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Ce ne sont que de minces bandeaux blancs qui courent entre les sapins. Mais, doucement, les pistes de ski d’isola 2000 commencent à se dessiner.
Pour la première fois, grâce à des conditions météo favorables, 20 000 m3 de neige de culture ont été produits dans la nuit de mardi à mercredi. La neige naturelle, elle, n’a pas encore pointé le bout d’un flocon.
Il se murmure que des chutes pourraient intervenir ce week-end. Mais personne ne le dit trop fort. Comme pour conjurer le mauvais sort. Loin du tumulte politique, ou presque, la station se prépare pour la saison. Sous la direction de Jean-christophe Desens, les hommes du service des pistes s’affairent à la révision des dameuses. « Nous préparons la station comme pour une ouverture normale. Nous avons recruté tous les saisonniers, une centaine », affirme le directeur général du domaine skiable. L’ouverture était initialement prévue le 5 décembre. Mais le délai de dix jours, à compter de lundi, annoncé par Jean Castex, a bouleversé les plans. L’incertitude plane désormais.
Chez Skiset, dans la galerie marchande déserte, où ne résonne qu’un bruit de perceuse, Luc Morisset prépare sa boutique. Doudounes, skis, chaussures rejoignent un à un les portants. « Nous continuons à préparer. Après tout les commerces rouvrent le 28 novembre. » Le patron s’inquiète de cette cacophonie au sommet de l’etat. « Décembre, c’est important pour nous, pour les saisonniers. » Un peu plus loin, justement, dans la galerie, Maxime, l’un des saisonniers de la station, ouvre le rideau d’une boutique après s’être escrimé à trouver la bonne clé. Ouvrir à Noël ou pas ? C’est son emploi qui est en jeu. « Je m’inquiète pour mon job, mes financements. » D’un geste, il désigne le front de neige, pour l’instant recouvert de terre et d’herbe : « Ici on est en extérieur, nous ne sommes pas enfermés. Ouvrir c’est jouable, avec des protocoles sanitaires dans les magasins, en limitant le nombre de personnes. »
Au restaurant le « Vieux Chalet, » le patron, Julien Bataille, était lui aussi, avec son équipe et des amis, devant son poste de télévision mardi soir lors de l’allocution du Président. «Onne s’attendait pas à ça ! » Son chef de cuisine, Cyril Mazurier, redoute que certains établissements ne fassent faillite si la fermeture de la station était actée pour Noël. Julien, le patron, le rejoint : « Ce sont des saisonniers que l’on ne va pas embaucher. Mon équipe en CDI devra être mise au chômage partiel. Beaucoup d’emplois vont être perdus. Monsieur Macron, laissez nous travailler ! » Retour à la galerie marchande. Christian Belpois, patron de Sport 2000 regrette ces incertitudes : « La situation nous commande d’être extrêmement prudents sur les embauches. Mais il y a une problématique. Si les vacances de février sont très fortes et qu’on n’a pas les équipes adaptées, on travaillera dans de mauvaises conditions. »
Pour Philippe Jeannot, président de l’association des commerçants, cette affaire manque de clarté. Quatrevingts boutiques font vivre la station. « Si la décision a été prise de ne pas ouvrir avant janvier, il faut nous le dire carrément », fulmine-t-il.