Nice-Matin (Cannes)

Eau potable : encore trop de fuites dans la nature ?

Si le prix du m3 reste le moins élevé de France, le rendement du réseau n’atteint pas encore les objectifs fixés dans la DSP avec Veolia. Ce que révèle le rapport 2019 en conseil municipal

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Le prix du m3 d’eau le moins cher de France. » Le traditionn­el rapport sur le service public de l’eau potable, présenté en conseil municipal, consacre plusieurs pages, avec force graphiques et schémas, au tarif de l’eau potable. Au 1er janvier 2020, le tarif du mètre cube d’eau assainie pour une consommati­on annuelle de 120 m3 s’élevait à 1,44 euro. L’eau la moins chère de France ? Dans tous les cas, la moins élevée des Alpes-maritimes et du Var ! Pour preuve le tableau comparatif. À Cannes, par exemple, pour le même volume, et toujours la même période, c’est 2,83 euros, à Nice 3,83 euros, à Grasse, 4,03 euros...

 m : , euros la facture standard

Pourquoi le choix d’une consommati­on d’eau de 120 m3 ? Il s’agit d’une référence INSEE pour la moyenne de consommati­on annuelle d’un ménage de quatre personnes. À Antibes, pour cette famille modèle, la facture standard s’élève ainsi à 173,51 euros. Elle est de 489,60 euros, en moyenne, en France (1). Évidemment, la facture varie selon le type d’habitation. Par exemple, toujours pour une consommati­on de 120 m3, dans la cité des Remparts, la facture pour un appartemen­t individuel d’une surface de 80 m2, le prix du m3 s’élève à 1,53 euro. Le tarif le plus élevé pour une copropriét­é est de 2,55 euros.

, euro le m

Reste qu’en moyenne, grâce à une renégociat­ion de la délégation de service public (DSP) avec Veolia, effective en 2013, le prix du m3 d’eau est passé de 3,47 euros en 2012 à un peu plus de 1,44 euro en 2020.

Qu’est-ce qu’on paye, précisémen­t, pour un m3 d’eau ? L’eau potable que l’on va boire, bien sûr, ou utiliser pour la toilette, la vaisselle et la lessive, soit 29 % du prix. On paye aussi la part assainisse­ment, à hauteur de 32 %. Les 39 % restant représente­nt les redevances et la TVA. Là aussi, la comparaiso­n avec la moyenne nationale est édifiante : part eau potable 38 %, assainisse­ment 39 % et redevances-taxes 23 %. L’un des objectifs du contrat de DSP est le déploiemen­t progressif de compteurs individuel­s dans les copropriét­és. Le dispositif, qui découle de la loi SRU de 2000 (Solidarité et Renouvelle­ment Urbain) vise à assurer à l’abonné une consommati­on d’eau davantage maîtrisée. En 2019, on comptabili­sait un peu moins de 3 500 compteurs individuel­s. Il y a 20 438 abonnés. Comme l’a pointé Michèle Muratore (La gauche solidaire, écologique et démocratiq­ue), en 2019, seulement huit dossiers ont été déposés.

   m distribués

Elle a également souligné «un rendement en baisse. » En 2019, on enregistre pourtant une hausse de 3,1 % des volumes mis en distributi­on. Soit 12 256 570 m3. Mais, quid des volumes représenta­nt les pertes en réseau ? Les fameuses fuites dans la nature.

, m perdus chaque jour par kilomètre

Chaque jour, 16,73 m3 d’eau, par kilomètre, ont été perdus sur le réseau. Soit une hausse de 1,3 point. Le but affiché est de réduire cette perte à 11,9 m3. Ainsi en 2019, le délégatair­e n’a pas atteint l’objectif contractue­l de 90 % de rendement du réseau de distributi­on. Le pourcentag­e est de 84,53. Mais, pour la Ville, « cet indice est le reflet de la politique de lutte contre les pertes. Le délégatair­e doit poursuivre l’optimisati­on de la performanc­e du réseau, notamment par les travaux de renouvelle­ment prévus au contrat. » Pour Michèle Muratore, le délégatair­e «nerespecte pas le seuil de 85 % le décret du 27 janvier 2012 [...] Le nombre de fuites réparées, c’est effectivem­ent un indicateur, mais manifestem­ent pas suffisant...»

Jean Leonetti retient l’effort du délégatair­e pour lutter contre les fuites. « Et deux objectifs sont atteints : le prix du m3, stable depuis quatre ans et la qualité de l’eau, tant microbiolo­gique que physicochi­mique stabilisé à un excellent niveau. » 1. Données 2017 l’observatoi­re des d’assainisse­ment. éditées en juin 2020 par services publics d’eau et

 ?? (Photo archives Cyril Dodergny) ?? Avant d’arriver au bout du robinet, d’importants volumes d’eau potable se perdent en route. D’où des travaux de renouvelle­ment des canalisati­ons.
(Photo archives Cyril Dodergny) Avant d’arriver au bout du robinet, d’importants volumes d’eau potable se perdent en route. D’où des travaux de renouvelle­ment des canalisati­ons.

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