Justice : vraies cagnottes pour animaux fantômes
Un refuge associatif de Revest-les-roches est poursuivi pour escroquerie. La justice lui reproche des cagnottes en ligne pour des sauvetages fictifs. On y trouvait aussi de vrais animaux, en sale état…
Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre le 1er janvier 2017 et le 25 juin 2020. Devant le tribunal correctionnel de Nice, la présidente de l’association Artémis devra s’expliquer sur de nombreuses cagnottes lancées notamment sur le site Leetchi.
Soit autant d’appels aux dons, avec des photos et des noms d’animaux, ainsi que des dates d’échéance au-delà desquelles ceux-là étaient prétendument voués à la boucherie.
Circonstance particulière : certains d’entre eux n’existaient pas ou n’étaient pas pris en charge par un vétérinaire.
Le total de ces collectes s’élèverait à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Seule certitude, on recense une trentaine de parties civiles. Parmi elles, une personne qui se serait endettée à hauteur de 50 000 euros. Corinne Blangis, qui réfutait toutes les accusations dans nos colonnes en octobre 2018, ne nous a pas répondu avant-hier. Elle doit comparaître le 14 décembre prochain, en état de récidive légale.
Et sera également invitée à s’expliquer sur l’utilisation des fonds. La justice soupçonne des dépenses de restaurants, de commerces de loisirs, d’alimentation, un abonnement à un programme minceur ou encore des locations de véhicules Mercedes, Audi ou Peugeot…
Des charniers ?
L’association ASA 06 (Au service des animaux) a déposé une plainte. Elle dépose aujourd’hui une demande à la préfecture pour que cinquante manifestants puissent se rassembler avant le procès devant le palais de justice de Nice.
Seront entendus comme témoins d’anciens bénévoles ou salariés qui souhaitent que cette audience soit l’occasion d’aborder des éléments relevant, selon eux, de la maltraitance. C’est, par exemple, Maël qui évoque la lente agonie d’un alpaga. Justine, brièvement employée avec son compagnon, qui ne voudrait plus que soit confiée à la présidente d’artémis « ne serait-ce qu’une fourmi ». Joël qui, s’il veut croire que l’intéressée «aimait les animaux » , a jeté l’éponge, dépité par le sort qui leur était réservé.
Ou Justine, qui se dit que des signes auraient dû lui mettre « la puce à l’oreille ». Plusieurs parlent de « charniers », énumérant des bêtes de ferme enterrées sur place, à l’aide d’une petite pelle mécanique.
Ce dont le nouveau maire de Revest-les-roches, Yves Mehr, dit avoir entendu parler, sans avoir pu le vérifier. Le refuge aurait abrité plus de cent mammifères au plus fort de son activité.
Dont cinq poneys, des chèvres, un sanglier à trois pattes, des chiens handicapés, le lama Delon (sic), des ânes avec « de la boue jusqu’aux genoux » ou deux perroquets gris du Gabon, un ara bleu et des cacatoès sans autorisation de détention.