Nice-Matin (Cannes)

Rouillez jeunesse !

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-matin edito@nicematin.fr

Puisque « la nuit n’est jamais complète », écrivait Éluard, qu’il y a toujours « au bout du chagrin, une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée» , qu’il y a « toujours un rêve qui veille », Jean Castex – chargé, ce matin, d’affiner les dernières annonces du président de la République –, serait bien inspiré d’ouvrir grand la fenêtre comme si c’était le printemps. Surtout pour les - ans, pour lesquels chaque mois confiné obère un peu plus leur vie future. Leur moral est à zéro. Selon une étude réalisée pour la fondation d’entreprise Ramsay Santé,  % des jeunes estiment que la crise sanitaire a aggravé la fragilité mentale de leur tranche d’âge. Et rien, pas une boîte, pas un troquet, jusqu’à quand, on ne sait pas, pour relâcher un peu la pression. Au moins pourront-ils se défouler ce week-end en allongeant le parcours de leur jogging quotidien de  à  kilomètres autour de chez eux. Rien de tel pour se vider l’esprit… L’urgence est pour les plus âgés. Il faut les aider à trouver du travail. Les derniers chiffres officiels, les concernant, sont encouragea­nts [lire ci-contre] : le chômage a baissé le mois dernier de

, %. Mais ils sont encore des dizaines de milliers – précaires, saisonnier­s, étudiants salariés – à chercher en vain un emploi. Emmanuel Macron a promis, mardi, « une réponse exceptionn­elle » dans les prochains jours. Il a évoqué des moyens accrus pour le plan « Un jeune, une solution » (présenté sur le site Internet du même nom) : le simple fait de respecter cette équation serait effectivem­ent une très belle réponse. Autre signal positif, les entreprise­s sont un peu plus enclines, depuis quelques semaines, à recourir aux aides à l’apprentiss­age et à l’embauche des jeunes. En revanche, toujours pas de revenu minimum pour les moins de  ans. Même au coeur de la bourrasque économique, cette option est toujours aussi taboue. Lycéens et étudiants sont également en situation de grande fragilité. Malgré des résultats au bac mirifiques, la précédente année scolaire était un mauvais brouillon. Et celle qui a commencé en septembre est un exercice ardu : les cours en présentiel, partout et pour tous, pourraient reprendre dans deux mois, quelques semaines... avant le début des premières épreuves du bac. Il ne faudrait pas de nouveau couac.

Quoi que promette, ce matin, le Premier ministre, il doit réussir un double challenge : faire bien mais aussi faire vite. Car c’est incroyable, à cet âge où, selon Pouchkine, « on quitte le cercle cher et doux pour le vain bruit d’un monde fou », la vitesse avec laquelle on peut basculer de génération embourbée à génération sacrifiée.

« Pour les 16-25 ans chaque mois confiné obère un peu plus leur vie future. »

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