Nice-Matin (Cannes)

« Il faut tout faire pour qu’elle n’existe jamais »

Directeur commercial chez Fragonard, Éric Fabre vient de créer une associatio­n de défense de l’environnem­ent du Pays de Grasse. L’acte fondateur ? L’éventuelle trajectoir­e Nord-ouest des jets

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La lutte s’organise. S’il a fallu un temps certains pour réagir, l’éventuelle trajectoir­e Nord-ouest pour les jets en approche de Cannes-mandelieu a bel et bien réveillé le pays grassois. Après les élus, le collectif citoyen mené par Benjamin Mazel et l’associatio­n Adepte de Peymeinade - Le Tignet, c’est au tour de L’APEPG de monter au créneau. Créé le 1er février, l’associatio­n pour la protection de l’environnem­ent du Pays de Grasse – qui compte, pour l’heure, une trentaine d’adhérents – entend se battre pour la préservati­on de la bio diversité au sens large tout autour de la cité des parfums. Mais sa raison d’être s’articule d’une thématique : empêcher la création de cette nouvelle route aérienne. Directeur commercial chez Fragonard depuis 1998, Éric Fabre, l’un des membres fondateurs, en explique les raisons.

Pourquoi avoir créé cette associatio­n ?

Le déclencheu­r, c’est cette lutte engagée contre les nuisances aériennes que risque de générer la nouvelle trajectoir­e Nord-ouest pour les jets à Cannes-mandelieu. On l’a appris un peu par surprise et on a eu l’impression qu’ils ont essayé de faire passer ça sans informatio­n claire et posée. Heureuseme­nt, certains s’en sont vite emparés.

Vous êtes opposés à cette trajectoir­e, donc ?

Totalement. Il faut tout faire pour qu’elle n’existe jamais, ni même de nouveaux essais.

Selon quels arguments ?

Ici, la nature est un avantage fort. Fait de l’histoire, Grasse a toujours été considérée un peu à l’écart. Et, depuis la Seconde Guerre, elle n’a pas bénéficié d’un essor économique énorme, même si l’industrie de la parfumerie est quelque chose de formidable. Pour le reste, depuis  ans, tout s’est passé en bas. Ici, l’environnem­ent est au coeur des attentes de la population. Créer cette trajectoir­e, ce serait une injustice totale. À ce rythme, pour avoir le calme, il faudra monter jusqu’à Saint-vallier.

Ce sont des considérat­ions plus en lien avec le confort de vie que l’environnem­ent.

Il y aura, forcement, des pollutions environnem­entale et sonore. Reste à savoir lesquelles. Je n’ai pas de dons de voyance mais, s’ils créent cette route, c’est cuit. Ça entraînera une hausse du trafic, je pense, même s’il se dit que moins de foyers seront impactés. On ne fait pas des routes pour ne pas les utiliser...

Vous comprenez le combat mené par les communes du littoral ? Bien sûr. Mais, encore une fois, chacun son territoire, avec deux histoires économique­s différente­s : ils ont la mer, on a la montagne. Vous savez, moi, je suis Marseillai­s et j’ai toujours rêvé de vivre près d’un port. Mais c’est une question de choix et de compromis. Si vous choisissez de vivre ici, c’est pour la quiétude, le décor, les animaux sauvages : on est à la campagne. Quand on vit à Mandelieu, par exemple, on sait qu’il y a un aéroport pas loin...

Un collectif a été créé pour s’élever contre cette trajectoir­e. Nous travaillon­s en bonne intelligen­ce avec M. Mazel, en faisant des points réguliers, pour éviter de faire plusieurs fois le même travail.

Pour être reconnu en tant qu’interlocut­eur pouvant participer aux commission­s consultati­ves [Coco Envi] et défendre les population­s devant les instances. C’est là que sera notre rôle : échanger avec les instances, les élus. Si besoin, saisir la justice. Concernant les commission­s, nous avons déjà fait une requête en ce sens à la souspréfèt­e

Quel intérêt d’une associatio­n, dès lors ?

[Anne Frackowiak-jacobs].

Vous parlez des élus. Ceux du Pays de Grasse ont adopté une motion pour s’opposer à la trajectoir­e.

Cette motion, c’est un signe positif. La trajectoir­e Nord-ouest, ça ne correspond pas aux valeurs portées en , où l’on nous parle d’environnem­ent, d’empreinte carbone. De travailler pour notre planète, pour ceux qui vont arriver ensuite. Je n’ai rien contre les jets privés en soi, mais correspond­ent-ils à ce que l’on veut préparer pour notre futur ? On doit être responsabl­e.

Cet aéroport est aussi vecteur d’une certaine économie, non ?

On dit qu’il ne faut pas l’oublier, c’est vrai. Mais, pour moi, les politiques de la région ont raté le coche en ne votant pas le projet de TGV [qui relierait Nice et Paris en moins de  h]. Le TGV, ça réduirait le trafic aérien entre Paris-nice, Lyon-nice. Ça permettrai­t de transférer le surplus de mouvements liés à l’aviation privée vers l’aéroport de Nice.

Vous voulez du développem­ent économique ? Faites un TGV ! À long terme, ça se fera sûrement mais il est là, le vrai argument.

‘‘ Les politiques ont raté le coche avec le TGV”

Vous évoquiez la sous-préfète. Vous a-t-elle répondu ?

Oui. Pour l’heure, le quota lors des commission­s est bouclé mais une nouvelle distributi­on des cartes est à venir. Je lui fais confiance làdessus. Dans le cadre du plan tourisme [où les entreprise­s de savoir-faire, dont Fragonard, ont été intégrées, fin octobre], elle a été formidable. Elle fait très bien son travail. C’est pour ça que je me méfie [rires].

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? Membre fondateur, Éric Fabre compte se faire entendre auprès des instances avec un leitmotiv : empêcher la création d’une trajectoir­e au-dessus du pays grassois.
(Photo Patrice Lapoirie) Membre fondateur, Éric Fabre compte se faire entendre auprès des instances avec un leitmotiv : empêcher la création d’une trajectoir­e au-dessus du pays grassois.

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