Nice-Matin (Cannes)

Dieu et diable

- De Philippe CAMPS Chef du service des Sports pcamps@nicematin.fr

Dieu va avoir du boulot. Il n’en manquait pourtant pas. Maradona arrive. Il n’était pas attendu si tôt, même si l’éternel savait bien que ce feinteur-né pouvait débarquer à tout moment. Là-haut, ça risque d’être un beau bordel. Désolé, mais il n’y a pas d’autre mot. L’argentin était un génie pour semer le désordre sur le terrain et partout ailleurs. La preuve, hier, il a le mis le chaos dans le monde et chez chacun d’entre nous. Sa mort emporte un peu de nos vies et pas mal de nos rêves. Elle emporte aussi toute une époque, celle où les ‘‘numéro ’’ avaient du talent, des idées, du caractère, de l’autorité, du charisme et un chemin à tracer. Diego Armando Maradona était le football. Il était le jeu, il était le feu. Il était un joueur de légende et un homme d’excès. Les deux buts claqués contre la grande Angleterre, le  juin , en quart de finale de la Coupe du monde au Mexique sont le condensé de son destin hors norme. La main de Dieu est entrée dans l’histoire. Elle sera suivie d’un chef-d’oeuvre que lui seul pouvait inventer. Tout Maradona est là. Le vice et la vertu. Le scandale et le miracle. C’est lui. Des bas-fonds de Buenos Aires jusqu’au ciel étoilé. Du foot de la rue aux temples surpeuplés. C’est lui. Capable de jongler avec une capsule de coca, de gagner un Mondial seul, de dribbler une équipe entière, d’amener Naples au paradis tout en visitant l’enfer. ‘‘El Pibe de oro’’ est souvent tombé.

Même dans la coke. Il s’est relevé. Une fois, deux fois, dix fois. En , il est mort cliniqueme­nt pendant  secondes. Cette fois, c’est fini. On ne le verra plus gros, fatigué, touchant, ridicule, facétieux, pathétique avec un béret, un cigare, une montre à chaque poignet.

Ce mec était fou, génial et légendaire. Il se signait huit fois quand il entrait sur un terrain. Pourquoi ? Dieu, c’était lui. Un dieu avec des failles pour laisser passer la lumière. Il y a  ans, disparaiss­ait George Best.

Un autre allumé du foot et de la vie. Le  novembre devrait être rayé du calendrier. Cette date est maudite. Là-haut, le seigneur ne va pas s’ennuyer. Ici bas, il nous reste les images. Celles d’un géant de ,m, insaisissa­ble, qui respirait le foot comme personne et jouait comme un dieu. Il s’appelait Diego Armando Maradona.

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