Nice-Matin (Cannes)

Onze migrants dans les toilettes d’un train en gare de Menton

- CH. P

Arnaud, Ivoirien de 31 ans et Jibril, Malien de 21 ans, ne se connaissai­ent pas jusqu’à ce 6 mars où ils se sont retrouvés entassés par un passeur sans scrupule avec neuf autres personnes (dont cinq mineurs) dans les toilettes d’un train Vintimille-nice.

En gare de Menton-garavan, une patrouille de la police aux frontières a d’abord tenté de les convaincre d’ouvrir la porte vers 20 h 30. Deux heures plus tard, avec l’aval de leur hiérarchie, les policiers ont cherché à ouvrir de force la porte avec des pieds-debiche.

Certains migrants se sont emparés des outils avant de forcer le passage pour fuir vers 23 heures. Dans la bousculade, un policier et une policière ont été blessés. Ils ont bénéficié de deux jours et quatre jours d’arrêt de travail. L’un explique avoir été frappé au visage, rappelle son conseil Me Farrugia. La policière incrimine pour sa part Jibril qui, lui, dément.

Du gaz lacrymogèn­e a été utilisé, souligne Me Ichram Moussa, ce qui a rajouté de la confusion à une situation déjà tendue, selon l’avocate d’arnaud.

Neuf réadmis en Italie

Finalement, neuf étrangers sans papiers ont été ramenés en Italie dans le cadre des réadmissio­ns automatiqu­es. En revanche, Arnaud et Jibril ont été placés en détention provisoire pour s’être rebellés et avoir commis des violences sur la police.

Devant le tribunal correction­nel, Arnaud évoque, non sans émotion, la perte de ses parents, son parcours pour fuir les luttes interethni­ques de son pays, le passage en Libye, la traversée de la Méditerran­ée… Son but : rejoindre Paris. Il conteste les violences qu’on lui reproche. Jibril, défendu par Me Arviol Pulaj dément à nouveau avoir porté des coups. Cela fait trois fois qu’il tente de pénétrer en France.

La procureure Brigitte Funel admet qu’être « entassés à onze dans les toilettes est à la limite du supportabl­e », tout en soulignant que rien ne justifie les violences commises sur les policiers. La magistrate requiert six mois de prison avec sursis et trois ans d’interdicti­on de séjour dans les Alpes-maritimes.

Le tribunal présidé par Alain Chemama relaxe les deux hommes pour les violences mais les condamne pour la rébellion à trois mois avec sursis. « Les carences dans la procédure et le contexte justifient le sursis », explique le magistrat aux deux prévenus, laissés libres mais priés de quitter le territoire français sous peine d’être à nouveau privés de liberté.

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