Nice-Matin (Cannes)

CARNET L’homme aux mille histoires

Samedi, Roger Driès a rejoint Julien Giarrizzi au paradis des journalist­es sportifs. Spécialist­e de rugby, fin connaisseu­r de cyclisme, de foot, auteur de livres : il était un touche-à-tout génial

- PHILIPPE CAMPS Le service des sports de Nice-matin présente ses sincères condoléanc­es à la famille de Roger Driès, sa fille Marie-hélène et sa petite fille Eléonore qui travaille pour notre titre.

Il était toujours entre deux matchs, trois rendez-vous et mille projets. Roger Driès ne tenait pas en place. Journalist­e tout-terrain, il passait du rugby au cyclisme avec l’aisance de l’ailier qui va à l’essai ou du grimpeur porté vers le sommet. Roger Driès est mort samedi. Il est parti dans son sommeil. Il devait rêver de Colette, son épouse, dont le grand départ en mars dernier l’avait terribleme­nt affecté. Il avait 89 ans. Un bel âge après une belle vie. Une vie de passions. Né à Montauban, terre d’ovalie, il dut quitter la famille, les copains, le rugby, l’insoucianc­e pour la guerre d’indochine. A 19 ans, ça fait peur. Et ça fait mal. Il en revint avec une blessure à l’âme et des souvenirs douloureux. Moniteur d’éducation physique à Pau, il écouta ses envies d’ailleurs. « Mes parents se sont mariés le 12 juin 1954. Le lendemain, ils prenaient le chemin de la Côte d’azur et de Saint-laurent du Var », raconte Marie-hélène, fille aux petits soins et au gros chagrin.

Le paternel soigna les maux avant de choyer les phrases. Il fut kiné, à Nice, chez le docteur Toussaint boulevard Dubouchage, tout en faisant des piges pour Nice-matin. Remarqué par le grand patron, Michel

Bavastro, il poussa la porte du journal en 1962 et ne la referma qu’en 1988. Vingt-six ans au service du sport. Et des sports. « Roger suivait le RRC Nice. Je pense qu’il a pas mal oeuvré pour le rugby niçois. Il connaissai­t du monde. Il avait ses entrées jusqu’au sommet de la Fédération. Il faisait dix choses à la fois. Des papiers pour Nice-matin, une émission télé de sports sur TMC, de la radio, des cassettes vidéo, des livres. Il sentait les choses. Il avait fait un bouquin sur Joaquim Agostinho qui s’était très bien vendu au Portugal. Sur le coup, il avait devancé tout le monde. Roger était aussi un vrai spécialist­e de vélo. Anquetil, Poulidor ou Aimar étaient ses amis. Doué, débrouilla­rd, ‘‘la Drille’’, comme on l’appelait, était fait pour notre métier », affirme Jean Chaussier qui a longtemps travaillé à ses côtés. « Roger, c’était Monsieur rugby », souffle Eric Buchet, capitaine emblématiq­ue du RRC Nice, période dorée.

Historien du sport

Stylo ou micro en main, Roger Driès a rencontré mille champions. Il a couvert mille événements. Il ne ratait pas un Tour de France. Il aimait sublimer le passé dans sa chronique ‘‘Que sont-ils devenus’’ ? Personne n’a oublié ses récits sur le roi René (Vietto). Il avait des images en tête et des archives plein les placards. Le week-end, il jonglait entre Nicematin, TMC, RTL ou Midi Olympique. Il a signé une bonne trentaine de livres et sorti autant de cassettes vidéo. Il travaillai­t souvent avec son fils Jean-marc, parti trop vite, trop tôt. « Sa présence me manquera jusqu’au dernier soir », a-t-il écrit, avec des larmes, dans l’épilogue de son livre d’or du centenaire de L’OGC Nice. Une bible. Comme son Roman des Aiglons ou Monaco, football des Princes. Roger Driès était devenu un historien du sport. Une encyclopéd­ie vivante, vibrante. Une référence. A cette époque, il n’y avait pas Internet, pas Wikipédia. Heureuseme­nt, il y avait Roger Driès, passeur de mots, d’infos, conteur d’histoires et raconteur de destins.

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(Photo DR) Quand Roger Driès rencontre le roi Pelé...

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