Nice-Matin (Cannes)

Ennemis de l’intérieur

- de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-matin edito@nicematin.fr

On le voyait presque jubiler sous son masque, Casta. Lundi soir, au terme d’une réunion houleuse à l’elysée, le président de groupe LREM a annoncé avec une satisfacti­on à peine contenue que le fameux article  de la loi « sécurité globale » encadrant la diffusion d’images de policiers en interventi­on serait réécrit. Après une accumulati­on de maladresse­s, une belle bronca parlementa­ire et l’énorme tollé soulevé par les images du producteur tabassé par des policiers à Paris, cette reculade constitue un camouflet cinglant pour Gérald Darmanin. Condamné à manger son chapeau, celui qui refusait jusqu’alors de parler de violences policières a reconnu pour la première fois « des problèmes structurel­s » au sein de l’institutio­n. Installé à Beauvau il y a cinq mois pour incarner une politique plus sécuritair­e et rétablir la confiance avec les forces de l’ordre, l’actuel ministre de l’intérieur est l’antithèse parfaite de son prédécesse­ur. L’ancien porteparol­e de Sarkozy versus l’excollabor­ateur de cabinet des gouverneme­nts Jospin. Le gendre idéal de Tourcoing contre le kéké de Forcalquie­r. Le rallié de mai  et le macroniste de la première heure.

Depuis la passation de pouvoir en juillet, Castaner et

« Cette crise autour des violences policières démontre une nouvelle fois les limites du “en même temps”.»

Darmanin se castagnent à distance en mode chien et chat. Lundi, lors de la conférence de presse commune avec les patrons des groupes Modem et Agir à l’assemblée, le premier a clairement fait part de ses « doutes » concernant l’article . Quelques heures plus tard, face aux députés, le second a rhabillé pour l’hiver son prédécesse­ur coupable d’avoir « envoyé faire du maintien de l’ordre des policiers dont ce n’était pas le métier » lors de la crise des « gilets jaunes ». Un ministre devant lequel les forces de sécurité avaient même fini par « jeter leurs menottes à terre », ainsi que l’a rappelé perfidemen­t Gérald Darmanin.

Au-delà du combat de coqs entre les deux locataires de Beauvau, cette crise autour des violences policières démontre une nouvelle fois les limites du « en même temps ». Trois ans et demi après son élection, cette marque de fabrique est toujours assumée par un Emmanuel Macron qui refuse de choisir entre ordre et liberté. « Je ne veux pas passer d’un côté ou de l’autre », a-t-il d’ailleurs rappelé lundi. Entre Castaner hier et Darmanin aujourd’hui, ses ministres ne l’aident pas vraiment à trouver le point d’équilibre.

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