« Le Monégasque à m’inscrire comme étranger à la préfecture »
C’était quelques mois avant le blocus d’octobre 1962. Les relations entre la France et Monaco s’étaient déjà un peu tendues.
Nous sommes alors en mai 1962. René Croesi, directeur administratif du Philharmonique de Monte-carlo, aujourd’hui en retraite, se souvient : «À l’époque, j’étais étudiant au Conservatoire de Paris. J’habitais à la Maison de Monaco, à la cité universitaire. A mon grand étonnement, j’avais été convoqué pour m’inscrire à la préfecture de police de Paris et obtenir une autorisation de résidence en France. J’étais considéré comme un vrai étranger, au même titre qu’un Allemand, ou un Italien. J’avais ensuite été reçu par le prince Rainier. Je me reverrai toujours lui montrer ma nouvelle carte. Cela l’avait beaucoup contrarié. »
Alors âgé de 24 ans, René Croesi ambitionnait d’intégrer l’opéra de Paris en tant que chef d’orchestre. « J’avais passé le concours, que j’avais réussi. Malheureusement, en tant qu’étranger je n’ai pas pu être reçu. »
Le voilà donc de retour sur le Rocher, où il intègre l’orchestre Philharmonique de Monte-carlo. « Je suis rentré au moment du blocus. Je me rappelle que lorsque je passais la frontière en voiture, je me faisais arrêter. La douane nous demandait nos papiers. Aujourd’hui, j’en garde un souvenir amusé, sans aucune rancoeur. C’était plus symbolique qu’autre chose. Personne n’a véritablement souffert de ce blocus même si les autorités prenaient les choses très au sérieux à l’époque. Des études avaient été menées, pour dessaler l’eau de mer notamment, au cas où le blocus durerait et que le pays devrait devenir autonome. Mais la situation s’est rapidement arrangée. »