Une villa transformée pour accueillir les bébés antibois
Avant de s’appeler polyclinique Jeanne-d’arc, la bâtisse du quartier de la Rostagne était baptisée villa St-hilary. Un établissement médical qui a fermé ses portes il y a vingt-neuf ans.
Maurice Guenot, un riche propriétaire antibois – son père avait une plantation d’oliviers en Tunisie et au Maroc – possédait, en haut du boulevard Wilson, un vaste terrain. Domaine limité par les chemins de la Rostagne, du Collège et du Tanit sur lequel seront bâtis le Collège de la Rostagne et le Lycée Jacques Audiberti et sur lequel s’élevait une belle villa ancienne, la villa « St-hilary » qui deviendra un temps la polyclinique « Jeanne d’arc ».
J’ai découvert cette villa dont j’ignorais l’existence, par hasard, en achetant une carte postale ancienne la représentant, sachant simplement qu’elle se trouvait chemin Tanit mais ignorant qu’elle serait transformée, au fil du temps, en une clinique. On y voyait un beau bâtiment en pierre : une partie avec deux étages au-dessus de l’entrée et une partie d’un étage avec un balcon supporté par des piliers cylindriques surplombant un rez-de-chaussée avec deux grandes embrasures en arc de cercle. Toutes les ouvertures de cette façade du bâtiment étaient d’ailleurs construites en arrondi. Madame Guenot mère habitait tout d’abord cette villa, puis elle a ensuite vécu avec son fils dans l’ancienne et superbe maison des jardiniers. La Comtesse de Charnière, la propriétaire de la villa, la fit transformer en clinique. Son inauguration eut lieu en avril 1958 dans un cadre bien adapté à sa nouvelle vocation, dans un quartier en plein développement et isolée du bruit par son grand parc. Son but était de continuer l’oeuvre du Docteur Fernand Lamaze, c’est-à-dire de permettre aux futures mamans d’accoucher sans douleur. En dehors de cette orientation, elle était également dotée d’un service de chirurgie. Avec son installation moderne, elle était ouverte à tout le corps médical et conventionnée par la Sécurité sociale.
Quinze lits en maternité
La politique de concentration souhaitée par le ministère de la Santé refusera aux établissements trop petits et aux moyens trop limités pour pouvoir se moderniser et n’assurant pas plus de 300 accouchements dans l’année de fonctionner. Ne disposant que de 15 lits en maternité et 24 en chirurgie, la clinique « Jeanne-d’arc » fut contrainte de se laisser absorber par l’institut « Arnault Tzanck » de
St-laurent-du-var en octobre 1990 qui s’associera par la suite à la clinique « St-jean » de Cagnes-sur-mer, en espérant, avec l’aide de la municipalité Pierre Merli, sauver la clinique antiboise. Malgré tous ces efforts, l’annonce de sa fermeture était devenue officielle et susceptible d’intervenir vers le mois de septembre 1992. Le préfet de région avait signé le 19 février 1992 un arrêté de transfert regroupant à la clinique « l’espérance » de Mougins les 24 lits de la chirurgie de la clinique « Jeanne-d’arc » et les six lits de la clinique cannoise « California ». Pas de licenciements pour le personnel mais des mutations. Exit la chirurgie mais départ également des 15 lits de maternité. Nice-matin du 18 novembre 1992 annonçait la fin de la clinique « Jeanne-d’arc » : « Les services de chirurgie et de maternité ont été transférés à Mougins, Cannes et Cagnes-sur-mer. Sur la porte de la clinique, une simple feuille de papier annonçait sa fermeture et le lieu de son transfert. Si l’institut Arnault Tzanck était l’exploitant de la clinique, les murs ne lui appartenaient pas. Le bâtiment avait été racheté en 1958 par une société parisienne La Lorraine ».
Le 1er août 1995, une demande de permis de construire était déposée au service municipal de l’urbanisme pour réclamer l’autorisation de réaliser 85 logements dans une résidence de 15 mètres de hauteur. Elle resta sans suite. Fin 2001, un immeuble de grand standing le « 5 Tanit » devait voir le jour, un bâtiment de 15 mètres de haut abritant 37 logements de deux à quatre pièces avec des prestations haut de gamme, réservé à une clientèle aisée. Le 16 septembre 2000, la presse annonçait que «les pelleteuses et autres engins destructeurs ont fait leur oeuvre et le bâtiment n’est plus que gravats » .Un nouveau permis de construire obtenu en octobre 1998 prévoyait la construction de 56 logements. Il fut annulé par le Tribunal Administratif de Nice en juillet 1999 et, malgré un nouveau recours en justice pour un deuxième permis, les plaignants laissèrent finalement champ libre au chantier qui nécessitera l’abattage d’arbres centenaires.
Ici, une résidence
Face aux réticences de certains riverains, les promoteurs avançaient, eux, que la clinique fermée depuis longtemps était un bâtiment insalubre envahi par les rats et sa démolition était salutaire pour le quartier. C’en était fini de cet établissement médical où de nombreux Antibois avaient vu le jour et où d’autres y avaient été soignés. « Elle était réputée pour les compétences de ses praticiens, le chirurgien chef Chaleil en tête, ainsi que pour la gentillesse de ses infirmières ». Aujourd’hui, à sa place se dresse la résidence « St-hilary ».
Sources :Sitehttp://rostagne.free.frhistoriqueduquartier Rostagne Antibes Juan-les-pins Juan Nostalgie de Françoise et Caroline Chambon Éditions Serre.archives Municipales d’antibes.articles de Nice-matin.annuaire d’antibes Juan-les-pins le Cap-1963.