Nice-Matin (Cannes)

Le protocole Covid testé aux Deux Alpes

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Les organisate­urs et profession­nels de la montagne inquiets si les règles de confinemen­t ne sont pas allégées.

Les classes de neige permettent, chaque année, à des centaines de petits d’azuréens de découvrir la montagne et le ski lors de douze jours passés en station avec les copains d’école. L’an passé, 1 649 enfants ont pu bénéficier du dispositif géré par le conseil départemen­tal sur les sites d’auron, La Colmiane et Valberg (1). Contre 1 362 cette année, confinemen­t à la mimars oblige. « Nous avons été un peu handicapés quand les séjours scolaires ont été interdits mais nous avons pu exploiter cet été même si on a dû, parfois, réduire la capacité », indique le directeur de l’éducation, de la jeunesse et des sports au Départemen­t des Alpes-maritimes, Jean Tardieu.

Sur les trois écoles en altitude que gère le conseil départemen­tal, celles de Valberg et Auron ont une capacité de 120 enfants (110 à Auron avec les restrictio­ns) et 90 à La Colmiane (80 avec les règles sanitaires). «Le protocole de l’éducation nationale autorisait les séjours, alors on a recommencé normalemen­t en septembre avec les classes rousses, complète-t-il. Nous n’avons aucun problème dans nos écoles de montagne pour respecter les règles sanitaires. »

« Déplacemen­ts scolaires interdits »

Mais avec le plan Vigipirate porté au niveau « urgence attentat » depuis l’attaque de la basilique Notre-dame, à Nice, le 29 octobre, « tout déplacemen­t scolaire est interdit », rapporte Jean Tardieu. Ce qui a mis un coup d’arrêt aux classes rousses, séjours scolaires pendants les vacances, et ne permet pas d’avoir une visibilité sur les semaines qui viennent. « Le planning de fonctionne­ment est établi pour toute l’année, rappelle le directeur. Et pour le ski, on est complet tout le temps. Mais en ce moment, c’est à la semaine que les séjours sont annulés. Et ce sera comme ça, jusqu’à ce que l’on ait le feu vert. »

Probableme­nt pas « avant la fin de l’année » mais Jean Tardieu a bon espoir que la situation se débloque pour le début de 2021 : « J’imagine que si les stations ouvrent, on pourra redémarrer. Le niveau urgence attentat ne va pas durer éternellem­ent. »

D’autant qu’au-delà du plaisir que ces moments au ski procurent aux petits Azuréens, les classes de neige permettent de faire tourner l’économie des stations. «Ce serait une vraie contrainte pour les stations s’il n’y en avait pas, reprend-il. On fait tourner le boulanger, l’école de ski, les commerces. J’étais à La Colmiane récemment et le directeur de l’école de ski me disait qu’il avait hâte que les enfants reviennent. C’est primordial pour eux. » Dans les trois stations, leur absence causerait un vrai manque à gagner. Ce que confirme, pour La Colmiane, le porte-parole de Pure Montagne, Christophe Ollivier, qui voit aussi en cette jeune clientèle «nos visiteurs de demain ».

1. Auxquels s’ajoutent 659 enfants en stages de ski pendant les vacances scolaires en 2019, 651 en 2020.

En France, Les Deux Alpes, qui propose le ski d’été sur glacier, a pu expériment­er le protocole Covid. Ouverte cette année du 6 juin au 30 août, elle a été, au sortir du confinemen­t, « la première à ouvrir et globalemen­t ça s’est bien passé », assure le directeur général de l’exploitati­on des remontées mécaniques 2 Alpes loisirs, Antoine Pirio, contacté par téléphone. Il détaille : «Ily a eu plusieurs phases. Jusqu’à fin juin, sans la présence de la clientèle européenne, nous avons eu moins de fréquentat­ion, ce qui nous a permis de démarrer en douceur et de se faire la main sur le protocole. Puis, à partir de fin juin, il y a eu une hausse de la fréquentat­ion, notamment avec l’arrivée des Italiens. » Environ 2 500 skieurs par jour.

Côté protocole, «leportdu masque était obligatoir­e de la file d’attente à l’arrivée de la remontée mécanique. Il n’y a pas eu de limitation du nombre de personnes dans les cabines ou sur le domaine skiable ». Même si, durant les trois premières semaines, « on a limité la capacité sur le glacier pour que l’on ait une période d’apprentiss­age du protocole. Ça s’est fait naturellem­ent car la clientèle n’était pas énorme ». Ce qui, selon Antoine Pirio, sera aussi le cas pour les stations de ski lors du lancement de la saison d’hiver. « Ça permettra de se roder avant les pics de fréquentat­ion », estime-t-il.

« Il faut plus que jamais se préparer »

Est-ce à dire qu’aux Deux Alpes, le rodage estival permet à Antoine Pirio d’être plus serein ? Oui et non. « On n’est pas inquiet mais le piège est de se relâcher car ça s’est bien passé, confie-t-il. Il faut plus que jamais se préparer et rester concentré. » Car des inconnues persistent : « Il y a la problémati­que du masque dans des conditions hivernales, puis on peut avoir des cas de Covid [dans les effectifs]. Un des gros enjeux est de continuer à exploiter avec des absents, peut-être à des postes clés. » Autre enjeu essentiel pour les stations : « Que les règles de sécurité sanitaire soient visibles et, en même temps, il ne faut pas que ce soit oppressant », conclut Antoine Pirio. Rouverte mi-octobre, initialeme­nt pour un mois, Les Deux Alpes a dû fermer prématurém­ent avec le reconfinem­ent.

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(DR)

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