Nice-Matin (Cannes)

Réanimatio­n : que font les cliniques privées ?

Alors que le pic de la deuxième vague est dépassé, beaucoup s’interrogen­t sur la mobilisati­on de l’hospitalis­ation privée. Elle répond qu’elle fait tout ce qu’elle peut, dans la mesure de ses moyens.

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

L’urgence sanitaire, économique, sociale et psychologi­que commande de donner plus de tonicité au système médical, en associant par exemple les cliniques privées à l’accueil de patients en réanimatio­n. Elles pourraient en recevoir au moins 2 000 dans l’hexagone. » Dans une tribune publiée le 19 mars dernier dans nos colonnes, le président du départemen­t des Alpes-maritimes, Charles Ange Ginésy appelle le secteur privé à soutenir l’hôpital public en absorbant une partie du flux de patients relevant de la réanimatio­n. Ça semble frappé au coin du bon sens, dans cette période d’extrême tension sur les services de réanimatio­n.

Pas de réanimatio­n dans les cliniques privées

C’est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il y a d’abord les faits : aucune des cliniques privées du départemen­t des Alpesmarit­imes ne dispose de service de réanimatio­n.

Une situation unique en France, que certains acteurs du secteur, à l’instar de la clinique Saintgeorg­e disent regretter : « Antérieure­ment à la crise, nous avions demandé l’ouverture de 8 lits de réanimatio­n, capables d’accueillir les patients en postopérat­oires de chirurgies lourdes, carcinolog­iques en particulie­r. Sans succès à ce jour. Pourtant, on se rend bien compte, dans le contexte d’urgence sanitaire, que le besoin de plus de lits de réa est réel. Si on regarde la situation dans les Bouches-durhône, où coexistent des réanimatio­ns publiques et privées, on s’aperçoit que ça fonctionne très bien », regrette Sylvain Lambert, directeur général adjoint groupe privé Kantys, propriétai­re de cette clinique.

Deux établissem­ents privés font figure d’exception dans les A.-M. mais elles ont un statut particulie­r : celui d’établissem­ent privé à but non lucratif (Établissem­ent de Santé Privé d’intérêt Collectif ou ESPIC).

Il s’agit de l’institut Arnaulttza­nck de cardiologi­e médicochir­urgicale à Saint-laurent-duvar et de l’hôpital privé gériatriqu­e Les Sources à Nice, qui disposent respective­ment de 19 et 8 lits de réanimatio­n (et aussi de 42 lits d’unité de surveillan­ce continue pour ce qui concerne Tzanck).

L’essentiel des lits de réanimatio­n lourde du départemen­t se trouve ainsi dans les hôpitaux publics : le CHU de Nice (61 lits répartis entre Pasteur 2, l’archet 1 et l’archet 2) et les hôpitaux généraux de Cannes (16 lits), Grasse (12 lits) et Antibes (16 lits).

Des lits majoritair­ement occupés par des malades atteints de formes très sévères de la Covid-19. Aujourd’hui, 29 mars, leur taux d’occupation frôle les 100 %.

Que se passe-t-il dans le même temps dans les cliniques privées du départemen­t ? Leur nombre est important et leur place dans l’offre de soins prépondéra­nte, autant à l’est qu’à l’ouest du départemen­t : citons les cliniques Saintgeorg­e et Saint-antoine (groupe Kantys), la clinique du Parc Impérial à Nice, la polycliniq­ue Saintjean à Cagnes-sur-mer, la clinique Oxford à Cannes, l’hôpital privé Arnault-tzanck à Mougins et enfin la clinique du Palais à Cannes.

Forte participat­ion à l’hospitalis­ation convention­nelle

Ces cliniques privées assistente­lles bras ballant à la submersion des hôpitaux publics ? Certaineme­nt pas. Toutes, plus ou moins précocemen­t dans la crise, ont dédié nombre de leurs lits de médecine à l’accueil de malades de la Covid-19. Certaines, à l’instar de

Saint-george, qui possède une unité de surveillan­ce continue (lire Savoir +), ont même été sollicitée­s pour requalifie­r ces lits en lits de réanimatio­n. Ce qu’ils ont fait. Si la plupart des lits mis à dispositio­n par le privé sont restés vides pendant la première vague (le flux relativeme­nt modéré au cours de la première vague a été géré par l’hôpital public), la situation a bien changé depuis.

Le privé participe en grande partie à l’hospitalis­ation dite convention­nelle (hors soins critiques) des malades de la Covid-19. Certaines cliniques voient même plus de 50 % de leurs lits de médecine occupés par ces patients. Et beaucoup (Tzanck Mougins et Saintlaure­nt, Saint-george, Saint-jean) ont même ouvert des lits dédiés à l’oxygénatio­n haut débit de patients Covid. S’il est difficile d’obtenir des chiffres précis concernant les déprogramm­ations d’activités que ces ouvertures de lits ont nécessité, comme l’hôpital public, le privé a dû lui aussi consentir d’importants efforts. Pour ouvrir ces lits, il est nécessaire en effet d’avoir du personnel et en nombre.

Et pour tous les établissem­ents de santé, une seule solution : aller le prendre ailleurs, dans d’autres services. Ce qui mathématiq­uement contraint à fermer d’autres lits, et à déprogramm­er des activités. Parmi le personnel le plus précieux, les infirmière­s anesthésis­tes dont les compétence­s sont très recherchée­s depuis l’arrivée de l’épidémie en France.

Une unité de surveillan­ce continue est un service destiné à prendre en charge des malades nécessitan­t une surveillan­ce rapprochée. Ces unités constituen­t un niveau intermédia­ire entre la réanimatio­n et les services de soins classiques.

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(Photo Philippe Arnassan) Un personnel épuisé, un taux d’occupation très élevé des lits de réanimatio­n, la situation dans les hôpitaux publics est tendue.
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