Nice-Matin (Cannes)

Se battent pour rouvrir Emmanuel, tatoueur à Biot : Une pétition pour ouvrir les galeries d’art « Je dois tout déprogramm­er »

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr C. M.

« Sans réelle surprise, et jusqu’à nouvel ordre, les tatoueurs ne sont donc pas considérés de première nécessité dans les 16 départemen­ts français reconfinés à dater d’aujourd’hui. » Le Syndicat national des artistes tatoueurs (Snat) s’est fait l’écho, dès vendredi, de l’incompréhe­nsion qui habite les tatoueurs mis à l’arrêt par les dernières mesures sanitaires imposées par le gouverneme­nt. C’est notamment le cas d’emmanuel Leone, qui doit une nouvelle fois tirer le rideau de son shop Inkcut, installé à Biot. « Nous sommes dans l’obligation, pour avoir le droit de travailler en temps normal, d’avoir des normes d’hygiène similaire aux protocoles hospitalie­rs. Et c’est normal. Mais à chaque confinemen­t on nous demande de fermer. J’en ai franchemen­t marre. Il y a de quoi péter les plombs. »

« Notre profession est très mal considérée… »

Le tatoueur installé dans le quartier de Biot 3 000 ne décolère pas : « Déjà que notre profession est très mal considérée… j’espère au moins que l’on aura les mêmes aides que lors du premier confinemen­t. C’était le strict minimum mais c’était essentiel, ne serait-ce que pour payer le loyer, les charges, etc. Et encore, la partie barbier de mon shop reste ouverte, heureuseme­nt. Mais je connais beaucoup de tatoueurs qui n’ont plus aucune source de revenus et risquent de mettre la clé sous la porte. » Sur sa page Facebook, le Snat regrette de ne pas être logé à la même enseigne que les « services de coiffure ; services de réparation et entretien d’instrument­s de musique ; commerces de véhicules automobile­s et de machines agricoles sur rendez-vous ; commerce de détail de cacao, chocolats et produits de confiserie ; commerces de plantes, fleurs, graines, engrais, semences, plants d’espèces fruitières ou légumières, animaux de compagnie et aliments pour ces animaux en magasin spécialisé. »

Un sentiment que partage le tatoueur, lui qui continue d’effeuiller son agenda. Et tente, tant bien que mal, de ne pas tomber dans le défaitisme. « On a commencé à perdre deux heures par jour lors du couvre-feu. Puis un jour dans la semaine lorsqu’on a été confinés le week-end. Maintenant, je dois tout déprogramm­er. Et pendant ce temps, on est autorisé à aller se promener dehors toute la journée. C’est incompréhe­nsible... »

Trois fermetures en un peu plus d’un an

Le Biotois, qui a ouvert son propre shop fin 2019, comptabili­se donc déjà trois fermetures en un peu plus d’un an. Un crève-coeur. « Je n’ai pas la tête à créer de nouveaux projets, même si j’aimerais assez rapidement m’y remettre. Je dois déjà m’occuper de tous mes clients qui avaient un rendez-vous ces prochaines semaines. » Malgré le rasle-bol, cet ancien cuisinier gastronomi­que relativise. « Je n’imagine même pas dans quel état d’esprit sont les restaurate­urs. Ce qu’ils vivent, c’est irréel. »

Il y a eu la bataille du livre, du théâtre, des concerts, des musées… Aujourd’hui, certains galeristes crient aussi leur essentiali­té : ils refusent d’être à nouveau confinés.

C’est le cas de

Svetà Marlier, une artiste russe qui a posé ses tableaux au 16, rue Bonaparte à Nice. Il y a trois jours, la peintre a pris la plume et lancé une pétition en ligne pour demander la réouvertur­e des galeries d’arts, fermées pour au moins un mois dans les seize départemen­ts français confinés. Alpesmarit­imes inclus.

« Les gens ont soif d’art »

« L’art est essentiel pour un bon équilibre de nos enfants et nous-même !, défend-elle. Les musées sont déjà fermés, les gens ont soif de voir les oeuvres d’art en vrai et pas sur leurs écrans ! Nous vous demandons de maintenir ouvertes les galeries d’art ! L’art et la culture sont essentiels, et encore plus en ces moments difficiles. Les gens ont besoin de se dégourdir l’esprit en cette période de crise ! »

Sa pétition a recueilli près de cent signatures.

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(Photo APG) Svetà Marlier.
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(DR) Emmanuel Leone à Biot espère rouvrir son shop bientôt.

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