« Deux années intenses » pour le chef des pompiers
Commandant de la compagnie de Grasse, Xavier Wiik rejoint l’état-major au 1er avril. Il évoque les explosions, l’incendie de la casse auto et les autres moments forts qui ont marqué son passage.
Il quitte la compagnie de Grasse et ses pompiers – dont volontaires – après ans et mois passés dans la cité des Parfums. Le commandant Xavier Wiik prendra ses nouvelles fonctions à l’état-major basé à Cagnes-sur-mer le er avril, pour laisser la place à Jeanchristophe Demarte. Une belle évolution de carrière pour le trentenaire aussi hyperactif que souriant, qui cumule son métier et ses fonctions d’adjoint à la mairie d’antibes avec une e année de droit et la rédaction d’une thèse. « Juste pour que ma femme m’appelle “Docteur”… Ce qu’elle refusera sûrement de faire », rigole le patron des pompiers grassois, qui revient sur les interventions exceptionnelles et moments forts des derniers mois.
Quelle sera votre nouvelle fonction ?
Je rejoins la direction du groupement en charge de l’alerte : la salle où l’on reçoit les appels et , qui regroupe le centre de traitement d’alerte et le centre opérationnel. Je vais superviser cette entité.
Comment gérez-vous vos différentes casquettes ?
C’est très cloisonné, et je tiens à ce que ça le reste ! Mes jours de repos sont consacrés à mon mandat d’élu. J’ai rencontré Jean Leonetti [maire d’antibes, NDLR] lors de ma précédente affectation en tant que chef du centre d’antibes. Lors des dernières élections, il a cherché à renouveler sa liste et m’a confié une grosse délégation, les infrastructures et réseaux, ainsi que le quartier Antibes activité. C’est passionnant et ça me plaît d’être élu de proximité, ce que je n’aurai pas pu faire en travaillant à Antibes pour éviter le mélange des genres. Il n’y a aucune incidence ou interférence entre mes différentes fonctions : être élu ne m’apporte rien sur le plan professionnel, si ce n’est une ouverture d’esprit ! Je n’ai pas d’autre ambition. Je prépare aussi une thèse et j’ai une fille de ans. Ça fait des journées bien remplies !
Votre passage à Grasse, court mais intense ?
Sur les dernières années, mon prédécesseur n’avait pas eu une telle activité ! Dès mon arrivée, j’ai été pris dans une moulinette opérationnelle. L’explosion du magasin Aldi, m totalement rasés et une fuite de gaz qui a duré près de heures. Il y a eu, dans la foulée, l’explosion de la pizzeria. Puis un débordement de produit chimique chez Firmenich. Et l’incendie de la casse automobile au Plan. Il y a eu un enchaînement incroyable durant mes six premiers mois.
Compliqué à gérer ?
On fait ce métier pour faire des interventions, pas pour rester derrière un bureau. Heureusement, tout s’est plutôt bien terminé puisqu’il n’y a pas eu de décès. Ça m’a permis de travailler mes acquis et de progresser. A Antibes, nous étions confrontés à plus de problématiques de secours côtier ou sur l’autoroute. À Grasse, par exemple, j’ai pu travailler sur la prévention Seveso (), il y a sites sur le territoire de la compagnie.
L’année a été endeuillée pour la compagnie.
En un an, cinq pompiers et un ancien pompier de la compagnie sont décédés. Accident, suicide, maladie… La répétition de ces
‘‘ On fait ce métier pour les interventions”
‘‘ Avec la Covid, on a plongé dans l’inconnu”
mauvaises nouvelles a forcément affecté les équipes. C’est dramatique, brutal, injuste. Lors des obsèques, nous étions plus de dans la caserne, il ne manquait pas un pompier. Je me souviens du chemin de fleurs mis en place, que l’on a répété quatre fois. Des moments très difficiles et très émouvants. Un de nos collègues est décédé en mars , nous n’avons pas pu participer à ses obsèques à cause de la crise sanitaire. Ça a été très éprouvant pour ses proches. De tous ces malheurs est née une réelle solidarité. On a accompagné les familles, avec qui nous sommes toujours en contact.
a aussi démarré dans des conditions difficiles.
On a fini épuisés. Après cette année intense, nous avions des projets. On voulait, par exemple, organiser des challenges du souvenir en mémoire de nos collègues, inviter les familles, maintenir et resserrer le lien dans la grande famille des pompiers. Avec l’arrivée de la Covid, on a plongé dans l’inconnu.
Comment avez-vous géré la crise ?
On a rapidement mis en place des protocoles. Maintenir la permanence des secours était impératif, malgré les inquiétudes et angoisses de chacun.
Ça a mis un coup de frein à la convivialité à la caserne : on ne pouvait plus prendre nos repas ensemble.
Mais les protocoles que nous avons mis en place, avant même les consignes départementales, comme la distanciation physique ou les désinfections systématiques, nous ont permis de maintenir le cap. Nous n’avons eu aucune contamination endogène au sein de la compagnie depuis le début de la crise sanitaire, c’est une vraie fierté.
Que retenez-vous de ces deux années ?
Je pars avec un goût d’inachevé.
Deux ans et mois, c’est un peu court… mais très riche humainement.
Je suis né à Grasse, c’était une fierté de revenir ici. C’était une aventure professionnelle exceptionnelle. La compagnie de Grasse est extrêmement intéressante et enrichissante.
1. L’identification des sites industriels présentant des risques d’accidents majeurs.