« On ne doit pas monter en alerte sanitaire niveau »
Des médecins s’inquiètent après la déclaration de Christian Estrosi sur le risque d’un classement des A.-M en « alerte niveau 5 ». Pour eux, la situation ne le justifie pas et les conséquences seraient graves
Le département risque d’être classé en “alerte sanitaire de niveau 5” ». Les propos tenus par le maire de Nice, Christian Estrosi, chez nos confrères de BFM, ont provoqué des profonds remous au sein des établissements de santé.
« On ne doit pas monter au palier 5, il nous faut trouver des solutions pour éviter cette issue. Il faut comprendre ce que veut dire le niveau 5 : c’est la déprogrammation totale, seules les urgences sont assurées. Une telle mesure se ferait au détriment de la prise en charge des patients présentant des pathologies noncovid. On a vu en mars dernier, les graves conséquences de la déprogrammation massive. »
D’une même voix, le Pr Michel Carles, chef du service d’infectiologie du CHU de Nice et le Dr Jérôme Barrière, président de la CME de la polyclinique Saint-jean à Cagnes-surmer, estiment que la situation actuelle ne le justifie pas : « L’implication très forte des établissements de santé privés et la mobilisation des hôpitaux publics de toutes les Alpes-maritimes permettent de proposer des solutions pour gérer cette crise, aussi grave soitelle. » Des solutions qui passent notamment par un transfert de tâches entre établissements de santé. « On peut imaginer que des chirurgiens d’un établissement en situation de tension aillent opérer leurs patients dans un autre établissement. On peut mutualiser les moyens humains aussi. La réquisition de professionnels est aussi bien sûr envisageable. Et on va faire appel à la solidarité des régions moins impactées que
Paca pour renforcer équipes médicales et » les soignantes.
Soutenir la création de lits de réanimation
Rappelons qu’en mars et avril dernier, ce sont des professionnels de santé azuréens qui ont prêté main-forte à leurs homologues du Grand Est ou d’ile-de-france pris dans la tourmente.
Mais ces efforts peuventils encore porter leurs fruits alors que plusieurs évacuations sanitaires de patients en réanimation ont déjà été réalisées ? « On vit ces évacuations comme des échecs, commente le Pr Carles. Et c’est ce qui doit encore plus nous pousser à trouver des solutions localement. »
Le Dr Barrière tient des propos encore plus vifs. « Les évacuations sanitaires sont catastrophiques, au niveau humain, pour les familles. Surtout quand on sait qu’il existe encore des lits de réanimation libres, mêmes s’ils sont rares. On doit aujourd’hui soutenir toute initiative de création de ce type de lits et de lits intermédiaires de médecine avec oxygénothérapie intensive. »
Cette volonté combative doit aujourd’hui faire face à la progression des cas de variants anglais - «Ils représentent 60 à 70 % des nouveaux cas aujourd’hui. On savait qu’il deviendrait majoritaire. Il est là, il n’est plus temps de s’inquiéter. Il faut continuer à rechercher des solutions, innover pour que le système de soins, public et privé, réponde à tous les besoins de santé de la population, Covid ou non. »