Nice-Matin (Cannes)

MILAN - SANREMO (AUJOURD’HUI) Le « rêve » de Gilbert

Le Belge a tout gagné dans le cyclisme. Les mondiaux, Liège, le Tour de Lombardie, des Flandres, Paris-roubaix... Il ne lui manque que la “Primavera” qu’il tentera enfin de « dompter »

- ROMAIN LARONCHE

Ce mois-ci, Philippe Gilbert fait la “Une” de Vélo Magazine. « Mais qu’est-ce qui le fait encore courir ? » titraient nos confrères. A 38 ans, le Belge a quasiment tout gagné. Un championna­t du monde, quatorze classiques, des étapes sur les trois grands Tours, a terminé l’année numéro 1 mondial... Mais il lui manque encore un des cinq “Monuments”, ces courses qui marquent l’histoire de ce sport et changent les destins. Après s’être offert le Tour de Lombardie (200910), Liège (2011), celui qui s’est installé en 2008 à Monaco a changé sa façon de courir pour aller décrocher le Tour des Flandres (2017) et Paris-roubaix (2019), des courses qui ne lui semblaient pas vraiment promises. « Quand j’ai décidé de me mettre à fond sur les classiques de pavés, beaucoup de gens ont dit que ce n’était pas pour moi », nous avait confié le coureur de la Lotto après ses succès sur les terres des “Flandriens”. « Mais j’ai transformé mes qualités, qui étaient d’abord de puncheur. Je suis devenu un coureur un peu différent et je les ai gagnées ».

Reste donc Milan-sanremo, l’insaisissa­ble. Gilbert va s’y frotter pour une 17e fois. A deux reprises, il a terminé sur le podium (3e en 2008 et 2011). « Elle est tellement difficile à dompter. Je continuera­i d’essayer, c’est une certitude », expliquait-il après sa victoire dans le Tour des Flandres. «Elleme fait rêver depuis longtemps. C’est à côté de chez moi, je vais souvent sur le parcours et je connais très bien le final. Mais il faut toujours un peu de réussite et une équipe qui soit au niveau. Elle arrive très tôt dans la saison et je suis rarement à mon pic de forme ».

« Je reviens de très loin »

En ce début de saison, le natif de Verviers n’a pas encore levé les bras. Mais le puncheur s’est souvent montré acteur, passant à l’offensive sur Paris-nice et terminant 5e du Het Nieuwsblad, préambule des classiques en Belgique. «Je suis normal pour la saison, pas plus pas moins que les dernières années, mais je reviens de très loin », assuraitil au matin de la dernière étape de Paris-nice. Effectivem­ent,

lors de la 1re étape du Tour de France qui a fait tant de dégâts à Nice le 29 août dernier, Gilbert chute et se fracture la rotule gauche. Quinze jours plus tard, il reprend la compétitio­n au Tour du Luxembourg, avant de devoir déclarer forfait, la mort dans l’âme, pour le Tour des Flandres et Paris-roubaix. «Ces courses sont encore plus exigeantes pour le corps, qui doit être prêt à 200 %, ce qui n’est pas mon cas », justifiait celui qui a débuté chez les pros en 2003 à la FDJ. Aujourd’hui, le voilà prêt à aller au combat sur les 299 km de course entre la capitale lombarde et la Riviera.

« Mon rêve, c’est de gagner tous les “Monuments” »

Le problème, c’est qu’il devra ferrailler face au trio Van der Poel - Van Aert - Alaphilipp­e qui effraie l’ensemble du peloton. « Comment battre les trois ? C’est clair qu’ils sont au-dessus du lot, mais il y en a d’autres qui marchent, ça serait simplifier la chose que ne parler que de trois coureurs », estime Gilbert, qui croit toujours en son étoile. « Combien j’ai de chances de victoire ? Une sur dix. En tout cas, comme d’habitude, je vais faire le maximum ».

Un état d’esprit qui l’a mené vers tous ses succès. Son équipe mise encore sur l’expérience du coureur, qui possède toujours un sacré punch et une des meilleures pointes de vitesse parmi cette catégorie. Il sera épaulé par son compatriot­e Tim Wellens, mais aussi les sprinteurs John Degenkolb (vainqueur en 2015) et surtout Caleb Ewan (2e en 2018).

Du bien beau monde qui regarde encore avec envie le palmarès du quadruple vainqueur de l’amstel. « Mon but, plutôt mon rêve, c’est de gagner tous les “Monuments”, avouait-il en 2017. Il y a dix ans en arrière, j’aurais signé pour une seule victoire... »

Cet après-midi, s’il lève les bras sur la Via Roma, Gilbert rejoindrai­t alors Eddy Meckx et Rik Van Looy, les deux seuls à avoir coché les cinq “Monuments” et les mondiaux. Une occasion de marquer un peu plus l’histoire.

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(Photos AFP) Philippe Gilbert a terminé e du Het Nieuwsblad fin février.

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