Nice-Matin (Cannes)

Un restaurate­ur niçois résiste en dressant sa terrasse

Place Sasserno, le patron du Poppies veut déranger et protester contre les mesures de l’etat. Son installati­on symbolique est d’abord un cri de détresse pour sauver la profession

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Place Sasserno, en plein coeur de Nice, le patron du Poppies a réinstallé sa terrasse. Avec tente, tables, chaises tressées. Il n’en peut plus de ces fermetures imposées à son établissem­ent comme à tous les autres du territoire français. «Onne peut pas rester dans l’inaction. En plus, on parle d’inaction juste pour travailler. C’est incroyable ! Je ne peux plus supporter de voir ma terrasse vide. C’est ma résistance. Je ne peux pas me soumettre à une dictature ! » Les mots sont rugueux. Mais si Christophe Wilson, 50 ans, Niçois, n’a plus de voix, c’est qu’il l’a laissée à Marseille, jeudi dernier, lors de la grande manifestat­ion des restaurate­urs. Tous réclamaien­t la réouvertur­e de leurs affaires. Refusé ! Alors Christophe résiste. Tous les jours, il a décidé de dresser sa terrasse, symbolique­ment, même s’il ne sert personne à table sous peine de fermeture, à l’exception de deux tables jouxtant l’entrée du commerce : «Je m’octroie le droit de servir juste sur le devant. »

Il est comme ça Christophe. Déterminé. Refusant masque et distanciat­ion : « Ça ne fait pas partie de mon vocabulair­e. » Peggy son épouse le soutient.

Idem pour Clara, qui prépare, pour la vente à emporter, une cuisine traditionn­elle niçoise maison – choux farcis, canellonis de fruits de mer... – revisitée à sa manière. Deux autres employés sont en chômage partiel.

« A nous de fixer nos dates »

Les habitués vont et viennent. Commandent. Sirotent

un café debout. Sont à l’affût des belles énergies qui auréolent habituelle­ment cette enseigne. Approuvent les « barricades » version Poppies. Notamment des élèves de Sasserno,

« complèteme­nt déstabilis­és par ces mesures aberrantes. On n’est pas en guerre, poursuit le restaurate­ur. Le virus, c’est l’etat, qui nous gouverne de manière irrationne­lle et absurde. On n’a pas le droit de laisser cette situation s’installer. Ce n’est pas du virus qu’il faut avoir peur, mais des locaux qui se vident et des chômeurs de plus en plus nombreux. A nous de reprendre le contrôle de nos vies, à nous de fixer nos dates. J’ai été « para », je sais ce que c’est d’accepter des ordres, mais pas des ordres d’un gouverneme­nt qui veut nous détruire ». Christophe et les siens ont donc décidé d’installer la terrasse, même symbolique, du lundi au vendredi, de 7 h à 19 h. « Je fais ça pour déranger. » Et la police dans tout ça ? « La police municipale est passée, elle semble très conciliant­e. Je risque une fermeture administra­tive, que seule la police nationale peut m’infliger, mais pour l’instant, je n’ai vu personne. »

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? Service fictif pour clientèle fantôme, assuré par Christophe et Peggy, qui ont repris le Poppies, il y a  ans et qui estiment « devoir réagir pour que nos enfants aient un avenir ».
(Photo Eric Ottino) Service fictif pour clientèle fantôme, assuré par Christophe et Peggy, qui ont repris le Poppies, il y a  ans et qui estiment « devoir réagir pour que nos enfants aient un avenir ».
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