CANNES-GRASSE Des hôpitaux à flux tendu mais pas saturés
Yves Servant à Cannes et Walid Ben Brahim à évoquent le niveau de pression qui pèse sur leurs établissements et leur stratégie au jour le jour pour rester en capacité d’accueillir
Un patient – Covid ou pas – se présentant à la porte de l’hôpital de Cannes ces jours-ci, sera-t-il reçu et soigné correctement ? «Oui», répond sans hésiter Yves Servant. Le directeur de la structure a reçu Nice-matin samedi dans son bureau. Un entretien qui met les dernières informations (alarmantes) en perspective et montre à quel point les hospitaliers ont déjà appris de cette année de pandémie.
Votre hôpital est-il saturé ?
Sous forte tension, oui car les prévisions demeurent défavorables. Saturé, non. Même si les délais de rendez-vous ou d’hospitalisation peuvent s’allonger.
Que pensez-vous dans ce cas des dernières mesures prises pour le département ?
En tant qu’hospitalier, je pense que toute mesure visant à réduire le risque de contamination et la concentration d’individus dans un lieu fermé peut soulager, à échéance de deux à trois semaines, la pression sur l’hôpital. Même si les taux de pression épidémique sont inégaux sur le département, on ne pouvait pas rester inactifs face à l’augmentation régulière de ces taux.
Quelques chiffres ?
Nous avons doublé notre capacité en réanimation en la portant à lits. d’entre eux sont dédiés aux patients atteints de la Covid et aux autres patients. Deux hôpitaux dans le département ont ajouté des lits Covid ce week-end : Nice à hauteur de cinq et Cannes . Nous avons, à l’heure où nous parlons, patients Covid en réanimation et patients non Covid. Il nous reste donc deux places, auxquelles il faut ajouter les possibilités d’accueil extérieur.
Vous parlez des autres hôpitaux de la région ?
Pas seulement. Effectivement il y a ces transports « evasan » c’està-dire les évacuations sanitaires vers d’autres départements voire d’autres régions. Chaque semaine, nous faisons un point sous l’égide de l’agence Régionale de la Santé. Plusieurs fois par jour, nous partageons entre établissements publics et privés nos informations sur le nombre de lits disponibles en réanimation, en soins intensifs et en médecine. Nos partenariats avec les établissements privés
sont toujours très actifs : les cliniques d’oxford et du Palais, par exemple, peuvent recevoir nos patients pour une hospitalisation en médecine dès lors que nous avons stabilisé leur état sur le plan respiratoire.
Nous pouvons compter également sur des lits de soins de suite et de réadaptation à Ipoca et à la maison de retraite médicalisée Dolce Farniente.
Cela permet de réduire la durée de séjour et de libérer des lits…
Tout à fait. Il y a deux paramètres à envisager : la capacité d’accueil en lits et la gestion des flux que nous venons d’évoquer. Vous ne pouvez pas augmenter indéfiniment le nombre de lits, car le personnel soignant n’est pas suffisant. Mais vous pouvez agir sur la fluidité des parcours des patients. C’est un travail quotidien. Chaque jour, nous effectuons un point des effectifs de patients à h et h pour anticiper cela. Aujourd’hui, la durée de séjour moyenne se situe entre et jours en médecine et , en réanimation.
Au premier confinement elle dépassait les jours…
Vous avez également renforcé vos liens avec la médecine de ville ?
Oui, de différentes manières. Notre hôpital participe de longue date à la commission extra-municipale de santé de la ville de Cannes qui favorise ces liens. Nous avons recours à la Plateforme Territoriale d’appui, qui favorise le partage d’informations, les conseils de médecins spécialistes et le suivi de séjours complexes sur le plan médico-social. Le concours des communautés professionnelles territoriales de santé va dans le sens également de la coordination des acteurs libéraux, dont le rôle est décisif dans la gestion de cette phase de la crise sanitaire.
Qu’en est-il aujourd’hui, du taux de déprogrammation des interventions ?
Nous nous situons à bis sur une échelle de . Le pallier correspondant à une déprogrammation quasi totale : seules les interventions d’urgence sont maintenues. Au premier confinement nous l’avions atteint avec un taux avoisinant les %. Nous faisons tout pour éviter cela.
Nous sommes à un tiers déprogammation aujourd’hui. Concrètement, cela signifie que sur les blocs de l’hôpital, fonctionnent. Sachant que nous avons beaucoup appris depuis le premier confinement et qu’au niveau de l’activité, ces blocs peuvent assurer celle de à blocs.
La pandémie vous permet donc aussi d’apprendre ?
Nous connaissons mieux la maladie et comment s’en préserver. Nous gérons mieux les flux grâce aux partenariats créés. Nous avons embauché du monde : + , % de personnel parrapportàilyaunan.
Vous sentez les effets des premières vaccinations ?
Bien sûr, nous avons beaucoup moins de personnes très âgées venant des Ehpad.
Dans quel état d’esprit vous sentez-vous aujourd’hui ?
Il y a un élément inquiétant et un porteur d’espoir. Le taux d’incidence n’est pas bon dans Notre département. Il est trois fois supérieur au national et continue d’augmenter sauf pour la tranche d’âge des sujets les plus âgés. En revanche, le taux de reproduction du virus, lui, est Inférieur à à l’échelle de la région. Cela peut être annonciateur d’une décroissance à venir. Il faut juste maintenant que l’on casse cette courbe du taux d’incidence alors que les Nouveaux variants sont désormais dominants. Seule la vaccination et le respect scrupuleux des gestes barrières nous le permettront de manière décisive.