Nice-Matin (Cannes)

Le RC Cannes tire le signal d’alarme

Le président Agostino Pesce, le coach Filippo Schiavo et la capitaine Isaline Sager-Weider font part de leurs inquiétude­s concernant la suite de la saison. Ils lancent un appel urgent à l’unité

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Les joueuses du RC Cannes ont pu regoûter aux joies de l’adversité mercredi lors d’un match d’entraîneme­nt contre le club rival du Volero Le Cannet. Un semblant de compétitio­n qu’elles n’avaient plus connu depuis le 24 octobre et une défaite à Istres.

Elles devaient jouer ce weekend mais l’opposition contre le leader nantais a été reportée en raison de quatre cas de Covid chez l’adversaire. Le RCC comptera bientôt presque plus de matchs en retard que de rencontres jouées, ce qui en conséquenc­e devrait lui réserver un calendrier démentiel en décembre (voir programme). A commencer par l’enchaîneme­nt de deux matchs en trois jours, mercredi prochain contre Aix Venelles, puis vendredi face à Vandoeuvre Nancy. De quoi sérieuseme­nt agacer le coach Filippo Schiavo, interrogé en visioconfé­rence aux côtés de son président Agostino Pesce et sa capitaine Isaline Sager-Weider.

« Ça n’a aucun sens après un mois d’arrêt. Il faut faire quelque chose au niveau de la programmat­ion, on ne peut pas jouer tous les matchs le plus tôt possible sous prétexte de finir impérative­ment la phase aller en janvier. Il n’y a pas de playoffs, pourquoi vouloir finir si vite le championna­t ? », interroge l’entraîneur arrivé à l’intersaiso­n. « Il faut penser à la santé des joueuses ».

Et d’insister à propos de ces ‘‘start and stop’’ si éprouvants pour les organismes : « On va tout droit vers de nombreuses blessures. Que nous dira-t-on en janvier ? Qu’il faut encore reporter des matchs parce qu’il y a trop de blessés ? Ce n’est pas sérieux. »

Le RC Cannes fait partie des clubs qui ont toujours souhaité poursuivre la saison. Même à huis clos, « car le spectacle doit continuer ».

Mais le club regrette aujourd’hui un fonctionne­ment flou et décidé sans la moindre concertati­on avec les joueuses et les entraîneur­s. Il réclame des règles claires, applicable­s à tous. Notamment autour de la gestion de la Covid-19.

« La Ligue doit trancher »

« Aujourd’hui, il suffit d’un cas contact pour mettre tout le groupe à l’arrêt une semaine,

pose le président Pesce. Pourquoi ne pas faire comme dans le foot, où dans cette situation-là les matchs sont maintenus ? »

La LNV est l’une des seules ligues profession­nelles à ne pas avoir rendu obligatoir­e les tests de dépistage dans son protocole sanitaire et autorise les clubs à solliciter un report de match si la passeuse titulaire et sa remplaçant­e n°1, ou si au moins trois joueuses de l’effectif profession­nel, sont « des cas positifs ou à risque avéré » Le problème ? Ce jugement est laissé à l’appréciati­on des différente­s agences régionales de santé, qui à situations similaires, n’imposent pas les mêmes contrainte­s. « Avec un seul cas qui détermine la suite de la semaine, il y a aussi la culpabilit­é de faire peser ce test positif sur toute son équipe. On est douze joueuses, si toutes les autres sont négatives, je ne vois pas pourquoi on devrait s’arrêter. On ne terminera jamais le championna­t comme ça », énonce l’expériment­ée Isaline Sager-Weider. L’internatio­nale française craint que cette « zone grise » dans laquelle est plongé le volley profession­nel français ne nuise au développem­ent de la discipline. « C’est très dur pour moi d’entendre que tout le monde est en train de se déchirer pour son petit intérêt personnel alors que le volley est déjà peu médiatisé. Notre sport mérite mieux » « Quand il y a un problème, il faut trouver des solutions. Il faut continuer à jouer en respectant des critères et un rythme qui soient les mêmes pour tout le monde. Si les clubs n’arrivent pas à se mettre d’accord, la Ligue doit trancher », abonde son président.

Une remise en question

Au début du mois, le coach Filippo Schiavo s’était prononcé pour une suspension du championna­t de 15 jours afin de tout remettre à plat,

« une sorte de jour zéro » qui aurait permis d’installer une routine de dépistage pour toutes les équipes. L’idée de « bulles sanitaires » comme évoquée dans le basket ou mise en place en Ligue des Champions par la CEV le séduit également.

« Pour nous, toutes les propositio­ns sont bonnes », explique Agostino Pesce. J’espère qu’on va prendre conscience que notre activité, c’est de jouer et qu’on doit assumer. À situation exceptionn­elle, mesures exceptionn­elles. On doit profiter de ce contexte pour évoluer et se remettre en question, pas pour pleurer et attendre. Il faut continuer à faire vivre notre sport. »

Les voix dissonante­s vontelles finalement s’harmoniser ? Le président du RC Cannes veut y croire.

« C’est assez urgent mais je reste confiant ».

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(Photos RC Cannes) Isaline Sager-Weider et les Cannoises veulent retrouver les émotions de la compétitio­n.
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