À Cannes, la rue d’antibes a fermé boutique
À la veille d’entrer dans un nouveau coma prolongé, la rue d’antibes était plutôt animée hier matin à Cannes.
Telle Cendrillon profitant du bal avant minuit (vendredi), l’artère commerciale vedette profitait encore des chalands, tel ce couple descendu de Saint-vallier avant de convoler en justes noces.
« Après trente-cinq ans de vie commune, on se décide à franchir le pas, parce que si l’un de nous deux succombe à la Covid, il faut bien qu’il laisse quelque chose à l’autre, sourient Pascale et Yan. Ce confinement est compréhensible, mais ce n’est pas très cool pour la Côte d’azur, déjà confinée depuis trois week-ends. C’est la double peine ! »
Premiers touchés, les commerces textiles. Certes, on faisait encore la queue devant Zara, qui devrait survivre à cette nouvelle parenthèse.
Mais la mesure est plus dure à encaisser chez Starter, vendeur de chaussures pour enfants, à nouveau au point mort à l’heure où la saison devrait redémarrer de plus belle.
« Ça tombe au plus mal, parce qu’on vient de recevoir notre collection de printemps, elle va encore nous rester sur les bras » , se désole Sandrine Guidetti, tout en espérant une aide étatique pour le catalogage numérique de son stock (6 200 références) afin de se lancer dans le click & collect et la vente en ligne.
Même résignation chez Sabon, même si l’enseigne (qui a déjà fermé à Cap 3 000 et Nice-étoile) souhaite une dérogation pour les produits de beauté : « Après tout, les coiffeurs sont bien autorisés à rester ouverts, se couper les cheveux n’est pas vital non plus ? », s’interroge Manon.
À la pharmacie à côté, chez le caviste Nicolas ou encore au tabac La Civettecarlton, exempts de confinement car considérés comme « essentiels », on pourrait croire que l’on se réjouit. Mais non. Car sans son passage habituel, la rue d’antibes a des allures de Walking dead, et les clients fantômes ne font pas marcher le commerce.
« Surtout dans une ville comme Cannes, où le centre-ville est si dépendant du tourisme d’affaires et événementiel, déjà à l’arrêt ».
Gros coup de massue
Et si Thierry, le coiffeur de K Diamond’s, garde le sourire car le salon est plein d’une clientèle fidèle (Madame Brochand notamment) et ne dépend pas du passage, Alexia Routier, présidente de l’association Cannes Centre Commerce, dont l’enseigne de petite lingerie est priée de se rhabiller, s’inquiète : « C’est vraiment un gros coup de massue ! Un mois, ça va être très long. Les grosses marques, ça ira encore, mais les petits indépendants… »