La colère monte après le report de l’ouverture
La déclaration surprise d’emmanuel Macron, mardi soir, a jeté un coup de froid sur les stations. Le président a fermé la porte alors que des discussions étaient engagées avec son gouvernement
Je peux vous rappeler ? Je suis en visio conférence avec Domaines skiables de France (le syndicat représentatif, ndlr). Nous harmonisons notre position. » Frédéric Gil, directeur général des stations Nice Côte d’azur (Isola-auron), était, hier soir, comme ses homologues français, dans l’incompréhension. En quête de réponses mais déjà dans le combat.
La petite phrase d’emmanuel Macron, mardi soir - « Il me semble impossible d’envisager une ouverture pour les fêtes » - a jeté un coup de froid sur les stations de sports d’hiver de la Côte d’azur. La Covid-19 aura-t-elle la peau du ski de Noël ?
Le président de la République a jugé préférable une réouverture courant janvier « dans de bonnes conditions ».
À Isola, le patron du restaurant le « Vieux chalet » était lui aussi, avec son équipe et des amis, devant son poste de télévision lors de l’allocution. « On ne s’attendait pas à ça ! » (Lire page cicontre). Renaud Muselier, président de Région, non plus visiblement. Au point de convoquer une conférence de presse, ce jeudi, intitulée « Sauvons nos stations de ski ! »
Pourquoi cette incompréhension ? Parce qu’en une phrase, le président de la République a jeté aux orties une concertation ouverte par son propre gouvernement. Ouvrir pour les fêtes ou non ? Lundi, s’adressant en visio conférence aux professionnels de la montagne, le Premier ministre s’était engagé à rendre publique sa décision... sous dix jours. Le 15 novembre, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, avait même exhorté les stations à embaucher les saisonniers quoi qu’il arrive. Tout espoir était donc permis. Jusqu’à cette allocution présidentielle. « Nous sommes très surpris », euphémise Frédéric Gil, directeur général Auron-isola. « Très surpris de voir que tous les travaux menés pour mettre en place les protocoles sanitaires, acheter le matériel correspondant, prévoir le personnel, sont balayés d’un revers de la main. S’il faut plus de mesures, nous pouvons en discuter en attendant la réponse du Premier ministre dans le délai de dix jours annoncé... »
Un enjeu économique majeur
Christian Estrosi, président de la Métropole, Eric Ciotti, député, Renaud Muselier, président de Région, François de Canson, président du Comité régional du tourisme : tous sont montés au créneau. « Une décision responsable sur le plan sanitaire et économique doit être trouvée », argue François de
Canson.
Les enjeux économiques sont importants dans des vallées déjà frappées de plein fouet par la tempête Alex. Le directeur de la station de La Colmiane, Antoine Delahaye, ne voit pas pourquoi sa station ne rouvrirait pas. « Ici, à aucun endroit, nous ne sommes confinés. Les caisses aussi sont à l’extérieur. Nous sommes prêts et considérons que nous sommes dans de bonnes conditions sanitaires pour ouvrir en sécurité. » Le directeur précise toutefois qu’il se pliera à la décision de l’état sans discuter si celui-ci décidait de fermer pour Noël.
Hier soir, en visio conférence, les stations françaises ont décidé de faire front. Première étape : elles guetteront très attentivement, dès ce matin, l’intervention de Jean Castex. Il doit préciser les mesures d’allègement du confinement. Et sera attendu au tournant.