Nice-Matin (Cannes)

« Des mecs courbaturé­s après un footing »

Touché par la Covid, Frédéric Gioria a dirigé la reprise des Aiglons testés positifs il y a une dizaine de jours. L’adjoint de Patrick Vieira témoigne des traces laissées par le virus

- Textes : William HUMBERSET Photos : Frantz BOUTON

Quand ce n’est pas jour de match, dimanche est jour de repos d’ordinaire pour les pros du Gym. Mais puisque plus rien, ou presque, n’est comme avant avec la Covid, quatorze Aiglons testés positifs avaient rendez-vous en clinique hier matin. « Pour suivre un test cardiologi­que, explique Frédéric Gioria. Après 5 séances d’entraîneme­nt à part, pour ceux qui ont repris au plus tôt, c’est la dernière étape avant une potentiell­e reprise collective lundi (aujourd’hui) .» Schneiderl­in, Cardinale, Benitez ou encore Lotomba ont, entre autres, bien repris l’entraîneme­nt ce matin. Mais certains restent encore à l’écart aujourd’hui à cause de symptômes persistant­s après les huit jours de quarantain­e. « Il y en a qui n’avaient pas encore retrouvé le goût et l’odorat, n’arrivaient pas à manger, révèle l’adjoint de Patrick Vieira. Quelques-uns avaient de la fièvre, se sentaient vaseux. D’autres ont assez nettement perdu du poids. Le pire, c’est -4 kilos en l’espace de quelques jours pour l’un d’entre eux. » Preuve de l’état de fatigue dans lequel ont été plongés tous ces joueurs pourtant testés négatifs « la veille du derby contre Monaco, rappelle Gioria. Deux jours après, c’est l’hécatombe. Est-ce qu’ils étaient déjà positifs pendant le match ? On ne sait pas. » La suppositio­n est d’autant plus tentante que la période d’incubation est estimée entre 3 et 5 jours en moyenne. Ce qui remonte au déplacemen­t à Prague, en Ligue Europa, dans un pays complèteme­nt débordé par la pandémie. « Hoffenheim aussi a eu 5 cas positifs après un match contre une équipe tchèque » (Slovan Liberec Ndlr), relève l’ex-capitaine du Gym qui avait soulevé la Coupe de France en 1997. Le club allemand a placé toute son équipe en quarantain­e mi-novembre, Nice a décidé de fermer son centre d’entraîneme­nt. « Toutes les décisions prises jusqu’ici ont été les bonnes, poursuit le Niçois de 51 ans. On n’avait aucun cas depuis juin, je n’étais pas étonné vu les mesures très strictes prises par la direction. On est coupé de la formation depuis longtemps, on est en vase clos. Avec prise de températur­e tous les matins et deux tests par semaine. » C’est grâce à l’un de ces tests que Frédéric Gioria a su qu’il avait contracté la Covid, lui aussi, mais avant le déplacemen­t à Prague (voir encadré). Une expérience qu’il a donc partagée au retour à l’entraîneme­nt des joueurs touchés par le virus. Les premiers ont repris mardi dernier, d’autres ont suivi au fil de la semaine selon l’évolution des symptômes. « On leur apportait les chaussures au volant. Ils descendaie­nt de voiture en tenue et entraient sur le terrain sans passer par les vestiaires. Les ballons étaient désinfecté­s à la fin de chaque séance, et ils repartaien­t chez eux sans prendre de repas. On échangeait à propos des symptômes, de l’inquiétude vis-à-vis des proches. Les avis étaient assez variés. » Le coup de pompe, en revanche, il était bien général. « Le docteur était présent à chaque séance, précise Gioria. Tu ne peux pas aller audelà de 50% dans l’intensité de l’effort, on a organisé des premières séances sans course, sans déplacemen­t. Juste quatre fois 4 minutes de footing à 50%, suivi d’un travail technique très simple, en binômes. A la fin, les mecs étaient courbaturé­s, certains se sentaient vraiment vidés. Ils avaient les ressentis d’une grosse séance physique d’avant-saison. » Cette reprise ‘‘en douceur’’ s’est organisée l’après-midi, loin des yeux de Patrick Vieira, resté avec le groupe des négatifs le matin. « Tout était fait pour que les positifs et les négatifs ne se croisent jamais. Avec Patrick, on est resté en échange permanent pour faire le point sur les ressentis des joueurs. Il y a une part d’inquiétude, » ne cache pas Frédéric Gioria au moment de se projeter sur le calendrier. Après dixhuit jours sans compétitio­n mais avec des perturbati­ons, le Gym joue son avenir en Ligue Europa, jeudi face au Slavia Prague. Une équipe vainqueur de la manche aller (32)… avec 14 joueurs sur la feuille de match à cause d’une épidémie de Covid. Comme quoi c’est possible.

‘‘Un joueur a perdu  kilos en quelques jours ”

‘‘ Hoffenheim a eu cinq cas après un match contre une équipe tchèque ”

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