L’appel à l’aide du refuge
Saint-cézaire-sur-siagne La structure d’accueil des animaux cabossés par l’homme souffre des conséquences du reconfinement. Et développe une nouvelle mission : fourrière
Ils ont chacun une histoire. Celle qui les a amenés jusqu’à cette Terre de soleil, refuge pour animaux cabossés. Souvent par l’homme. Il y a Ganèche, petit bâtard noir aux yeux jaunes emplis de curiosité, abandonné au portail. Tétine, la brebis sauvée le 13 décembre 2019 et élevée au biberon. Des petits cochons tout roses sortis des cages de laboratoires qui n’en reviennent pas de pouvoir s’ébattre entre feuilles mortes et sol boueux. Un régal ! Quatre moutons encore apeurés après leur bref séjour à l’abattoir temporaire de Caussols. Un jack russel à trois pattes, Trash, récupéré au fond d’une poubelle. «Il n’avait pas encore ouvert les yeux », énumère Aude Roux, la propriétaire et fondatrice de cette ferme pédagogique.
Le coup d’arrêt des confinements
Une aventure lancée en 2011 avec l’achat de ce terrain d’un hectare et demi situé à Saint-cézaire-sursiagne. Une belle oliveraie en restanques en bordure de la route de Grasse et de la forêt. Une aventure qu’elle porte seule, aidée cependant par des bénévoles dévoués et des jeunes en service civique tout aussi convaincus. Comme Téo, 19 ans qui va passer 8 mois à s’occuper des animaux. À la fin de son séjour, comme les autres jeunes qui le désirent, il tentera le certificat de capacité d’animaux domestiques.
Pour l’heure, il nourrit Shrek et Fiona, deux ovins de belle taille parrainés par leur ancienne propriétaire qui vient les voir régulièrement.
Mais le confinement, puis le reconfinement ne simplifient pas la vie de l’arche aux 140 animaux (en ce moment) de cette mère de famille âgée de 41 ans qui ne peut plus recevoir son public : les enfants des écoles, des centres aérés ou des instituts médico-éducatifs (IME) des Alpes-maritimes et du Var à cause de la Covid-19.
Elle ne peut plus non plus organiser les six événements qui marquent l’année et fait rentrer des fonds : concert, carnaval, Halloween, journée Zen, etc.
Les temps ne sont pas à la disette (fruits et légumes sont notamment fournis par le supermarché du village, mais aussi par le potager de la propriété), mais ils ne sont pas sereins. Ils sont même durs. « Pour l’instant je ne peux plus accueillir d’animaux supplémentaires. Je me suis mise en stand-by. Même si je suis sollicitée tous les jours. »
Cagnotte Leetchi relancée
Aude Roux a relancé la cagnotte ouverte lors du premier confinement. Elle appelle aussi aux dons en nourriture ou en numéraires au choix des coeurs généreux. Elle se lance également dans un nouveau projet complémentaire puisqu’elle se propose de devenir une fourrière pour animaux de fermes. Elle prévoit de démarcher les 23 communes de la Communauté d’agglomération du pays de Grasse.
Des idées neuves pour pallier les aléas et remplir les gamelles des animaux : cheval, poney, ânes, deux lamas (Tequila et Quito), des cochons gris ou roses, petits ou énormes, c’est selon. Des poules sauvées de la batterie par l’association Graal, tout comme les lapins et les cochons, des canards, des perroquets, des chèvres, des rats, des serins… Le tout souvent
éclopé et la plupart du temps abandonné par des maîtres peu soucieux du bien-être animal. C’est pourtant tout le sens du travail d’aude Roux qui accueille (les années sans Covid) jusqu’à 6 000 personnes (enfants et adultes) auxquels elle fait passer un message bienveillant, toujours le même, sur le respect des animaux et de l’environnement. «Çavade pair », affirme-t-elle, en repoussant un peu Ganèche et Tétine qui la suivent comme ses ombres lors de notre tour du propriétaire : « Tous ces animaux vivent en parfaite intelligence. Tout le monde s’entend bien. Nous, nous sommes une seule espèce et nous ne nous entendons pas entre nous », regrette Aude Roux qui s’est aussi lancée dans des études d’anthropologie.
Histoire de comprendre les humains aussi bien que les animaux, sans doute.