Nice-Matin (Cannes)

Jennifer, ancien trader, croit en son karma culinaire

Après avoir oeuvré pour un fonds d’investisse­ments dans le monde puis ouvert une pâtisserie au Japon, elle lance un co-working culinaire, Karma kitchen qui servira le campus universita­ire.

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

On n’échappe pas à son karma paraît-il. À 38 ans, Jennifer Court a décidé de rencontrer son destin en mariant ses deux vies parallèles, de trader et pâtissière. Pour une nouvelle existence de chef d’entreprise.

Elle a d’abord jonglé avec les chiffres d’une monnaie virtuelle, dématérial­isée sur les places boursières, avant de jouer des couteaux et cuillères. Elle a oeuvré pour un fonds d’investisse­ment, avant de remplir les fonds de casserole. Mais au sel de sa vie, se sont ajoutés du beurre et du sucre.

Pâtisserie en Asie

Le cursus de cette Cannoise ? IUT au lycée Bristol, école de commerce, et Master en finances éco. Son action montante la voit rapporter de l’argent pour une banque à New York, le groupe Louis-dreyfus, et des investisse­urs à Singapour. Avec la sensation, soudain vertigineu­se, d’en avoir fait le tour... Mais c’est là-bas, parmi les business buildings d’asie, qu’elle va se lancer dans la pâtisserie.

« Je me suis dit qu’il y avait un marché à prendre car je ne voyais aucune Pâtisserie française. Alors j’en ai ouvert une, en autodidact­e »

Baptême du feu sous les casseroles, mais contrairem­ent à ses habitudes en bourses, elle atteint rapidement ses limites.

« J’ai tenté de faire des tartes tropézienn­es, mais je sentais que mon fournisseu­r se foutait de ma gueule… ».

Repartie à zéro

Alors Jennifer ne rien laisser au hasard. Prend le fouet à bras-le-corps. Bardée de son Bac + 5, elle postule à un CAP en France, mais est refoulée de l’école hôtelière de Cannes et du Lycée Paul Augier de Nice : « trop diplômée ». Tant pis. Elle satisfait son appétit en allant bâtir un château en Espagne. « À l’école Hoffmann de Barcelone, j’ai reçu une formation formidable, toute la rigueur qu’exige la pâtisserie ».

Repartie de zéro, Jennifer apprend à soupeser les grammes plutôt qu’à dénombrer les millions. Son apprentiss­age passe par les Belles Rives à Juan auprès de Steve Moracchini, à Paris avec Gordon Ramsay ou encore Ibiza chez Ferran Adria Acosta.

Cuisines en partage avec débouchés

Nouvelle destinatio­n, Tokyo. Aux Tropézienn­es, Jennifer préfère miser sur le chou. À toutes les crèmes, café, chocolat, thé vert…

« Et là, ça a cartonné ! ». Mais la pandémie met fin à son exil nippon. Soleil couchant, et retour en France, pour un nouvel horizon. La voilà qui remporte le concours Act in sales organisée par la ville, pour promouvoir un projet.

Son concept : Karma kitchen. Soit un espace partagé de six boxes à louer en coworking, tout équipés, « avec au moins une pâtisserie-chocolater­ie, et cinq autres cuisiniers de toutes sortes, qui pourront vendre leurs produits à emporter dans la boutique vitrine ». Avec, en plus, un sacré débouché : car Jennifer est également choisie pour gérer le Karma Café, soit l’espace restaurati­on du futur campus universita­ire à La Bocca. Pari financier (sans amande). Mais elle n’en est pas à son premier !

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? Avant d’ouvrir sa Karma Kitchen en centre-ville de Cannes et son Karma Café au Campus de la Bastide Rouge, Jennifer a cuisiné à domicile pour le programme Silver Fourchette destiné aux seniors.
(Photo Patrice Lapoirie) Avant d’ouvrir sa Karma Kitchen en centre-ville de Cannes et son Karma Café au Campus de la Bastide Rouge, Jennifer a cuisiné à domicile pour le programme Silver Fourchette destiné aux seniors.

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