Nice-Matin (Cannes)

L’appétit des Français pour le bio résiste à la Covid-

Ce secteur a continué à avoir le vent en poupe l’an dernier. Les produits attirent 15 % de nouveaux consommate­urs selon le baromètre annuel de l’agence Bio.

-

Ils sont plus chers mais les Français ne s’en détournent pas malgré la crise de la Covid-19 : les produits bio ont continué à avoir le vent en poupe l’an dernier, d’après une enquête de l’agence Bio et des données des magasins spécialisé­s.

« La grande crainte que j’ai eue au moment du premier confinemen­t il y a un an, c’était que tout s’arrête. J’ai pensé que les gens allaient se ruer sur les produits de base, les premiers prix et je me suis demandé ce qu’allait devenir le bio », raconte Philippe Henry, président de l’agence Bio qui oeuvre au développem­ent de l’agricultur­e bio dans l’hexagone. «Etpuisaufi­ldessemain­es, on s’est aperçu que ce n’était pas le cas et que les gens continuaie­nt à acheter des produits bio. Mieux encore, il y avait plutôt une accélérati­on », poursuit cet agriculteu­r.

Un engouement en hausse

Sur son exploitati­on bio de 160 hectares, en Lorraine, il élève des poules pondeuses et produit de la viande bovine, des céréales et des patates. « Nos ventes ont continué d’augmenter, clairement. Nous avons même été dévalisés en oeufs, un produit-phare pendant le premier confinemen­t. »

« Le bio est en croissance année après année » et la trajectoir­e « n’a pas fléchi » avec la Covid-19, constate Laure Verdeau, nouvelle directrice de l’agence Bio, en présentant, hier, le 18e Baromètre de consommati­on et de perception de ces produits. «Lafamille s’étoffe », avec 15 % de nouveaux consommate­urs bio, selon cette enquête, réalisée du 13 novembre au 1er décembre 2020 auprès de 2 100 personnes, lors du deuxième confinemen­t.

Vingt et un pour cent des nouveaux venus (mangeant bio au moins une fois par mois depuis moins d’un an) sont des jeunes de 18/24 ans, souvent soucieux d’environnem­ent. Et 20 % sont des ouvriers et des employés, « ce qui montre que le bio se démocratis­e », selon Philippe Henry.

Neuf Français sur dix ont consommé des produits bio au moins une fois en 2020. Parmi eux, 73 % l’ont fait au moins une fois par mois et 13 % tous les jours.

Le prix, toujours un frein

Toutefois, « le prix reste le premier frein à la consommati­on de produits bio, même si cela a tendance à s’estomper », reconnaît Philippe Henry.

Les produits agricoles bio restent plus chers pour les consommate­urs, « souvent de 30 à 40 % » ,notamment en raison de coûts de production plus élevés.

La bonne forme du secteur est confirmée par les données de distribute­urs spécialisé­s en bio, essentiell­ement tournés vers l’alimentair­e. Biocoop et Naturalia ont ainsi annoncé cette semaine des chiffres d’affaires en hausse en 2020, le président du premier, Pierrick de Ronne, y voyant un « léger effet Covid ».

Biocoop, qui compte 700 magasins en France, a réalisé 1,62 milliard d’euros de ventes l’an passé (+16,6 %), une croissance « supérieure à celle du marché » et plus forte qu’en 2019 (+14,8 %).

Chez Naturalia, qui fait partie du groupe Casino (Géant, Franprix, Monoprix, Vival...), le chiffre d’affaires sous enseigne a progressé de 22,4 % en 2020, à 395 millions d’euros. L’enseigne comptait 219 magasins au 31 décembre.

Une croissance soutenue

Le dynamisme des ventes de bio semble avoir été un peu moindre dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) : « Le chiffre d’affaires du bio a continué de croître en 2020, de 14 % », indique Emmanuel Fournet, Directeur services Clients chez Nielsen IQ.

« Une croissance qui reste très soutenue mais qui ralentit un petit peu puisqu’elle était de 20 % l’année précédente », ajoute-t-il. Ce, alors que les grandes surfaces ont globalemen­t beaucoup plus vendu que l’année précédente. Il explique ce « tassement » de la croissance par une diminution du nombre de références de produits bio en rayon, « les fournisseu­rs ayant revu un peu à la baisse les assortimen­ts proposés aux distribute­urs, surtout pendant les périodes de confinemen­t ».

Le chiffre d’affaires du bio en GMS a été de l’ordre de 6 milliards d’euros en 2020, selon Nielsen. Il a représenté 5,1 % des ventes totales et 6 % des ventes de l’alimentair­e.

 ?? (Photo AFP) ?? Malgré un coût supérieur, le marché du bio dans les fruits et légumes est plébiscité par les Français.
(Photo AFP) Malgré un coût supérieur, le marché du bio dans les fruits et légumes est plébiscité par les Français.

Newspapers in French

Newspapers from France