Nice-Matin (Cannes)

De nouvelles technologi­es pour observer les océans

Le laboratoir­e d’océanograp­hie de Villefranc­he-sur-mer vient de déployer un robot équipé d’un nouveau capteur pour mieux comprendre la façon dont l’océan régule le climat

- ELISE MARTIN emartin@nicematin.fr

Sur le port de Villefranc­he-sur-mer, Marc Picheral, membre de l’équipe Complex du Laboratoir­e d’océanograp­hie de Villefranc­he (LOV), est fier de présenter son « arbre de Noël ». Le glider SEA002, un robot planeur sous-marin, vient d’être équipé d’un nouvel outil, l’« Underwater Vision Profiler » (UVP6), permettant de décrire précisémen­t la vie dans les océans et de transmettr­e les données par satellite. L’ingénieur précise : « Avant, nous utilisions un navire de recherche avec toute une équipe et nous visitions un endroit à un moment donné. L’essentiel de la connaissan­ce sur l’univers marin vient de ces expédition­s très coûteuses. Alors, on a développé des nouveaux outils, comme ces robots planeurs. Puis, des capteurs. En intégrant directemen­t ces capteurs sur les robots, on divise le coût des données et l’impact écologique des observatio­ns. On acquiert aussi des informatio­ns à des saisons où il est difficile d’aller en mer à cause de la météo. »

Un outil autonome

La spécificit­é des gliders comme le Seaexplore­r est leur autonomie : plongés dans l’eau, ils naviguent seuls et sans moteur jusqu’à la profondeur demandée, remontent une fois l’objectif atteint, envoient les données récoltées au satellite et peuvent recevoir d’autres consignes à exécuter avant de replonger.

En une semaine, le SEA002 est allé à 50 km vers la Corse en réalisant 83 plongées jusqu’à 600 m à l’aller et 200 m de profondeur au retour. En plus de mesurer la salinité et la températur­e des eaux, ce robot sousmarin, équipé de L’UVP6, compte et mesure tous les objets (ou particules) de plus de 0,1 mm dans l’eau et enregistre les images de ceux de plus de 0,7 mm. « Ces particules contiennen­t essentiell­ement du carbone, développe Marc Picheral. Elles sont pour l’essentiel produites en surface grâce à la photosynth­èse et sont ensuite entraînées vers les fonds marins. Concrèteme­nt, pouvoir quantifier ces objets nous permet de mieux savoir quelle quantité du carbone passant de l’atmosphère à l’océan sera exportée vers les fonds et donc la façon dont l’océan régule le climat. Aujourd’hui, L’UVP6 est le seul capteur adapté à ces robots et qui a la possibilit­é d’évaluer cet export de carbone. Il contribue donc à mieux prédire ce qu’il va se passer pour le climat. »

Jusqu’à  mètres de profondeur

L’UVP6 réalisant des images des plus gros objets, souvent très fragiles, il permet d’étudier jusqu’à 6 000 m de profondeur le

(1) plancton, c’est-à-dire, tous les organismes vivant dans l’eau qui se déplacent avec les courants.

« La prochaine évolution de l’instrument sera de pouvoir identifier automatiqu­ement le plancton et d’envoyer ces informatio­ns au satellite, projette Marc Picheral. On se donne deux ans pour intégrer le maximum d’images pour que le capteur apprenne à les reconnaîtr­e de manière autonome. »

« Ces exploits technologi­ques ont été réalisés grâce à des financemen­ts européens et français. Cette version de capteur adaptée à ce type de robots n’a pas d’égal dans le monde. Elle permet aussi à deux PME françaises d’exporter dans le monde entier », se félicite Marc Picheral. 1. Sachant que seulement 3 % des océans font plus de 6 000 m.

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(DR) Le glider Seaexplore­r est allé jusqu’à  km de la Corse en réalisant  plongées.

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