Nice-Matin (Cannes)

Sporting et OM, les coulisses d’une page foot rocamboles­que

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Après quatorze ans passés dans le rugby, on attend encore le rebond de Mourad Boudjellal. À l’entendre, ce n’est qu’une question de mois. « Certains ont attrapé le Covid, moi la soixantain­e. Ça m’est tombé dessus le  juin. En une nuit, je suis devenu plus patient sur plein de choses. J’ai décidé que j’allais attaquer un gros projet, c’est sûr. J’ai surtout décidé de ne rien faire en , car c’était une année de merde. En , je vais réapparaît­re ! » Dans le rugby ? « Peut-être dans un club de Fédérale , pour m’amuser… », glisse-t-il en évoquant sa nostalgie de la Pro D. Dans le foot ? Le patinage artistique ? « Si vous saviez le nombre de fonds qui m’ont contacté pour mettre de l’argent sur moi dans le sport ! Où que j’aille, quoique je fasse. Il ne faudra pas que je me trompe. Je n’abandonne jamais une bataille. J’en ai commencé une et il n’y a que les combats qui ne sont pas menés qui sont perdus d’avance. Même si c’est difficile et c’est ça qui me plaît, je gagnerai ma bataille. »

(il parle de L’OM). Localement, on lui prête l’intention de reprendre les clubs de foot et de basket d’hyères. « Un fantasme », évacue-t-il. Alors ? « On m’a proposé beaucoup de choses dans toute la France et même à l’étranger. Aujourd’hui, je regarde tout. La seule chose que je peux vous dire, c’est que je vais m’engager avec un très grand groupe, implanté dans le monde entier, pour refaire des livres. Ce n’est pas signé mais oralement, on est ok. Je me suis construit à travers le livre et j’ai envie de retrouver le goût du livre. C’est important pour moi de reparler avec des auteurs, repenser des histoires. Je n’en ferai pas des centaines mais ça me fait du bien de retourner en librairie pour voir ce qui se vend le mieux, de repenser à des thèmes, des scénarios, à des mariages d’auteurs. »

Il conclut comme un défi « Le Mourad de  ans était éditeur et je pense que je faisais partie des meilleurs. J’ai envie de savoir si le Mourad de  ans est plus fort que le Mourad de  ans pour faire des livres. C’est un combat avec moi-même et j’espère que celui de  ans va mettre une raclée à celui de  ! C’est personnel. »

Depuis l’été, Mourad Boudjellal et le ballon rond ne font plus les choux gras de la presse spécialisé­e. Après l’incroyable engouement suscité par ses projets de reprise du Sporting Club Toulon puis de l’olympique de Marseille, le soufflé est retombé. Dans J’en savais trop, Mourad Boudjellal dévoile les coulisses de ce rocamboles­que épisode, les échanges et les chaussetra­ppes.

Les supporters toulonnais ont très mal vécu la conférence de presse du  juin , tenue dans les locaux du Sporting, lors de laquelle vous avez annoncé le projet olympien. Avec le recul, n’est-ce pas la plus grosse erreur de communicat­ion de votre carrière ?

C’est une histoire de fou. Le mercredi  juin à h, le Sporting, c’est mort, et Claude Joye (l’actionnair­e majoritair­e) m’envoie une propositio­n d’outre tombe, inacceptab­le. Je suis alors à Cannes pour rencontrer le maire sur un projet de reprise du club de foot. Le lendemain, je reçois un mail de Joye qui dit oui à tout alors que  h avant, il avait dit non à tout. Le jeudi soir, Ajroudi (le porteur du projet de reprise) me dit : “J’ai réuni le pool d’investisse­urs, on y va”. Tout s’est précipité en  h et quand j’arrive au Sporting le vendredi, j’ai des valises sous les yeux. Les supporters m’ont reproché de parler de L’OM avec la rascasse dans le dos, alors qu’en fait, on s’en fout.

Il fallait juste ne pas le faire...

Peut-être... Je n’ai pas mesuré cette haine entre les supporters du Sporting et de L’OM. Je n’arrive toujours pas à la comprendre.

L’erreur, c’est peut-être de ne pas l’avoir compris ?

Je n’ai pas à la comprendre. J’aimerais bien que cette haine soit justifiée mais aujourd’hui elle ne l’est pas du tout. Vu certains propos tenus à mon encontre, j’ai eu l’impression d’avoir tué quelqu’un. En fait, le vendredi, j’avais la solution. J’aurais pu ne rien dire et signer pour le Sporting et peut-être me barrer six mois, un an après ou jamais. Pour moi, c’est ma ville et je dis la vérité. C’était mon choix et pas le bon choix.

Être président de L’OM serait le kif de cette « troisième vie » que vous évoquez ?

On peut construire un budget pharaoniqu­e à L’OM sans personne. C’est le seul club de France où tu peux faire dépenser de l’argent à des gens qui n’en ont pas, tellement la passion est forte. Ce club a une emprise sur la Méditerran­ée et sur le monde entreprene­urial, une dimension sociétale que n’a aucun autre club. L’identité marseillai­se est plus forte que l’identité française.

Celui qui utilisera tout ça aura le plus beau des budgets et il gagnera. Quand on voit que Lyon a deux fois et demie le budget de L’OM, c’est scandaleux !

Vous n’êtes pas tendre avec son président Jacques-henri Eyraud...

Être vice-champion de France, jouer la Champions League et être détesté, c’est quand même balèze ! Ajroudi, quand il se lève le matin, il voit la Méditerran­ée. Mccourt (le propriétai­re de L’OM), lui, il voit l’océan Atlantique. On dépend chacun de notre mer. L’OM sera vendu je ne sais pas à qui. Peut-être à Ajroudi ou à d’autres car il y a du monde dessus. Le club sera vendu car pour Mccourt ça peut devenir un gouffre et comme c’est quelqu’un d’intelligen­t, il arrêtera avant.

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