Nice-Matin (Cannes)

Cardi, gardien de valeurs

Portier titulaire devenu n°4 en 2018, Yoan Cardinale a convaincu staff et dirigeants de le garder en doublure de Benitez par ses qualités et sa personnali­té précieuses pour le vestiaire

- WILLIAM HUMBERSET

Yoan Cardinale n’a plus porté le maillot du Gym en match officiel depuis deux ans (Nice-dijon, 25 août 2018). Pourtant il a retrouvé le sourire. Un rire éclate, même, quand on lui dit que peut-être seuls les ‘‘numéros 2’’ comme lui regrettent la disparitio­n de la Coupe de la Ligue. « Ça peut nous enlever du temps de jeu, c’est vrai. Mais c’était aussi la route la plus courte vers la Coupe d’europe. »

Une chance de moins pour s’exprimer n’est plus un coup dur de plus à encaisser pour lui. Tant que Nice joue l’europe chaque année, avec ou sans lui sur le terrain, Cardi ira bien. Une réalité qu’il a acceptée au gré de ses souffrance­s et de celles de ses proches lorsqu’il a perdu une première fois son statut de titulaire avec Lucien Favre (2017-18).

« Il y a le sol, le sous-sol, et moi j’étais encore au moins 3-4 étages en dessous, image-t-il gestes à l’appui. Le déclic, je m’en souviendra­i toujours. Le réveil indique 8h16 un matin, je me dis que je n’ai pas envie d’aller à l’entraîneme­nt. Puis je pense à mon père qui est déjà en train de cravacher sur le chantier. Et moi, je me plains pour aller jouer au football ? Je n’avais pas le droit. »

Le natif de La Ciotat a dû recommence­r une thérapie individuel­le lorsque Patrick Vieira l’a relégué du premier au quatrième rang de la hiérarchie des gardiens, courant 2018-2019. Le coup de fil de Julien Fournier durant le confinemen­t montre aujourd’hui que Cardi a fini par convaincre.

« Le club ne comptait pas sur moi et voulait engager un numéro 2. Je ne pouvais que l’accepter. Mais quelques mois plus tard, je suis toujours là et personne n’est arrivé. »

Sans doute parce que le portier a démontré combien il était précieux pour le vestiaire. Un mec nature, sans filtre. Avec juste un accent chantant et un petit ‘‘zozotement’’ pour sublimer ses anecdotes et rendre son personnage attachant. Les recrues, Yoan les adopte très vite et elles s’adaptent d’autant mieux. Après Balotelli, Schneiderl­in s’est avoué séduit cet été. « C’est mon côté sudiste, on est accueillan­t, on aime la tchatche, rigole l’intéressé. C’est plus facile pour moi d’aller voir les gens, j’aime la chaleur humaine. J’essaie de me mettre à la place d’une recrue, j’aimerais que quelqu’un m’accueille dans un nouveau vestiaire, m’ouvre les portes du club, me présente les salariés. »

Ça fait douze ans que le gardien passé par le Sporting Club Air Bel fréquente les installati­ons du Gym. Les murs, il les connaît. Les problèmes de chaque coéquipier aussi. « Ils le savent tous, ils peuvent m’appeler à n’importe quelle heure. Ouvrir la porte à 2h du matin à un coéquipier qui s’est embrouillé avec sa femme, c’est arrivé plus d’une fois », balance le gardien en se marrant.

Généreux, sensible et à l’écoute, le leader de vestiaire devient un requin sur une table de poker. « Il calcule, observe tout, mise fort, il est vraiment redoutable, » admire un partenaire chambré et dépouillé pendant le stage d’avant-saison, à Divonne. Un bon copain prêt à piquer les jetons et l’orgueil de ses adversaire­s, c’est l’âme d’un compétiteu­r. « Je déteste perdre, dans tous les domaines et encore moins à l’entraîneme­nt. Dans les jeux réduits, mes partenaire­s savent que pendant 20 minutes je vais leur ‘‘casser les c...’’ à crier, parler, presser... Ça met la pression sur mes coéquipier­s, mais aussi sur les adversaire­s. Ils savent qu’on est là, qu’on veut gagner. Et à la fin, je suis souvent dans le camp des vainqueurs. » (sourire) La méthode Cardinale pour insuffler de l’exigence dépasse la barrière de la langue. Pas besoin de maîtriser la langue de Shakespear­e pour pousser Kasper Dolberg à donner plus devant le but. « Quand il arrive devant moi, je veux qu’il ait envie de marquer. Ça me rend fou un attaquant qui se moque d’avoir raté un but. Je vais essayer de le piquer en criant, en chambrant quand je vais réussir un arrêt. »

Le Danois n’est pas nerveux comme Mario Balotelli, mais « il fait partie de la même catégorie : ce sont des machines face au but. Kasper ne parle pas, ne rigole pas, il marque, c’est tout. Parfois, il a juste un petit sourire en coin qui met la haine (Il rit) . Il sait vraiment tout faire : frapper très fort, placer, ouvrir, fermer, piquer... »

Très actif la semaine, Cardinale est donc contraint de rester sur le banc le jeudi soir et les week-ends. Il ne plonge plus psychologi­quement, il profite du nouvel écho apporté par le huis clos pour exister 90 minutes durant. « Les supporters te poussent par leurs chants, peuvent te piquer avec des sifflets. Dans un stade vide, je me sens encore plus important, j’essaye d’apporter ce que je peux. Je suis concentré comme si j’étais dans la cage. Je sors du match, je suis fatigué. »

Pas rancunier, Cardinale ne feint pas l’admiration devant Walter Benitez. « Je serais le plus heureux qu’il aille en sélection argentine, c’est un bosseur, il le mérite. Ça fait deux ans que c’est l’un des meilleurs gardiens en France. Il est arrivé blessé, ne parlait pas la langue, a connu la galère. Je ne peux pas souhaiter du mal à quelqu’un que j’apprécie. » Supporter numéro un de celui qui l’a relégué au rang de numéro 2, le portier de 26 ans reste lucide devant son but : « Le remplaçant qui se dit heureux de l’être n’a jamais été titulaire. Forcément tu veux rester en haut de l’affiche. Le coach fait ses choix, moi je fais le max pour l’équipe. Un jeune de 20 ans ne peut pas avoir cette maturité. Avec plus de recul, tu vois les choses différemme­nt. » Julien Fournier aussi a récemment révisé dans nos colonnes ses options face à l’échéance du contrat de ce gardien de valeurs, dans quelques mois. C’est un garçon qui, j’espère, restera de longues années dans l’environnem­ent du club. En terme de mentalité, c’est un remarquabl­e compétiteu­r, toujours positif. Ça ne sert à rien d’aller chercher un numéro deux si on a " Cardi " » Toute une carrière à Nice, même en remplaçant, ça le tente, Yoan ? « Donnez-moi le papier et le stylo. »

«En octobre, la tempête Alex ravageait l’arrière-pays niçois. Après l’urgence vient l’heure de la reconstruc­tion. Depuis jeudi dernier et tout au long de décembre, L’OGC Nice s’engage en faveur de ses vallées. Deux actions solidaires récolteron­t des bénéfices reversés à l’associatio­n Partagence. Spécialisé­e dans l’assistance aux victimes de catastroph­es naturelles, elle favorise la réhabilita­tion intérieure de l’habitat sinistré.

‘‘

Ça me rend fou un attaquant qui se moque d’avoir raté. J’essaie de le piquer. ”

Tombola solidaire :  maillots « Dante » à gagner

En hommage à leur capitaine blessé gravement au genou à Angers, les joueurs niçois portaient le match suivant (à Prague en Europa League) un maillot frappé du nom « Dante », à l’échauffeme­nt. Jusqu’au /, ces  maillots dédicacés par le capitaine sont mis en jeu à l’occasion d’une tombola solidaire ouverte sur : https://www.helloasso.com/associatio­ns/ fonds-de-dotation-ogc-nice/evenements/tz

Vente aux enchères en ligne pendant Nice-rennes

Lors de la rencontre Nice-rennes (/ à h), les maillots des deux équipes seront à gagner, via une vente aux enchères ouverte au début du match. Niçois et Rennais arboreront la mention « SOLIDARITÉ VALLÉES  » sur la face avant. Ce flocage ‘‘collector’’ apparaît aussi sur les  maillots « Dante ». A noter qu’après avoir accepté de collaborer avec le Gym lors de la vente aux enchères au profit des victimes de l’attentat du //, le Stade Rennais a une nouvelle fois immédiatem­ent suivi L’OGC Nice en offrant les tenues de la rencontre.

‘‘

Finir ma carrière en numéro  à Nice ? Donnez-moi le papier et le stylo ! ”

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France