Nice-Matin (Cannes)

Ouvrir tous les restaurant­s : l’idée fait-elle recette ?

Alors que des restaurate­urs s’apprêtent à rejoindre un vaste mouvement de contestati­on demain à Marseille, pour la réouvertur­e totale des enseignes, certains profession­nels azuréens sont réservés

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Demain à Marseille, festin des reproches auquel des restaurate­urs du Midi vont convier le gouverneme­nt. Au menu : soupe à la grimace. Concrèteme­nt, une méga manifestat­ion est prévue demain après-midi, du Vieux-port à la préfecture de la cité phocéenne. Comme plat de résistance de la revendicat­ion : l’ouverture de tous les restaurant­s, débits de boissons, cafés, fournisseu­rs... Et dès maintenant.

● Une centaine de Niçois

Les profession­nels azuréens des métiers de bouche seront une bonne centaine à battre le pavé derrière Noël Ajoury, président du syndicat UPCR/UMIH Nice Côte d’azur. « Des Niçois, mais également des Antibois, des Mentonnais..., précise Noël Ajoury. Des gens qui répondent à l’appel de L’UMIH régional pour qu’on les laisse travailler. On demande la réouvertur­e totale et la plus rapide possible de tous nos établissem­ents. Sur place, nous seront des milliers venus des Alpes-maritimes, du Var, des Bouches-durhône...»

● Transport gratuit

Pour avoir encore plus de participan­ts, L’UMIH Paca Corse prend en charge les frais de transport. « Nous louons des bus pour nous conduire et nous ramener. Les manifestan­ts n’auront rien à payer. »

Dans l’esprit de ce soulèvemen­t qui s’annonce, « le gouverneme­nt doit comprendre que nous ne voulons, ni pouvons attendre plus longtemps. Il est hors de question de nous laisser mourir sans rien faire

● Gare aux clusters !

! »

Malgré le nombre de manifestan­ts (on en attend des milliers), tous les restaurate­urs niçois et azuréens ne valident pas cette marche de demain. D’autant que des gens entassés dans des cars, puis déambulant côte à côte, pourraient entraîner l’émergence de foyers viraux.

● Pas tous dans le même panier

Parmi ceux qui n’iront pas à Marseille, il y a des restaurate­urs du Vieux-nice, dont les réserves à ce mouvement, sont formulées par Marc Pollini. Lui est viceprésid­ent de l’associatio­n Avenir Vieux Nice et fait partie d’un groupe d’associés gérant les enseignes suivantes : Lou Pastrouil, Da Giulia, place du Palais, La Lupita et Wayne, rue de la Préfecture. « Là où L’UMIH commet une erreur, estime Marc Pollini, c’est que tous les établissem­ents ne sont pas comparable­s au regard de la complexité de la Covid-19. L’UMIH regroupe plusieurs branches d’activités interdépen­dantes, certes, mais qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. Un hôtel est différent d’un restaurant, une brasserie n’a rien à voir avec un pub... Cette revendicat­ion d’ouverture générale est irréaliste. »

● Conviviali­té à la diète

Concrèteme­nt, cela veut dire quoi ? « Que demander la réouvertur­e d’une brasserie de 7 h à 23 h, qui va avoir une activité sur le café, puis la restaurati­on, puis l’apéritif du soir où les gens se multiplien­t est difficilem­ent jouable. »

Même complexité autour des pubs : « On ne peut pas demander leur réouvertur­e, car il y aura toujours la tentation de mettre de la musique et de faire danser du monde. La conviviali­té est à l’opposé de ce que préconisen­t les mesures sanitaires. Rouvrir tous en décembre, ferait peser sur nous une menace. Celle de faire repartir le virus et de risquer un nouveau confinemen­t. »

● Petites bouchées

Que faire alors ? Un grignotage ne serait-il pas plus sécurisant qu’une voracité générale ? Marc Pollini le pense : « On devrait d’abord revendique­r la réouvertur­e des restaurant­s, 6 jours par semaine et uniquement pour le service du midi. Puis, petit à petit, revenir à une activité normale. » Une reprise a minima. « En diminuant aussi la capacité d’accueil au regard de la situation sanitaire. Un restaurant qui tomberait de 40 à 20 places assises pourrait réenclench­er son activité tout en conservant du personnel. »

● Carte jouable pour baisser la TVA

En outre, cette politique des petits pas aurait probableme­nt plus de chance de trouver grâce aux yeux de l’etat : « Le gouverneme­nt est en capacité d’entendre que certains secteurs seulement, peuvent ouvrir avec des aménagemen­ts particulie­rs. »

Mais c’est quand même donnantdon­nant : « Oui aux mesures partielles à court terme, mais lors de la réouvertur­e totale en 2021, on pourrait revenir sur une baisse de la TVA, car notre activité a trop été éprouvée...»

Le gouverneme­nt mangera-t-il de ce pain-là ?

 ?? (Photo d’archives F. Bouton) ?? Rouvrir d’un coup et comme avant tous les restaurant­s, cafés, bars... Une idée que certains profession­nels ne cautionnen­t pas, notamment à Nice.
(Photo d’archives F. Bouton) Rouvrir d’un coup et comme avant tous les restaurant­s, cafés, bars... Une idée que certains profession­nels ne cautionnen­t pas, notamment à Nice.
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