Faut-il baptiser une rue du nom de Charles Trenet ?
Vingt ans après la disparition du « fou chantant », la question d’un hommage a été soulevée. Qu’en pensent les acteurs musicaux de notre territoire ?
Une idée glissée dans nos colonnes. En évoquant la mémoire de Charles Trenet (voir notre édition du 19 février), son héritier Georges El Assidi a fait part de son sentiment : « Je regrette qu’il n’y ait pas d’hommage à Charles Trenet à Antibes. Une rue pourrait porter son nom. » Pour rappel, l’artiste disparu il y a vingt ans a fait édifier une villa de 400m2 dans le quartier Saintmaymes. Un paquebot d’un blanc éclatant datant de 1938 dessiné par le « fou chantant » – depuis, elle a été vendue aux enchères au Tribunal de grande instance de Grasse, elle est aujourd’hui une propriété privée.
Cette attache dans la cité des Remparts justifie-t-elle un hommage ? Faut-il baptiser une rue du nom de l’auteur de La Mer ?
La question a été posée à des acteurs locaux du secteur musical. Pour certains, à l’instar de la soliste et professeure de chant Lydie Odetti la proposition semble intéressante : « Pourquoi pas ? Il a mis en valeur la langue française, a fait une longue carrière ! Sa création fait partie de notre patrimoine culturel. » Avis que partage également Laurent Masquelier du groupe de rockpop-électro Mare Imbrium :« Étant un des pionniers de la chanson française, je trouve que c’est une bonne idée ! »
« Route nationale : ça, c’était du rêve ! »
Un témoignage historique. Voici comment Joël Kristoff, sosie vocal de Christophe, appréhende la thématique : « Je ne verrai pas d’objection à baptiser une rue à son nom. Beaucoup de chanteurs se réfèrent à lui et je crois qu’il a inspiré nombre d’artistes. Ce poète un peu fou a véritablement marqué plusieurs générations. »
Un enjeu de transmission. Une idée qui revient dans la voix de Iane Roulleau, enseignant le chant au sein du Conservatoire de musique et d’art dramatique de la commune : « C’est même un manquement de ne pas y avoir pensé. C’est un artiste majeur, ce serait formidable de pouvoir lui rendre cet hommage. D’autant plus que les jeunes ne savent pas forcément qui il est… Je l’affirme en toute connaissance de cause, même si je fais du classique, il m’arrive de faire référence à Trenet. Et je me rends compte que les 1820 ans d’aujourd’hui ignorent pour certains la richesse de son oeuvre. Certes, une rue ne va pas tout faire. Mais cela permettrait d’en parler. » Y’a d’la joie, mais pas seulement du côté de Nicole Chaminade-essindi. À la barre de sa troupe de loustics, elle insuffle un vent de music-hall sur les scènes locales. « Certes, nous avons notre public d’habitués », s’amuse-t-elle en indiquant : « On nous réclame toujours Trenet, c’est un incontournable ! » Des tours de chant enflammés au symbole, il n’y a qu’un pas : « C’est une belle idée. Nous sommes à la recherche de la beauté, de la poésie, d’autant plus en ce moment. Il faut reconnaître que Trenet a su apporter de la lumière et même du soleil à travers ses chansons. Je pense à Route nationale 7 : avant d’arriver sur la Côte d’azur c’est lui qui me l’a contée. Ça c’était du rêve ! Qui nous fait rêver désormais ? »
« Et pourquoi pas plutôt une rue Cédric Herrou ? »
Un enthousiasme que ne partage pas franchement Eric, batteur du groupe de rock Monkey Men, qui préférerait davantage d’audace : « Il doit déjà avoir pas mal de rues à son nom en France. Ne pourrait-on pas trouver plus actuel et plus parlant pour les jeunes ? Une rue Cédric Herrou, élu personnalité préférée des Azuréens, aurait plus de gueule [sic.] »
Interrogé sur la place de l’interprète de Douce France au sein de l’histoire locale, Sébastien Hamard, codirecteur de La SCHOOL à la barre de Label Note et du festival Nuits Carrées souligne : « Je trouve que tout artiste qui a posé ses valises à Antibes fait partie de son histoire et a de ce fait constitué son identité artistique et culturelle. Du petit inconnu au grand Charles Trenet ! Ainsi, je suis pour une rue à son nom. »Du côté de la mairie ? Aucun projet du genre n’est actuellement sur la table.