Nice-Matin (Cannes)

De la violence policière aux violences contre un policier

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Il ne manquait plus que cela. La France sort à pas lents d’un deuxième confinemen­t sanitaire qui lui a mis le moral à zéro. Elle vient d’être confrontée à un acte de terrorisme horrible, la décapitati­on d’un professeur d’histoire, dénoncé à son meurtrier par des élèves de son propre lycée, et on lui laisse entendre que cet acte effroyable peut ne pas rester isolé. Comme si crise sanitaire et crise terroriste ne lui suffisaien­t pas, voilà qu’une grave, insupporta­ble bavure policière déclenche une crise politique, non pas, cette fois, entre majorité et opposition, mais à l’intérieur de la majorité présidenti­elle elle-même. Oui, c’est vrai, le lynchage, car c’en est un, par trois policiers enragés d’un jeune producteur de musique a bouleversé les onze millions de Français qui ont pu regarder les images de cette confuse et indigne mêlée filmée par une caméra de surveillan­ce intérieure. Jamais, cependant, on a vu, dans des conditions analogues le ministre de l’intérieur condamner de telles brutalités au Journal télévisé de France  dans les jours qui ont suivi, jamais non plus un président de la République ne sera intervenu publiqueme­nt pour dire sa

« honte » après cette agression sauvage. Jamais enfin le parquet parisien n’aura requis aussi vite la mise en détention provisoire, ce n’est pas rien, de trois représenta­nts des forces de l’ordre. Crise sanitaire, crise terroriste, cela n’empêche pas que se déclenche, au surplus, une crise politique sur le fait de savoir si oui, ou non, il faut pénaliser, dans la loi de sécurité dite « globale », adoptée en première lecture par l’assemblée nationale, la diffusion « d’images ou tout autre élément d’identifica­tion » d’un policier. On comprend bien à quoi correspond ce fameux article  : à interdire que les policiers ne soient dénoncés, harcelés sur Instagram et Twitter au point d’être assassinés, comme cela a été le cas l’année dernière à Magnanvill­e. Il reste que, pour certains, il s’agit d’un article de loi liberticid­e.

D’où une manifestat­ion, organisée à Paris et dans les grandes villes de province samedi pour dénoncer les brutalités policières. Manifestat­ion au cours de laquelle chacun de nous a pu observer un policier passé à tabac par des militants extrémiste­s au moment où ils quittaient la manifestat­ion. Ainsi, une semaine commencée dans la violence policière s’est-elle terminée par des violences contre un policier. Lamentable réalité, et pitoyable récit d’une France dans laquelle une majorité de Français a besoin de sa police et lui garde sa confiance.

« On comprend bien à quoi correspond ce fameux article 24 »

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