Groupe Clav-tribeca, le goût du développement
Le groupe familial implanté à Cannes devrait ouvrir 6 restaurants en 2021, une 3e usine alimentaire, en plus de continuer de disrupter le monde de la restauration. Appétit d’ogre ?
La gourmandise n’est pas un vilain défaut chez Laurent Villa, pdg du groupe familial cannois qui réunit trois marques : Beef House, Tribeca et Beer and Beef. Plutôt gage de réussite dans la restauration de qualité.
À 49 ans, il dirige dix restaurants répartis sur toute la France, deux usines alimentaires à Cannes et Aix-en-provence pour gérer le salé, le sucré et la boulangerie qu’il propose dans ses assiettes ; un centre de R & D qui a disrupté le monde de la restauration installé à Monaco et Cannes. Il prévoit l’ouverture de cinq restaurants en France en 2021, un au Luxembourg et la construction d’une troisième usine à Mouans-sartoux pour brasser sa propre bière et produire ses propres glaces artisanales (opérationnelle en septembre 2021). Le tout en gérant ses 500 salariés – 600 en période nécessitant des extras. Voilà, cette présentation est à l’image des projets du groupe : alléchante et sans fin.
Cuisine financière
Le secret d’une telle croissance ? « La gestion en bon père de famille, un peu à la façon de Colbert », explique Laurent Villa, entrepreneur depuis plus de trente ans et ingénieur financier de formation. Son objectif est de maîtriser toute la chaîne de valeur « pour être garant de la qualité des produits, mais aussi pour être moins agressé par le marché ». Avec aussi, de judicieux montages financiers pour lancer ses restaurants. Fonds propres, leasing, actionnariat, investisseurs ou obligataires. « En fonction du projet, on mixe de la structuration financière », explique-t-il, serein. La recette a l’air simple et pour le onzième établissement – Tour Montparnasse à Paris, livré courant juin 2021 –, l’appel à contributions obligataires sur la plateforme Raizers est quasi finalisé. 93 % atteints sur les 2 M€ demandés auprès d’une soixantaine de contributeurs. « On l’a déjà fait. Quand on va voir le banquier au bout de deux ans d’exploitation (en général) en montrant notre EBE (excédent brut d’exploitation), on est tout de suite crédibles et on peut rembourser nos contrats obligataires via un crédit moyen terme classique. »
Et il sourit Laurent Villa, parce que l’année prochaine, cinq autres ouvertures Tribeca sont au programme : Luxembourg, Créteil, Grenoble (qui sont en fin de travaux), La Ciotat et Nice (Iconic à la gare). À noter que les travaux sont réalisés par une filiale de son groupe Clav (30 salariés). Et la situation sanitaire actuelle n’est pas pour freiner sa folle course : « En ce moment, nous tournons à blanc c’est vrai, mais l’état et les foncières ont bien joué leur rôle d’amortisseurs pour nous permettre de passer le cap. Certes, nous espérions 27 ou28m € de chiffre d’affaires cette année et ce ne sera que 21 mais notre trésorerie est suffisante pour maintenir ces projets restent et envisager un CA 2022 à plus de 40 M€, uniquement en restauration. »
Disrupter la restauration
Il y a trois ans, Laurent Villa créait une structure pour digitaliser le métier (Holding à Monaco, distributeur à Cannes). Rxclub est née, une application mobile gratuite pour le client qui permet de commander et payer des menus en livraison ou sur place. « Cela dégage 30 % de temps technique aux équipes et augmente la rentabilité de l’établissement », précise-t-il. Plus de 80 000 utilisateurs, 1,7 million de commandes déjà passées via l’appli qui a fait des petits : Rxgestion, outil complet de pilotage digital du restaurant et Rxhome, lancée pour le second confinement, la première appli de livraison à domicile pour s’en sortir en ces temps confinés. Laurent Villa, c’est aussi l’un des principaux actionnaires du Stade niçois et il nous concocte un beau projet pour structurer le club de rugby, avec de la digitalisation : « Assis dans le stade, on pourra commander son hot dog et sa bière depuis son smartphone, livrés automatiquement. » Un projet en collaboration avec d’autres entreprises du paysage azuréen, telles que Transcan ou le groupe Ippolito, parce que là encore, il se la joue collectif et il le dit « Tout seul, je ne fais rien ». Gourmand, Laurent Villa ? Assurément. Il souhaite encore agrandir le groupe, sur l’europe du Nord ou du Sud. Insatiable.