits, allant jusqu’à accuser son beau-frère Grégory Gay d’être le meurtrier.

Le verdict attendu aujourd’hui

Mercredi soir, le frêle trentenair­e avait présenté des « excuses » aux parents d’Alexia pour leur avoir « pris leur fille » et reconnu que son geste n’était « pas excusable ». Mais son interrogat­oire, à peine débuté, avait été interrompu par un malaise vagal qui l’avait conduit à l’hôpital de Vesoul où il a passé la nuit.

A la reprise du procès, hier matin, c’était au tour des experts de décrire une « personnali­té caméléon », un « impulsif », « immature », capable de réactions « non maîtrisées ». Le malaise de mercredi soir a une nouvelle fois bouleversé le planning du procès. Mais selon l’avocat général, Emmanuel Dupic, le verdict reste toujours attendu aujourd’hui.

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(Photo archives AFP) Jonathann Daval est finalement passé aux aveux hier.

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