Ouvrir tous les restaurants : l’idée fait-elle recette ?
Alors que des restaurateurs s’apprêtent à rejoindre un vaste mouvement de contestation demain à Marseille, pour la réouverture totale des enseignes, certains professionnels azuréens sont réservés
Demain à Marseille, festin des reproches auquel des restaurateurs du Midi vont convier le gouvernement. Au menu : soupe à la grimace. Concrètement, une méga manifestation est prévue demain après-midi, du Vieux-port à la préfecture de la cité phocéenne. Comme plat de résistance de la revendication : l’ouverture de tous les restaurants, débits de boissons, cafés, fournisseurs... Et dès maintenant.
● Une centaine de Niçois
Les professionnels azuréens des métiers de bouche seront une bonne centaine à battre le pavé derrière Noël Ajoury, président du syndicat UPCR/UMIH Nice Côte d’azur. « Des Niçois, mais également des Antibois, des Mentonnais..., précise Noël Ajoury. Des gens qui répondent à l’appel de L’UMIH régional pour qu’on les laisse travailler. On demande la réouverture totale et la plus rapide possible de tous nos établissements. Sur place, nous seront des milliers venus des Alpes-maritimes, du Var, des Bouches-durhône...»
● Transport gratuit
Pour avoir encore plus de participants, L’UMIH Paca Corse prend en charge les frais de transport. « Nous louons des bus pour nous conduire et nous ramener. Les manifestants n’auront rien à payer. »
Dans l’esprit de ce soulèvement qui s’annonce, « le gouvernement doit comprendre que nous ne voulons, ni pouvons attendre plus longtemps. Il est hors de question de nous laisser mourir sans rien faire
● Gare aux clusters !
! »
Malgré le nombre de manifestants (on en attend des milliers), tous les restaurateurs niçois et azuréens ne valident pas cette marche de demain. D’autant que des gens entassés dans des cars, puis déambulant côte à côte, pourraient entraîner l’émergence de foyers viraux.
● Pas tous dans le même panier
Parmi ceux qui n’iront pas à Marseille, il y a des restaurateurs du Vieux-nice, dont les réserves à ce mouvement, sont formulées par Marc Pollini. Lui est viceprésident de l’association Avenir Vieux Nice et fait partie d’un groupe d’associés gérant les enseignes suivantes : Lou Pastrouil, Da Giulia, place du Palais, La Lupita et Wayne, rue de la Préfecture. « Là où L’UMIH commet une erreur, estime Marc Pollini, c’est que tous les établissements ne sont pas comparables au regard de la complexité de la Covid-19. L’UMIH regroupe plusieurs branches d’activités interdépendantes, certes, mais qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. Un hôtel est différent d’un restaurant, une brasserie n’a rien à voir avec un pub... Cette revendication d’ouverture générale est irréaliste. »
● Convivialité à la diète
Concrètement, cela veut dire quoi ? « Que demander la réouverture d’une brasserie de 7 h à 23 h, qui va avoir une activité sur le café, puis la restauration, puis l’apéritif du soir où les gens se multiplient est difficilement jouable. »
Même complexité autour des pubs : « On ne peut pas demander leur réouverture, car il y aura toujours la tentation de mettre de la musique et de faire danser du monde. La convivialité est à l’opposé de ce que préconisent les mesures sanitaires. Rouvrir tous en décembre, ferait peser sur nous une menace. Celle de faire repartir le virus et de risquer un nouveau confinement. »
● Petites bouchées
Que faire alors ? Un grignotage ne serait-il pas plus sécurisant qu’une voracité générale ? Marc Pollini le pense : « On devrait d’abord revendiquer la réouverture des restaurants, 6 jours par semaine et uniquement pour le service du midi. Puis, petit à petit, revenir à une activité normale. » Une reprise a minima. « En diminuant aussi la capacité d’accueil au regard de la situation sanitaire. Un restaurant qui tomberait de 40 à 20 places assises pourrait réenclencher son activité tout en conservant du personnel. »
● Carte jouable pour baisser la TVA
En outre, cette politique des petits pas aurait probablement plus de chance de trouver grâce aux yeux de l’etat : « Le gouvernement est en capacité d’entendre que certains secteurs seulement, peuvent ouvrir avec des aménagements particuliers. »
Mais c’est quand même donnantdonnant : « Oui aux mesures partielles à court terme, mais lors de la réouverture totale en 2021, on pourrait revenir sur une baisse de la TVA, car notre activité a trop été éprouvée...»
Le gouvernement mangera-t-il de ce pain-là ?