DES PANS DE VIE RASÉS
A Biot, le hameau inondé en 2015 détruit depuis hier Le lit de la Brague va être réaménagé
Le ciel est bleu. Sous le grand pont en pierre, la Brague coule tranquillement. Juste un gros filet d’eau sur lequel barbotent les canards. Difficile d’imaginer que le 3 octobre 2015, le petit cours d’eau s’est transformé en fleuve déchaîné. Dévastant tout sur son passage. En remontant quelques dizaines de mètres sur la route d’antibes, toujours durant cette nuit dantesque, la crue a connu un point culminant. L’eau a atteint 1,6 mètre de haut dans le Hameau de la Brague, situé dans un méandre artificiel. Les flots furieux ont creusé leur route, balayant les remblais et s’engouffrant dans les maisons. Les occupants ont pu s’enfuir à temps et être secourus. Aujourd’hui, tous sont partis et les vingt-trois maisons où ils ont vécu durant des années, sont en train d’être gommées peu à peu du paysage.
Hier, peu après 11 heures, le premier bâtiment est tombé sous les coups d’un bulldozer. Ou plutôt a été grignoté consciencieusement par une pelle mécanique.
Protéger les habitants les indemniser
Le tout sous les objectifs des appareils photos et des caméras et de quelques riverains venus immortaliser la scène, avec leurs téléphones portables. Car l’instant est symbolique. Cette opération, portée par la Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis (Casa), dans le cadre du programme de réduction du risque inondation, est exemplaire à plus d’un titre, comme l’ont rappelé Jean Leonetti, président de la Casa, Jean-pierre Dermit, maire de Biot, en charge au sein de l’agglo des risques naturels, et Eric Pauget, député et Biotois de coeur.
Il s’agit d’un projet complet. Il fallait en priorité assurer la sécurité des habitants. Impossible de continuer à vivre ici. Mais, si cinq maisons de plain-pied ont pu être acquises par la commune de Biot, dans le cadre des fonds Barnier, les dix-huit autres propriétaires n’ont pas pu y prétendre. La raison ? Leur habitation ne répondait pas aux critères de sélection prévus. Notamment parce qu’elle disposait d’un refuge à l’étage. « Mais, et c’est légitime, plus personne ne voulait vivre ici, le risque étant trop grand. J’ai rencontré des personnes désespérées », a rappelé Jean-pierre Dermit.
Mais comment vendre un bien invendable ? Comment rester ? À la cruelle incertitude s’est ajoutée l’impossibilité de détruire les cinq maisons rachetées, car solidaires d’autres habitations...
Fin d’une situation chaotique
Certains ont donc dû continuer à vivre avec sous les yeux des bâtiments murés. Cette situation chaotique a heureusement pris fin avec la décision de la Casa, en 2018, d’acquérir l’ensemble des maisons. Car l’état a finalement rendu éligible la totalité du lotissement aux Fonds Barnier !
En 2018, les biens, ainsi que les parkings et les parties communes, ont été évalués par France Domaine. La Ville de Biot a cédé à l’euro symbolique les cinq villas qu’elle avait achetées. Le montant global des lots s’est élevé à 6 630 000 euros, avec une participation à hauteur de 50 % de l’état, via les Fonds Barnier et 20 % pour la Région Sud, via le Contrat régional d’équilibre territorial.
Les derniers occupants ont quitté le Hameau de la Brague en septembre dernier. Loin de ce qui était devenu un cauchemar.
Il faudra encore plusieurs semaines pour faire complètement disparaître le lotissement du paysage.