Nice-Matin (Cannes)

La voilà, la crise

Le Gym a sombré sur sa pelouse en encaissant trois buts face à Dijon, dernier du championna­t. Une quatrième défaite de rang qui témoigne d’un mal profond

- LEANDRA IACONO ET WILLIAM HUMBERSET Photos : Frantz BOUTON

La révolte était attendue après trois défaites consécutiv­es et une quasi-éliminatio­n sans saveur en Ligue Europa. Le Gym a préféré prendre trois buts contre des Dijonnais qui n’en avaient marqué que cinq depuis le début de la saison et “donné” le sourire à une équipe qui ne « connaissai­t pas le chant de la victoire dans un vestiaire » selon son jeune gardien Anthony Racioppi. Un spectacle auquel a très peu goûté Jean-pierre Rivère. Le président du Gym a quitté l’allianz très agacé dès le coup de sifflet final. Il en attendait bien plus au coup d’envoi. « Ce n’est pas les défaites, le problème. Mais la manière dont on les prend et comme on joue. Le club est dans les temps du projet Ineos, pas l’équipe.

On en est bien conscient » ,at-il expliqué au micro de Canal+. Hier, les Rouge et Noir ont affiché les mêmes manques criants dans le jeu et dans l’envie face à la lanterne rouge de L1, ont laissé le temps aux Bourguigno­ns de faire ce qu’ils voulaient avec le ballon, à l’image de ce contre express commencé par un corner niçois et terminé en deux passes par un but de Mama Baldé.

Pierre Lees-melou : « Ce n’est pas le coach qui joue »

Le huis-clos étouffe la colère croissante des supporters, mais pas l’inquiétude générale face à des joueurs qui semblent avoir complèteme­nt lâché. A commencer par leur entraîneur ? « Vous n’avez qu’à leur demander », a sèchement répondu Vieira, peu friand de la question. Il y a bien eu un tout petit sursaut d’orgueil en seconde période, mais il doit beaucoup aux entrants Trouillet, Rony et Ndoye. Ceux qui ont davantage la confiance du coach comme Nsoki ou Claude-maurice ont encore déçu, eux. «Ona fait un match catastroph­ique, on a honte, on sait qu’on déçoit beaucoup de monde » ,a lâché dans un soupir Pierre Lees-melou, capitaine courageux d’un navire en plein naufrage et solidaire d’un entraîneur qui voit les perspectiv­es de prolongati­on sérieuseme­nt s’estomper depuis quelques semaines. « Ce n’est pas le coach qui joue, et ses consignes sont très claires ».

Et ce n’est pas non plus le champion du monde 98 qui a investi 12 millions d’euros sur Nsoki, un garçon qui ne semble jamais apprendre de ses erreurs, ou quinze sur Claude-maurice, un joueur volontaire mais terribleme­nt maladroit. Recruter jeune derrière (Daniliuc, Lotomba, Bambu), c’est bien. Mais que faire quand un cadre comme Dante n’est plus là ? Vieira a essayé de pallier avec Danilo hier, une solution bancale, et pas seulement pour la bourde du Brésilien sur le troisième but dijonnais. Bon nombre de recrues Ineos ne répondent pas aux attentes, en fait. Et les parts de responsabi­lités sont forcément partagées. Patrick Vieira n’a pas renié le sentiment de crise, mais son attitude en conférence de presse, limite menaçante, montrait qu’il supportait mal d’être seul pointé du doigt. « On connaît une période compliquée. Soit on est tous concerné, soit on se disperse et ça, je ne l’accepterai pas. Je surveiller­ai tout ce qui sera fait et dit ces prochains jours, il faut rester soudé. Je fais ma 3e saison au club et on a eu d’autres moments difficiles. »

La saison dernière, Vieira avait dû durcir son discours après la même série de quatre défaites de rang. C’était une année de transition pour le nouvel actionnair­e Ineos, circonstan­ce atténuante qui ne tient plus pour personne. La famille Ratcliffe n’a pas investi des millions pour se retrouver en milieu de tableau comme c’est le cas aujourd’hui. Le temps presse, et pas seulement pour Patrick Vieira. Joueurs, staff et dirigeants, tous coupables.

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Encore décevant malgré son penalty réussi, Gouiri ne sauve plus les apparences dans une équipe sans idée.

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