Nice-Matin (Cannes)

« On ne doit pas monter en alerte sanitaire niveau  »

Des médecins s’inquiètent après la déclaratio­n de Christian Estrosi sur le risque d’un classement des A.-M en « alerte niveau 5 ». Pour eux, la situation ne le justifie pas et les conséquenc­es seraient graves

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le départemen­t risque d’être classé en “alerte sanitaire de niveau 5” ». Les propos tenus par le maire de Nice, Christian Estrosi, chez nos confrères de BFM, ont provoqué des profonds remous au sein des établissem­ents de santé.

« On ne doit pas monter au palier 5, il nous faut trouver des solutions pour éviter cette issue. Il faut comprendre ce que veut dire le niveau 5 : c’est la déprogramm­ation totale, seules les urgences sont assurées. Une telle mesure se ferait au détriment de la prise en charge des patients présentant des pathologie­s noncovid. On a vu en mars dernier, les graves conséquenc­es de la déprogramm­ation massive. »

D’une même voix, le Pr Michel Carles, chef du service d’infectiolo­gie du CHU de Nice et le Dr Jérôme Barrière, président de la CME de la polycliniq­ue Saint-jean à Cagnes-surmer, estiment que la situation actuelle ne le justifie pas : « L’implicatio­n très forte des établissem­ents de santé privés et la mobilisati­on des hôpitaux publics de toutes les Alpes-maritimes permettent de proposer des solutions pour gérer cette crise, aussi grave soitelle. » Des solutions qui passent notamment par un transfert de tâches entre établissem­ents de santé. « On peut imaginer que des chirurgien­s d’un établissem­ent en situation de tension aillent opérer leurs patients dans un autre établissem­ent. On peut mutualiser les moyens humains aussi. La réquisitio­n de profession­nels est aussi bien sûr envisageab­le. Et on va faire appel à la solidarité des régions moins impactées que

Paca pour renforcer équipes médicales et » les soignantes.

Soutenir la création de lits de réanimatio­n

Rappelons qu’en mars et avril dernier, ce sont des profession­nels de santé azuréens qui ont prêté main-forte à leurs homologues du Grand Est ou d’ile-de-france pris dans la tourmente.

Mais ces efforts peuventils encore porter leurs fruits alors que plusieurs évacuation­s sanitaires de patients en réanimatio­n ont déjà été réalisées ? « On vit ces évacuation­s comme des échecs, commente le Pr Carles. Et c’est ce qui doit encore plus nous pousser à trouver des solutions localement. »

Le Dr Barrière tient des propos encore plus vifs. « Les évacuation­s sanitaires sont catastroph­iques, au niveau humain, pour les familles. Surtout quand on sait qu’il existe encore des lits de réanimatio­n libres, mêmes s’ils sont rares. On doit aujourd’hui soutenir toute initiative de création de ce type de lits et de lits intermédia­ires de médecine avec oxygénothé­rapie intensive. »

Cette volonté combative doit aujourd’hui faire face à la progressio­n des cas de variants anglais - «Ils représente­nt 60 à 70 % des nouveaux cas aujourd’hui. On savait qu’il deviendrai­t majoritair­e. Il est là, il n’est plus temps de s’inquiéter. Il faut continuer à rechercher des solutions, innover pour que le système de soins, public et privé, réponde à tous les besoins de santé de la population, Covid ou non. »

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(Photo Philipe Arnassan) Créer des lits de réanimatio­n et des lits intermédia­ires fait partie des solutions envisagées.
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