Dans les salles de sport, « nous devrons repartir avec quasiment zéro client »
Si, comme des gérants osent à peine l’espérer, les salles de sport sont autorisées rouvrir en janvier, il y a fort à parier que beaucoup garderont leurs portes fermées. Le calcul est vite fait. « Cette année, nous aurons travaillé six mois », dit William Laurent, propriétaire de Topfit à Cagnes-sur-mer et Antibes. Ses charges sont très lourdes.
Près de 100 000 euros tous les mois. L’occasion de glisser que le chômage partiel de sa trentaine d’employés est un poids que l’état fait peser trop longtemps sur les épaules d’entrepreneurs déjà considérablement fragilisés. « Je dois faire l’avance du net, puis faire une déclaration pour me faire rembourser. Or, les salaires du mois d’octobre, versés début novembre, ne m’ont toujours pas été reversés. Et ma comptable m’avertit qu’ils ne le seront pas avant dix jours. »
« Si tout va bien et si les gens ne font pas trop la fête », ditil en souriant, la reprise n’interviendra donc pas avant deux mois, dans le meilleur des cas. Alors que l’on n’a jamais constaté le moindre « cluster » dans une salle de sport non associative, se doit-il de rappeler comme un vieux leitmotiv. « Énormément d’abonnements sont arrivés à échéance durant les périodes de fermeture », constate William Laurent. Impossible évidemment de contacter les adhérents pour leur proposer de renouveler l’engagement. « Nous devrons donc repartir avec quasiment zéro client. »
% d’érosion
L’érosion ? « 30 % pendant le premier confinement et ce sera autour de 40 % pour le second », analyse le gérant. Les salles avaient pu rouvrir en juin, mais l’été se révèle traditionnellement peu propice aux nouveaux abonnements, « les gens n’ont pas la tête à ça ». Septembre-octobre et janvier-février sont les quatre mois où tout se décide, « après quoi l’on vit de ces ventes durant tout le reste de l’année ». La rentrée avait permis de « reconquérir» environ 10 % de la clientèle. Dans la meilleure des hypothèses, on se retrouvera en février avec une perte de 60 % de l’effectif. Entre-temps, William Laurent s’est vu accorder une annulation partielle des loyers, « résultat d’un bras de fer avec les bailleurs car l’état n’a pas aidé la première fois. Il le fait, depuis le début de ce deuxième confinement, en permettant aux propriétaires des murs de bénéficier d’un crédit d’impôt à hauteur de 50 % du montant, ce qui nous soutient dans notre négociation. »
Il s’y résigne : « Notre activité dépend du ministère des Sports, et non pas de celui de l’économie. Un ministère où l’on ne comprend pas ce qu’est le secteur marchand, qui n’est pas habitué aux perfusions de subventions. Malheureusement pour nous, nous n’avons que des frais fixes. Des charges qui représentent au minimum 50 % de notre chiffre d’affaires. » Il évoque par conséquent une « catastrophe économique ». Où la règle des 20 % sera d’un certain secours.
Uppercut
Notamment pour les groupes, où chaque franchisé pourra prétendre à une indemnisation décente, plutôt que les 10 000 euros prévus pour l’ensemble du réseau. Aucun effort, en revanche, du côté des assurances. Ce qu’il trouve nettement moins sport.
Steve Malatesta dirige une salle de boxe dans le Vieuxnice. Dont la propriétaire, qui en est de sa poche, doit mettre au pot, les comptes étant dans le rouge, faute d’activité. Le personnel est au chômage technique. Les charges courent, loyer, taxes, entretien. « Pendant le premier confinement, nous avions bien essayé de proposer des cours en visio. Mais ça n’a pas vraiment fonctionné. »
Steve se désole de voir les adhésions fondre comme neige au soleil. « En général, les gens s’inscrivent en septembre-octobre, ou en janvier. Les premiers reviendront-ils ? Personne ne le sait. Quant à ceux qui voulaient nous rejoindre en début d’année, ils ne le feront pas en février ou en mars. Résultat, c’est fichu pour l’année. On réfléchit encore, mais il est difficile, à ce stade, de dire si la salle survivra ou si nous serons obligés de mettre la clé sous la porte. »