Nice-Matin (Cannes)

Yann Lerat : un comédien passionném­ent… cannois !

Manger des pâtes « premier prix » tous les jours ne lui fait pas peur. Pourvu qu’il y ait l’adrénaline. Celle de monter sur scène ou d’endosser le costume d’un nouveau rôle. Portrait.

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

Il nous a donné rendez-vous place de la Castre. Pour lui, elle symbolise parfaiteme­nt Cannes : le quartier provençal (le Suquet) et, en même temps, une connexion avec les montagnes, la mer et… Le Palais des Festivals. « Un village ouvert sur le monde en somme… »

Un village où il vient de passer, comme la plupart, une année difficile. « Avec le confinemen­t, presque tous les projets sont tombés à l’eau. Les auditions ont été annulées ou reportées, les films aussi. Et le festival qui me permet en général de créer beaucoup de contacts, de développer des projets, rencontrer des profession­nels a été annulé. J’étais vraiment mal… » 2021 a mieux démarré : un film à Cannes, une web série à Toulon et un rôle principal dans un longmétrag­e à Saint-tropez…

Tout cela dans une région que Yann Lerat ne veut pas quitter. Même si c’est à Paris que l’essentiel se joue, même si « oui, sans doute », il a perdu quelques opportunit­és en étant loin de la capitale. Pour lui, son équilibre est ici. « Je suis né à Strasbourg. Alors, vous imaginez un peu… Ici, je n’ai jamais froid. »

On rejouait le film du mardi soir

Comédien depuis toujours. « Quand j’étais gosse, avec les copains, chaque mercredi, on rejouait le film du mardi soir… Mon rôle préféré était Milady dans les trois mousquetai­res… » (Rires)

Yann Lerat a décidé de mener sa carrière depuis la cité du cinéma. « Je suis venu habiter ici par amour : un Cannois que j’ai rejoint, tout simplement… »

Pas question de cacher son homosexual­ité. « Je ne l’exhibe pas, mais je ne la cache pas non plus. Même si cela m’a valu de perdre le contact avec mes parents… »

Puriste, hédoniste, philosophe et amoureux de son métier, il en accepte les cruautés. « Les pâtes “premier prix” à 0, 90 centimes le paquet, j’en ai bouffé, mais je m’en foutais. »

La nourriture essentiell­e, il la trouve ailleurs. Dans ses personnage­s, les pièces de théâtre, les films auxquels il participe. « C’est simplement là que je me sens vivant… »

Alors il joue, tout simplement. « J’ai appris au conservato­ire de Strasbourg, au cours Florent et aussi à la Drama School de Londres. En même temps, je décrochais des petits rôles ici et là. Parfois, des figuration­s auxquelles j’allais. On n’était pas payé, mais il y avait un sandwich !! »

Les films où on peut le voir

Il joue. Sans se cacher. Avec ce qu’il est : un amoureux de la langue française, des beaux textes. À qui il arrive aussi de jouer dans des oeuvres plus légères… Quelques petits rôles dans des longsmétra­ges : « Just a gigolo » (O. Baroux), « Braquage à Monte-carlo », « J’ai perdu Albert » (D. Van Cauwelaert), « Alibi.com » (P. Lacheau), « Un sac de billes » (C. Duguay), « Transporte­r reboot » (L. Besson), « Magic in the moonlight » (W. Allen), « Des gens qui s’embrassent » (D. Thompson), « Cloclo » (F-E Siri), « Les Tuche » (O. Baroux) pratiqueme­nt toujours tournés dans le sud.

Dans de très nombreux films de télévision : « Demain nous appartient » (T. Peythieu), « Meurtres à Aix-en-provence » (C.M Rome.) « Le piège afghan » (M. Courtois), « Colère » (J-P. Mocky). Et même une petite apparition dans « Amour, gloire et beauté » (M. Stich) ! Enfin, une foule de courtsmétr­ages, dont le dernier «lamessagèr­e de l’heure bleue » de Samia Menar.

Aujourd’hui, à 45 ans, Yann Lerat regarde sa carrière avec une certaine tendresse : « Sans doute, oui, que j’aurais pu faire mieux. Mais j’ai toujours eu tellement de plaisir dans tout ce que je faisais. Je ne regrette rien… »

L’avenir il le voit toujours dans le travail. « Je me lève chaque matin, je fais une heure de cardio, je me tiens au courant de ce qu’il se passe dans le milieu du cinéma. Parfois, lorsque je sens qu’un projet a besoin d’un soutien, je n’hésite pas à donner un coup de main : je suis d’ici, j’ai des contacts… »

« Il nous a fait beaucoup rire »

Son rêve ? Tourner avec un Xavier Dolan qu’il adore. Ou Spielberg,

«Legéant».

« Yann est un garçon charmant, toujours partant. Très agréable. Il faut le diriger, c’est sûr, mais il peut faire beaucoup de choses. Des rôles de garçons élégants, des rôles en costume, des comédies aussi : nous venons de terminer le tournage d’un court-métrage intitulé “Stella Mantoni” où il joue le rôle d’un homosexuel. Il nous a fait vraiment beaucoup rire… », analyse Christian le Hémonet, qui lui a donné un premier rôle dans « Jusqu’à la lie » en 2018. Ce dernier, ainsi que Stella Mantoni devraient être présentés en avril au Festival de Fréjus.

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(Photo L/A) Yann Lerat, Cannes à tout prix...

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