Nice-Matin (Cannes)

Des sacs à pain pour sortir les femmes du pétrin

Le collectif Noustoutes vient de lancer une campagne de sensibilis­ation aux violences sexistes et sexuelles dans 34 boulangeri­es. Les niveaux de violence sont imprimés sur des sachets pour le pain.

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

La lutte contre les violences faites aux femmes continue. Le collectif Noustoutes vient de lancer une campagne de sensibilis­ation nationale en partenaria­t avec les boulangeri­es. L’idée ? Distribuer des sachets pour le pain sur lesquels sont imprimés un « violentomè­tre » et des numéros d’urgence pour les victimes. Comme l’avait fait la Ville de Noisyle-sec (Seine-saint-denis) en novembre dernier.

27 000 euros ont été récoltés à l’aide d’une cagnotte pour imprimer 615 000 emballages. Un appel à bénévoles a aussi été passé. Dans les Alpes-maritimes, une trentaine de militants s’est manifestée. Trente-quatre boulangeri­es situées entre Nice et Mandelieu ont accepté de participer à la campagne en récupérant, chacune, entre 200 et 500 sachets.

Multari Gambetta a reçu la première fournée jeudi. La distributi­on s’est poursuivie hier matin, à Nice, chez Éric Zambari dans le quartier Libération.

Une femme tuée tous les deux jours

Pour la patronne, c’était une évidence de participer à la campagne. « Si on n’en parle pas, on ne pourra pas faire avancer les choses, note Stéphanie. C’est aberrant de savoir qu’en France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint. Même si les violences ne s’arrêtent pas d’un coup, je me dis que ça peut aider des femmes à prendre conscience du danger. Et si on peut en sauver deux, c’est toujours ça de gagné. » À côté d’elle, Dounia, membre du collectif Noustoutes­06, sourit. Et la remercie pour son engagement et celui de son mari.

« On est souvent sollicités pour des publicités sur les sacs à baguette, confie Éric Zambari. On le fait à chaque fois pour le Sidaction. C’est sympa de participer à cette action. En plus, on a l’avantage d’avoir une grosse emprise sur le marché. »

Et donc, beaucoup de clients. Ce que cherche justement le collectif.

Le violentomè­tre, c’est quoi ?

« La communicat­ion est le meilleur moyen de lutter contre les violences, pointe Dounia. L’avantage du violentomè­tre, c’est qu’il présente des exemples concrets. Et selon les situations, le degré de vigilance à avoir. » L’outil se présente comme une règle dégradée du vert au rouge. Le premier segment avance des exemples de relations saines. Le deuxième, de comporteme­nts à risque (moqueries, jalousie excessive, isolement). Et le troisième, de danger imminent (coup de sang, violences physiques et viol). La distributi­on devrait se poursuivre toute la semaine, dans d’autres boulangeri­es. À Cagnes-surmer,

Grasse, Antibes, Mougins ou Saint-laurent-du-var.

« Le but est de pérenniser cette action, poursuit Alexia, membre active de Noustoutes­06. On espère que les mairies financeron­t les prochains sacs à pain. On pourrait toucher tellement plus de monde ! » Selon elle, la Ville de Vence serait déjà partante. Reste à convaincre les autres.

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(Photo François Vignola) « L’avantage du violentomè­tre, c’est qu’il présente des exemples concrets. Et selon les situations, le degré de vigilance à avoir », avance Dounia, du collectif Noustoutes.
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