Nice-Matin (Cannes)

Le SOS des entreprise­s de Saint-martin-vésubie

On la croyait quasi sauvée après la tempête Alex, mais la Brasserie du Comté lance une bouteille (de bière) à la mer. Ses jours sont comptés. Même inquiétude à la scierie du Mercantour.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

N «ous lançons une bouteille (de bière) à la mer. » Edwards Dilly, patron de la Brasserie du Comté, à Saint-martinvésu­bie, arrive encore à glisser un peu d’humour, mais le coeur n’y est plus.

Le 2 octobre dernier, son établissem­ent était emporté, avalé par la Vésubie, dans le fracas et les pleurs de la tempête Alex.

Depuis, tout le monde la croyait quasi sauvée. Edwards Dilly et son équipe en premier. « La remontada », titrait en décembre Nice-matin, pour évoquer le fabuleux destin de cette entreprise qui a, depuis le drame, bénéficié d’aides de la Métropole, de l’état et surtout d’un soutien populaire hors normes. Pour qu’elle puisse continuer à brasser, la profession s’est mobilisée, avec l’appui des Brasseurs indépendan­ts des Alpes-maritimes et d’une cagnotte. La bière « Mounta Cala » était l’emblème

(1) de cette résurrecti­on. Las. Alors qu’un emplacemen­t était prévu dans la future zone artisanale de Saint-martin-vésubie, plus rien n’avance depuis un mois. « Nous avons un plan d’investisse­ment de 1,5 million d’euros, mais au premier octobre, les assurances arrêteront de compenser les pertes d’exploitati­on. Or, pour commander du nouveau matériel, il faut six mois. C’est donc déjà trop tard. Je n’accuse personne, la situation est compliquée, mais là on n’a plus d’options. »

« Nous sommes étranglés »

Entre-temps, l’inox a augmenté de 15 %. La facture d’un million, déjà salée, a augmenté de 150 000 euros. Tous les acteurs de cette future zone artisanale du quartier du Touron sont concernés. Alors pourquoi ce retard ? Le maire pointe du doigt la Métropole, décisionna­ire. Plusieurs rendez-vous auraient été annulés, notamment pour cause de Covid : « Je leur ai donné un ultimatum, répond Ivan Mottet. Les choses paraissent simples, mais dès qu’il faut réunir plusieurs acteurs, Etat, Métropole et autres, ça se complique. Les paroles données, il faut les coucher par écrit. Et quand arrive le moment, tout le monde a peur. »

Hier après-midi, une réunion d’urgence se tenait, enfin, en mairie de Saint-martin-vésubie, avec les services de la Métropole.

Contacté par Nice-matin, le préfet tempête, Xavier Pelletier, affirme « être en train de trouver des pistes ». Idem côté Métropole qui assure que Christian Estrosi ne les lâchera pas.

Cette situation apparaît insupporta­ble aux yeux des patrons de la Brasserie, de la scierie (lire par ailleurs), et des autres profession­nels. « Nous avons refusé des terrains dans la plaine du Var car notre priorité c’était Saint-martin, souligne Edwards Dilly. Ils ne sont plus disponible­s. Aujourd’hui, j’envisage la fermeture administra­tive et la mise au chômage des salariés. » Une situation ubuesque, alors que les commandes affluent. Mais Edwards Dilly veut plus que des pistes. Il exige une réponse avant la fin de la semaine.

« À force de perdre des semaines, nous sommes étranglés. Nous sommes une petite entreprise. Je ne peux me permettre de laisser partir 70 000 euros en fumée chaque mois parce que nous sommes obligés de louer le matériel. »

Sous pression, les autorités vontelles réussir à se faire violence et à signer ? La survie de l’économie locale, de l’école, en dépend.

1. Mounta cala : « monte et descend », faisant écho aux trajets effectués par l’équipe de la Brasserie du Comté vivant à Saint-martin-vésubie

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(Photo Côte d’azur France – Yann Savalle. La Brasserie du comté affichait, l’an dernier, un chiffre d’affaires de   euros, en hausse de  %. Elle peut disparaîtr­e.

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