Nice-Matin (Cannes)

Cluster à l’hôpital : une famille témoigne

Premier patient déclaré positif à la Covid au service gériatrie de la Fontonne, Alain Tixier est aujourd’hui en réanimatio­n. L’hôpital réfute tous problèmes de prise en charge

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER antibes@nicematin.fr 1. Le test PCR réalisé lors de l’admission à l’hôpital fin octobre était négatif.

Ils viennent de passer un mois dans l’angoisse. Sous pression dans l’attente de nouvelles rassurante­s. Depuis quelques jours, la famille d’alain Tixier semble voir le bout du tunnel. Le 30 octobre, leur père était admis à l’hôpital d’antibes pour une pneumopath­ie. Le 16 novembre, il était déclaré positif à la Covid19 et déclenchai­t, bien malgré lui, un cluster au sein du service gériatrie. Depuis près d’une semaine, l’antibois est en réanimatio­n et son état semble s’améliorer alors que 33 patients ont été contrôlés positifs à ce jour. Son fils Bruno pointe du doigt des manquement­s qu’il cherche à comprendre.

Pour quelle raison votre père a-t-il été admis à l’hôpital ?

Une pneumopath­ie. Dès le début, on s'est demandé pourquoi il avait été admis en gériatrie. Il y a eu pas mal de manquement­s, de lacunes dans la manière de traiter son cas. On nous a préparés à l'idée que notre père allait devenir sénile, qu'on allait devoir le placer en Ephad. Ça a commencé à nous alarmer.

Pourquoi ?

On a constaté des erreurs de diagnostic­s, il n’a pas été traité pour sa pneumopath­ie. Ils lui ont donné des antibiotiq­ues, mais il n’y a pas eu plus de soin que ça. Il aurait dû être en pneumologi­e et non pas en gériatrie. Il était déshydraté, on l'a mis sous couche alors qu'il n'a que  ans. Il a vraiment été infantilis­é. On nous expliquait qu'il avait un ralentisse­ment, probableme­nt d'ordre psychiatri­que. On nous disait que notre père était en train de perdre la tête. Au début on l'a cru, mais ma soeur trouvait qu'il n'avait pas les bons soins. Il n’avait pas de sonnette, il était maintenu allongé. On appelait trois fois par jour, la dégradatio­n de sa santé posait question.

Vous n’aviez pas plus d’informatio­ns ?

Le personnel soignant lui a fait passer des scanners pour voir s’il n’avait pas eu D'AVC ou d'hémorragie cérébrale qui pourrait expliquer ce ralentisse­ment. Il y a eu une erreur d'aiguillage. Il n'ouvrait plus les yeux, il communiqua­it très mal, on n'entendait pas le son de sa voix… On a vu notre père sombrer et on ne nous donnait pas de garanties. Les infirmière­s me disaient qu'il parlait quand même un peu. Ma soeur l'a vu, elle lui a posé quelques questions et il répondait de manière très claire. Il se souvenait de tout, il était précis dans ses souvenirs. Il n’y avait pas de signe de sénilité.

C’est à ce moment-là que vous avez envisagé de le changer d’établissem­ent ?

Les équipes soignantes ont commencé à préparer son transfert vers l’hôpital Tzanck de Mougins. Si on n'avait pas demandé le transfert, il aurait continué à subir. Je me suis dit que s'il dormait toute la journée, ça pouvait aussi être des signes de la Covid. J’avais des doutes. Le test a finalement été fait le lundi soir [ novembre] et mon père était positif (). Il a été mis sous oxygène et n’était plus transporta­ble. Si notre père était décédé, on nous aurait dit qu'il était mort de vieillesse. J'ai exigé que la direction de l’hôpital me rappelle et le directeur m’a rappelé le jeudi [ novembre].

‘‘

On ne veut pas qu’il ressorte en fauteuil”

Que vous a-t-il dit ?

Il m'a donné l'assurance que mon père allait recevoir les meilleurs soins, que le maximum allait être fait. Le médecin général nous a également appelés.

Comment se porte votre père aujourd’hui ?

Il a été transféré en service Covid [service infectiolo­gie] à partir du mardi . Son problème de déshydrata­tion n’était toujours pas réglé. Samedi soir [le ] ,ila finalement été transféré en réanimatio­n sans qu'on nous prévienne. Dimanche matin, j’ai appelé pour prendre de ses nouvelles et on m’a dit qu’il n’était plus dans le service Covid. J’ai appris que c’était le service réanimatio­n. Ça faisait déjà plus de douze heures qu’il avait été transféré ! Je suis finalement resté  heures de plus à

Antibes. Aujourd’hui, son état semble stabilisé. Il présente de légers signes de remontée, il semblerait que son problème de déshydrata­tion soit réglé. Il est entré à l’hôpital sur ses deux jambes, on ne veut pas qu’il ressorte en fauteuil roulant après un mois alité…

Et maintenant ?

On a rendez-vous jeudi [aujourd’hui] avec un médiateur de l’hôpital. Notre père a failli y passer et il n'est toujours pas remis. On ne cherche pas à faire des bénéfices sur le dos de l'hôpital, mais on n'a plus confiance.

Quel est le but de cet échange ?

On veut essayer de comprendre où ça a pêché, on veut juste être sûr que notre père a les bons soins. Il y a eu des négligence­s, aucune écoute de la famille. On veut qu'il puisse récupérer, remarcher. Pour le moment il a les membres tout raides, il n'arrive même pas à aller sur une chaise. On ne réclame même pas qu'il soit avec nous pour Noël, mais qu'il soit autonome en sortant. On fait vraiment ça pour son bien-être, on n’est pas là pour attaquer à tout prix ni pointer du doigt tout le monde. D’autant qu’il a eu une infirmière exceptionn­elle en réanimatio­n. Elle faisait son travail avec passion, notamment dans les soins et les détails qu'elle nous a donnés. C’est quelqu’un de très profession­nel, elle a réussi à le rebooster. On espère qu'il est enfin soigné de la bonne manière.

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(DR) Bruno Tixier attend des explicatio­ns concernant le traitement de son père Alain.

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