Nice-Matin (Cannes)

Philippe Bevan, un coiffeur qui connaît la chanson !

Il a créé des shows à travers le monde, coiffé les stars d’hollywood et fait carrière à Las Vegas. De retour en France au salon « Jean-charles » de Mandelieu, il sort un album comme chanteur !

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

On connaissai­t déjà sa dextérité aux ciseaux, et son sens du show. Voilà que le coiffeur Philippe Beven révèle un joli timbre au micro.

Foutaise ? C’est le titre de son album, sorti en 2019, afin de relativise­r les vicissitud­es de la vie. Mais certaineme­nt pas de quoi qualifier le talent pluridisci­plinaire de ce drôle d’artiste, dont l’existence ne cesse d’onduler telle une chevelure au vent. « Si j’avais dû faire coiffeur de salon toute ma vie, je ne pense pas que j’aurais continué à exercer ce métier », confesse celui dont l’incroyable carrière capillaire est indirectem­ent due à un conflit fils-père. Papa Bevan était trompettis­te. Il a dû arrêter ses tournées avec l’arrivée de son troisième enfant, Philippe. « Il a dû se reconverti­r comme pompier et je crois qu’il m’en a rendu responsabl­e quelque part, d’où des rapports difficiles ».

Du saxo aux ciseaux

Par soif de reconnaiss­ance paternelle, le garçon a d’abord fait ses gammes au saxo. Mais à l’heure d’entrer à l’école de musique de Paris, le père met son veto. Rupture familiale, exil du foyer, Philippe jouera (et vivra) six mois dans le métro ! Pour gagner sa vie, l’adolescent puisera dans une autre réminiscen­ce de l’enfance. « J’ai toujours été fasciné par les femmes et leur chevelure. Je faisais d’ailleurs râler mes soeurs parce que je m’amusais déjà à couper les cheveux de leurs poupées Barbie ». Au culot, le jeune homme se présente dans une grande école de coiffure à Paris. Admis à crédit, il devient aussitôt vice-champion de France de coiffure masculine, avant de devenir une véritable bête (ou tête) de concours.

« Mon premier grand show, je l’ai réalisé au Festival mondial de la coiffure à Cannes, à seulement 18 ans ».

Dans la foulée, le voilà enrôlé par L’oréal, parce qu’il le vaut bien. Puis nommé directeur artistique de la marque à Tokyo. Gloire… et douleur. Le jour de son mariage, un accident de la route le prive soudain de son père, d’une soeur, de son beaupère et d’une belle-soeur, tandis qu’une autre restera handicapée à vie.

« C’est le choc de ma vie.

Nous sommes rentrés du Japon, mais quelque chose était cassé. »

Karaoké ? OK !

Un an et demi de dépression. Mais un show caritatif en faveur des hôpitaux le remet dans la bouclette. Résilience, et tournée à travers le monde durant vingt-cinq ans. Grandeur et décadence (voir ci-dessous). Retour en France. Avec sa renommée, à défaut de fortune.

Et puis, un soir, une virée karaoké pour se remonter le moral. Et l’improbable se produit à nouveau.

« Un homme est venu me voir après m’avoir entendu chanter Pascal Obispo : “Bonjour, je suis auteur-compositeu­r, j’aimerais faire un album avecvous!”« Foutaises » .« Ça passera » .« Timide extraverti » ,« Toi sans moi » …Des titres, épisodes de vie, sur les rythmes entraînant de Richard Djian. Album à écouter sur Spotify. Et Philippe qui renoue avec la musique, à 56 ans. Comme quoi, la fibre artistique, ça ne tient parfois qu’à un cheveu.

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(Photo Patrice Lapoirie) Que ce soit en salon ou pour un show, Philippe estime que « la coiffure, c’est un spectacle! »

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