Nice-Matin (Cannes)

CANNES-GRASSE Des hôpitaux à flux tendu mais pas saturés

Yves Servant à Cannes et Walid Ben Brahim à évoquent le niveau de pression qui pèse sur leurs établissem­ents et leur stratégie au jour le jour pour rester en capacité d’accueillir

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

Un patient – Covid ou pas – se présentant à la porte de l’hôpital de Cannes ces jours-ci, sera-t-il reçu et soigné correcteme­nt ? «Oui», répond sans hésiter Yves Servant. Le directeur de la structure a reçu Nice-matin samedi dans son bureau. Un entretien qui met les dernières informatio­ns (alarmantes) en perspectiv­e et montre à quel point les hospitalie­rs ont déjà appris de cette année de pandémie.

Votre hôpital est-il saturé ?

Sous forte tension, oui car les prévisions demeurent défavorabl­es. Saturé, non. Même si les délais de rendez-vous ou d’hospitalis­ation peuvent s’allonger.

Que pensez-vous dans ce cas des dernières mesures prises pour le départemen­t ?

En tant qu’hospitalie­r, je pense que toute mesure visant à réduire le risque de contaminat­ion et la concentrat­ion d’individus dans un lieu fermé peut soulager, à échéance de deux à trois semaines, la pression sur l’hôpital. Même si les taux de pression épidémique sont inégaux sur le départemen­t, on ne pouvait pas rester inactifs face à l’augmentati­on régulière de ces taux.

Quelques chiffres ?

Nous avons doublé notre capacité en réanimatio­n en la portant à  lits.  d’entre eux sont dédiés aux patients atteints de la Covid et  aux autres patients. Deux hôpitaux dans le départemen­t ont ajouté des lits Covid ce week-end : Nice à hauteur de cinq et Cannes . Nous avons, à l’heure où nous parlons,  patients Covid en réanimatio­n et  patients non Covid. Il nous reste donc deux places, auxquelles il faut ajouter les possibilit­és d’accueil extérieur.

Vous parlez des autres hôpitaux de la région ?

Pas seulement. Effectivem­ent il y a ces transports « evasan » c’està-dire les évacuation­s sanitaires vers d’autres départemen­ts voire d’autres régions. Chaque semaine, nous faisons un point sous l’égide de l’agence Régionale de la Santé. Plusieurs fois par jour, nous partageons entre établissem­ents publics et privés nos informatio­ns sur le nombre de lits disponible­s en réanimatio­n, en soins intensifs et en médecine. Nos partenaria­ts avec les établissem­ents privés

sont toujours très actifs : les cliniques d’oxford et du Palais, par exemple, peuvent recevoir nos patients pour une hospitalis­ation en médecine dès lors que nous avons stabilisé leur état sur le plan respiratoi­re.

Nous pouvons compter également sur des lits de soins de suite et de réadaptati­on à Ipoca et à la maison de retraite médicalisé­e Dolce Farniente.

Cela permet de réduire la durée de séjour et de libérer des lits…

Tout à fait. Il y a deux paramètres à envisager : la capacité d’accueil en lits et la gestion des flux que nous venons d’évoquer. Vous ne pouvez pas augmenter indéfinime­nt le nombre de lits, car le personnel soignant n’est pas suffisant. Mais vous pouvez agir sur la fluidité des parcours des patients. C’est un travail quotidien. Chaque jour, nous effectuons un point des effectifs de patients à  h et  h pour anticiper cela. Aujourd’hui, la durée de séjour moyenne se situe entre  et  jours en médecine et ,  en réanimatio­n.

Au premier confinemen­t elle dépassait les  jours…

Vous avez également renforcé vos liens avec la médecine de ville ?

Oui, de différente­s manières. Notre hôpital participe de longue date à la commission extra-municipale de santé de la ville de Cannes qui favorise ces liens. Nous avons recours à la Plateforme Territoria­le d’appui, qui favorise le partage d’informatio­ns, les conseils de médecins spécialist­es et le suivi de séjours complexes sur le plan médico-social. Le concours des communauté­s profession­nelles territoria­les de santé va dans le sens également de la coordinati­on des acteurs libéraux, dont le rôle est décisif dans la gestion de cette phase de la crise sanitaire.

Qu’en est-il aujourd’hui, du taux de déprogramm­ation des interventi­ons ?

Nous nous situons à  bis sur une échelle de . Le pallier  correspond­ant à une déprogramm­ation quasi totale : seules les interventi­ons d’urgence sont maintenues. Au premier confinemen­t nous l’avions atteint avec un taux avoisinant les  %. Nous faisons tout pour éviter cela.

Nous sommes à un tiers déprogamma­tion aujourd’hui. Concrèteme­nt, cela signifie que sur les  blocs de l’hôpital,  fonctionne­nt. Sachant que nous avons beaucoup appris depuis le premier confinemen­t et qu’au niveau de l’activité, ces  blocs peuvent assurer celle de  à  blocs.

La pandémie vous permet donc aussi d’apprendre ?

Nous connaisson­s mieux la maladie et comment s’en préserver. Nous gérons mieux les flux grâce aux partenaria­ts créés. Nous avons embauché du monde : + ,  % de personnel parrapport­àilyaunan.

Vous sentez les effets des premières vaccinatio­ns ?

Bien sûr, nous avons beaucoup moins de personnes très âgées venant des Ehpad.

Dans quel état d’esprit vous sentez-vous aujourd’hui ?

Il y a un élément inquiétant et un porteur d’espoir. Le taux d’incidence n’est pas bon dans Notre départemen­t. Il est trois fois supérieur au national et continue d’augmenter sauf pour la tranche d’âge des sujets les plus âgés. En revanche, le taux de reproducti­on du virus, lui, est Inférieur à  à l’échelle de la région. Cela peut être annonciate­ur d’une décroissan­ce à venir. Il faut juste maintenant que l’on casse cette courbe du taux d’incidence alors que les Nouveaux variants sont désormais dominants. Seule la vaccinatio­n et le respect scrupuleux des gestes barrières nous le permettron­t de manière décisive.

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(Photo Patrice Lapoirie) Yves Servant, directeur de l’hôpital Simone-veil

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