Drôle de tournage à la prison
Des artistes locaux tournent, jusqu’à ce soir, « #Essentiel » de Franck Florino. Un 52 minutes poétique sur la difficulté de créer et la nécessité de se réinventer quand on est confiné.
Elle, c’est Bidouille. Depuis plus de vingt ans, chaque semaine, elle enfile son nez rouge pour aller faire rire les enfants malades des hôpitaux. En vraie « docteuse rêve », elle improvise en s’adaptant à chaque enfant et lui permet de s’évader quelques instants de l’univers de la maladie. Un jour, la pandémie lui a interdit de franchir la porte des hôpitaux. « J’ai fait des masques, un peu de couture, des trucs… J’ai bidouillé quoi ! » dit elle en haussant les épaules. « Mais moi, vous savez, je suis d’un naturel superoptimiste, je fais aller… » Dernièrement, elle a répondu à l’annonce de Franck Florino, un monteur et réalisateur à belle renommée. Il cherchait des acteurs pour « #Essentiel », un documentaire de 52 minutes qui donne la parole aux artistes en cette période de pandémie.
Bidouille est la première des six artistes à lui avoir répondu. La première à tourner, du coup, ce jourlà. Là, elle est assise dans une cellule de l’ancienne prison de Grasse. Enfermée. Coupée des autres.
Il y avait urgence à tourner…
Une belle culotte rouge à pois sur le fil à linge, des dessins d’enfants au mur, des ballons, des bulles de savon, elle cherche à s’occuper. Mais il n’y a personne à faire rigoler. Le message passe immédiatement : il y a, là, toute la fragilité de Bidouille, ses espoirs. Toute l’humanité de la démarche aussi… Franck Florino a toujours beaucoup travaillé (lire encadré) .La pandémie a mis un coup d’arrêt à son activité.
« C’était également l’occasion de réfléchir au sens de mon travail, aux valeurs que je veux défendre. Et puis, à un moment, il a fallu que je me remette à tourner. Il y avait urgence. »
Avec le désir impérieux de créer sur cette pandémie qui nous paralyse. « Je n’avais pas envie que ça soit politique ou polémique. » Non, Franck Florino avait davantage envie de poésie.
Que les messages soient perçus au travers d’un univers artistique. « J’avais aussi envie de créer des passerelles entre chacun des six artistes choisis. »
Cracheur de feu, carnavalier, musiciens, danseuse
Bidouille donc, Mr One Teas qui crée des installations insolites en ville. Julien Véré, contorsionniste et cracheur de feu, Johan Garcia, carnavalier qui a créé Carnavalovirus, Llenia Vinci, danseuse de ballet, Medi, musicien et auteurcompositeur interprète qui continue de faire vivre son art en s’invitant sur les réseaux sociaux des salles de concert fermées.
Des artistes qui ont dû s’adapter au protocole sanitaire et expliquent comment ils se sont réinventés.
Et puis, pour éviter le confinement, l’enfermement, Franck Florino a pensé à cette ancienne prison de Grasse.
« Chaque artiste y raconte son activité depuis une cellule personnalisée. »
NICOM international, la société propriétaire des lieux a choisi de soutenir l’action : « Nous ne pouvions pas nous enrichir sur ce genre de projet », commente Mélanie Mugnier. Elle et son époux ont choisi de prêter les lieux à l’équipe de tournage.
Elle devrait terminer ses prises de vues aujourd’hui lundi. «Ensuite, il faudra trouver une chaîne qui voudra diffuser… », commente Franck Florino. Ce qui ne saurait tarder…