Salariés azuréens de l’hôtellerie et du tourisme : « Revenir à la vie »
Jonathan, Quentin, Justine, Romuald, Alexandre. Tous ont moins de trente ans et sont à la recherche d’un emploi dans l’hôtellerie, leurs chances assujetties à une sortie de crise. Parmi eux, certains ont pensé à se recycler. Écoeurés de n’avoir aucune perspective depuis des mois, eux qui ont commencé tôt et n’avaient jamais cessé de travailler. Pour ces jeunes gens volontaires, entreprenants, quatre semaines supplémentaires de confinement repoussent d’autant l’espoir d’une reprise.
● Jonathan, chef de rang : « C’est long »
Jonathan, d’abord. Il a 26 ans, actif depuis dix ans. «Je commence à m’ennuyer sérieusement », explique ce
chef de rang qui le reconnaît : « Le risque, avec ces confinements à répétition, c’est de devenir un peu fainéant. S’habituer à ne rien
faire. » Dingue, pour lui qui n’avait jamais connu le chômage depuis son apprentissage à seize ans.
Pas vraiment un glissement, juste ce besoin impérieux de retrouver le chemin du restaurant. « Au départ, on pensait que ce serait en avril. On découvre ce ne sera pas possible avant fin mai. C’est long. » Il dit avoir postulé
pour « tout et n’importe quoi » en épluchant les offres de Pôle Emploi. « J’en ai tellement marre d’être à l’arrêt que j’ai répondu une annonce pour être secrétaire. Mais je n’ai pas les compétences nécessaires. »
● Quentin, maîtrenageur sauveteur : «Pluslechoix»
Quentin Fleurier, 26 ans, est maître-nageur sauveteur. Était. À l’exception de la saison dernière sur une plage privée de Cagnes-sur-mer, rien à l’horizon. Piscines fermées, bassins vidés. « Tout le monde est dans l’attente. »
Lui reste l’aide de l’état
parce qu’il est autoentrepreneur. 1 500 euros par mois. Avec quelques difficultés pour recevoir les versements, « les finances publiques probablement débordées ». Il gagnait plus en travaillant, gagnant-gagnant, mais se déclare « suffisamment mature » pour avoir anticipé. « J’ai des économies. Bon, il ne faudrait pas que ça
dure encore éternellement. »
Il est pourtant confiant :
« L’état, n’ayant plus le choix, finira par tout rouvrir pour que l’on revienne à une vie normale. Sinon, ça ne va pas le faire… »
● Romuald, chef de rang : « Pas vraiment des vacances »
Romuald Temmar, 30 ans, chef de rang, a quitté Sainttropez, au tourisme très saisonnier, dans l’espoir de trouver dans les Alpes-maritimes une activité à l’année. Au chômage depuis mars 2020, avec une exception entre les deux confinements, il espère un emploi stable mais sait qu’il devra peut-être se contenter, pour commencer, de la saison estivale. « Comment cela se ressent ? Difficilement. J’ai
pensé me recycler dans l’immobilier. » Il s’est ravisé, conscient que d’hypothétiques commissions ne tomberaient pas avant des mois. Lui aussi a dû « taper dans les économies », perdant « au moins 1 000 par mois ». Au départ, il l’admet, ce repos forcé venait à point nommé. Lui qui ne prend pas de vacances n’était pas fâché de lever le pied. « Très vite, on se rend compte que ce n’est pas cela, dont on avait envie. Être coincé à la maison et ne pas faire ce qu’on veut parce que, financièrement, c’est serré, ce n’est pas très amusant. »
Encore dit-il n’être pas le plus à plaindre. Il a une pensée pour « tous ceux qui sont partis à la montagne avec une promesse d’embauche et se sont retrouvés coincés là-haut avec une indemnité misérable ».
● Justine, commerciale dans l’événementiel : « Plutôt inédit »
Justine Aubert, 27 ans, responsable commerciale, avait à Monaco un contrat dans l’événementiel qui s’est arrêté prématurément, merci la pandémie. « Même si les entretiens se passent bien, on ne sait même pas quand nous serons capables de retrouver une activité normale. C’est plutôt inédit, comme situation. » Pour elle, pas évident non plus de se retrouver au chômage, pour la première fois, et avec un revenu très largement diminué. « Nous avons tous, dans notre entourage, des personnes qui ne s’en trouvent pas trop mal et d’autres qui n’aspirent qu’à en sortir. Pour ma part, je ne me complais pas dans cette situation. Mais je pense que l’on commence à voir le bout du tunnel. »
● Alexandre, barman : « Garder le moral »
Enfin, Alexandre, 26 ans. Il est barman. « Le chômage, ce n’est pas des mille et des cents. Même pas le Smic. J’aimerais retrouver le cycle habituel. » Il craint que rien ne bouge avant fin mai.
Et sait qu’un CDI sera difficile ; même un contrat saisonnier, ce n’est pas garanti. En attendant, il suit une formation de décorateur d’intérieur pour l’appliquer au
« bar design » et diffuse son CV, envoie des candidatures spontanées.
« Solitaire », il fait du sport, reste actif, mise sur le mental et essaie donc de « garder
le moral ». Pas question de
flancher, « tout va redémarrer ».