« Au niveau des établissements, ça devient ingérable »
Sylvie Pénicaut est secrétaire académique du syndicat des personnels de direction de l’éducation Nationale (SNPDEN, ci-contre photo DR). Elle est aussi proviseur au lycée Guillaume-apollinaire qui n’a pas échappé à la nouvelle règle sanitaire. « J’ai cinq cas dans cinq classes différentes », confie cette cheffe d’établissement qui craint fort qu’à ce rythme-là on en vienne rapidement « à fermer les établissements entiers ». Sylvie Pénicaut rappelle les directives qui s’imposent à elle et à ses confrères : «Dès qu’on a un cas dans une classe on le signale à la cellule Covid de l’inspection d’académie. On doit également identifier et signaler d’éventuels cas contacts. Nos infirmières ne font plus que ça. » La décision de fermeture revient ensuite à l’inspecteur d’académie ou au préfet. Cette cheffe d’établissement a néanmoins «anticipé » ce lundi matin : « J’avais une classe avec un positif et cinq cas contacts », explique-t-elle. Et la liste n’a fait que s’allonger au cours de la journée pour grimper à cinq positifs répartis dans cinq classes différentes. En vertu de la nouvelle règle ministérielle les cinq classes vont donc devoir fermer.
« Et encore, souffle la responsable du SNPDEN, si ça avait été la semaine dernière, c’est quinze classes que j’aurais dû fermer ! »
« Cette nouvelle mesure n’a fait qu’ajouter de la pagaille »
Dans ce cas, il faut contacter les parents de tous les élèves et au collège attendre qu’ils viennent récupérer leur enfant. Que se passe-t-il si un parent est dans l’impossibilité matérielle de récupérer son enfant ? « On est censé l’isoler », explique la proviseur qui souligne que cette mesure risque de devenir « bien difficile à mettre en oeuvre » si les fermetures de classes se multiplient. De même elle se demande comment arriver à assurer une continuité pédagogique pour les élèves qui sont renvoyés chez eux avec « des enseignants qui d’une heure à l’autre vont devoir alterner entre présentiel, pour les élèves qui viennent toujours, et distanciel pour les autres. » Un casse-tête qui pour la représentante des chefs d’établissements dans l’académie devient « ingérable pour les établissements ».
« Cette nouvelle mesure n’a fait qu’ajouter de la pagaille », insiste Sylvie Pénicaut. Jusque-là opposée à la fermeture des écoles, elle en vient à se demander « si ce n’était pas, finalement, la bonne mesure à prendre plutôt que cet entre-deux ».