Le BTP, source d’emplois dans les vallées sinistrées
La tempête Alex a réduit de nombreux travailleurs à l’arrêt forcé. Pôle Emploi a proposé des permanences dans la Vésubie et la Roya, pour les accompagner et leur offrir des perspectives
Leur vie a basculé le 2 octobre 2020. Leur carrière aussi, parfois.
La tempête Alex a fait des dégâts sur le front de l’emploi. Elle a privé des habitants des vallées de leurs outils de travail, de leurs clients ou de leur mobilité.
Face à cette urgence, Pôle Emploi a mobilisé ses agents dans les vallées sinistrées depuis bientôt deux mois. À Saint-martin-vésubie et Roquebillière d’un côté (agence de Niceouest), à Breil-sur-roya de l’autre (agences de Menton et la Trinité).
C’est à Breil que nous attend Laurent Torzuoli, référent métiers chez Pôle Emploi à Menton. Il reçoit les allocataires à la maison des sinistrés.
La mission
« Le but de ces permanences, c’est de faciliter les démarches de ceux qui étaient demandeurs d’emploi et de ceux qui le sont depuis la catastrophe », résume Laurent Torzuoli. Outre les nouveaux besoins, il a fallu accompagner les 513 allocataires suivis par Pôle Emploi dans ces trois vallées. «Onamisen place une centralisation automatique pour toutes les personnes des communes sinistrées, afin qu’elles soient payées en temps et en heure. »
Les cas de figure
Ce matin-là, Laurent Torzuoli a reçu une dame qui approche de la soixantaine. Elle était aide à domicile. Elle intervenait chez une habitante qui a perdu sa maison. Elle a donc perdu son emploi.
« C’est traumatisant, constate le conseiller Pôle Emploi. Souvent les gens qui viennent nous voir n’avaient jamais eu à faire à nos services. Perdre son emploi dans de telles conditions, ça n’est pas facile. Notamment pour les personnes qui pensaient arriver paisiblement à la retraite. »
Les jeunes d’une vingtaine d’années, « mobiles et capables de se reconvertir », s’en sortiraient bien mieux. Mais Laurent Torzuoli pense aux villageois « qui ont perdu leur véhicule, alors qu’ils allaient travailler à Menton ou Monaco. Pour la partie de la population qui n’est pas mobile, c’est compliqué ».
Les plus sinistrés
On le sait, la tempête a mis un coup d’arrêt brutal à l’hôtellerie-restauration, « d’autant qu’à ce drame s’ajoute la crise de la Covid ». Jusqu’ici, Pôle Emploi recensait « beaucoup d’offres d’été » liées aux loisirs et sports de montagne : camping, gîtes, VTT, canyoning... Le choix s’annonce réduit pour la saison à venir dans les vallées.
Les perspectives
S’il y a bien un secteur porteur par temps de catastrophe naturelle, c’est le BTP.
« Il y a des besoins importants en matière de reconstruction, confirme Laurent Torzuoli. Dans ces vallées, il va y avoir de l’emploi pour plusieurs années. » Conducteurs d’engins, manoeuvres... Ces profils seront très prisés et utiles. Pôle Emploi propose de « former des gens dont ce n’était pas l’emploi. C’est notre rôle de parler de ces possibles reconversions ».
Le réconfort
Reste que le discours sera difficile à entendre pour certains habitants traumatisés – « c’est tout frais... ».
Ce n’est pas la mission première des agents Pôle Emploi. Mais Laurent Torzuoli a dû faire preuve d’écoute et d’empathie, autant que de conseils et d’assistance administrative. « Ça a dépassé nos fonctions. On a été encore plus attentifs que d’habitude. On les a écoutés. ça leur a fait du bien. Ils ont vidé leur sac. » C’est aussi là que ces permanences au plus près des sinistrés prennent tout leur sens. « C’est important de montrer qu’on est là. Et qu’on ne les oublie pas. »