Nice-Matin (Cannes)

À Cannes, la rue d’antibes a fermé boutique

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

À la veille d’entrer dans un nouveau coma prolongé, la rue d’antibes était plutôt animée hier matin à Cannes.

Telle Cendrillon profitant du bal avant minuit (vendredi), l’artère commercial­e vedette profitait encore des chalands, tel ce couple descendu de Saint-vallier avant de convoler en justes noces.

« Après trente-cinq ans de vie commune, on se décide à franchir le pas, parce que si l’un de nous deux succombe à la Covid, il faut bien qu’il laisse quelque chose à l’autre, sourient Pascale et Yan. Ce confinemen­t est compréhens­ible, mais ce n’est pas très cool pour la Côte d’azur, déjà confinée depuis trois week-ends. C’est la double peine ! »

Premiers touchés, les commerces textiles. Certes, on faisait encore la queue devant Zara, qui devrait survivre à cette nouvelle parenthèse.

Mais la mesure est plus dure à encaisser chez Starter, vendeur de chaussures pour enfants, à nouveau au point mort à l’heure où la saison devrait redémarrer de plus belle.

« Ça tombe au plus mal, parce qu’on vient de recevoir notre collection de printemps, elle va encore nous rester sur les bras » , se désole Sandrine Guidetti, tout en espérant une aide étatique pour le catalogage numérique de son stock (6 200 références) afin de se lancer dans le click & collect et la vente en ligne.

Même résignatio­n chez Sabon, même si l’enseigne (qui a déjà fermé à Cap 3 000 et Nice-étoile) souhaite une dérogation pour les produits de beauté : « Après tout, les coiffeurs sont bien autorisés à rester ouverts, se couper les cheveux n’est pas vital non plus ? », s’interroge Manon.

À la pharmacie à côté, chez le caviste Nicolas ou encore au tabac La Civettecar­lton, exempts de confinemen­t car considérés comme « essentiels », on pourrait croire que l’on se réjouit. Mais non. Car sans son passage habituel, la rue d’antibes a des allures de Walking dead, et les clients fantômes ne font pas marcher le commerce.

« Surtout dans une ville comme Cannes, où le centre-ville est si dépendant du tourisme d’affaires et événementi­el, déjà à l’arrêt ».

Gros coup de massue

Et si Thierry, le coiffeur de K Diamond’s, garde le sourire car le salon est plein d’une clientèle fidèle (Madame Brochand notamment) et ne dépend pas du passage, Alexia Routier, présidente de l’associatio­n Cannes Centre Commerce, dont l’enseigne de petite lingerie est priée de se rhabiller, s’inquiète : « C’est vraiment un gros coup de massue ! Un mois, ça va être très long. Les grosses marques, ça ira encore, mais les petits indépendan­ts… »

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? L’artère commerçant­e se désole globalemen­t du nouveau confinemen­t. Y compris certaines échoppes dites « essentiell­es » autorisées à ouvrir, mais qui ne bénéficier­ont plus du passage.
(Photo Patrice Lapoirie) L’artère commerçant­e se désole globalemen­t du nouveau confinemen­t. Y compris certaines échoppes dites « essentiell­es » autorisées à ouvrir, mais qui ne bénéficier­ont plus du passage.

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