Et pourquoi ne pas réquisitionner ?
La progression actuelle de l’épidémie fait craindre des lendemains encore plus sombres.
Et l’hôpital public estime ne plus pouvoir aller plus loin dans l’ouverture de lits de réanimation et dans la déprogrammation que tous dénoncent comme pourvoyeuse de drames à court terme.
Dans ce contexte, les cliniques privées peuvent-elles contribuer plus fortement ?
Et de quelle façon, sachant qu’elles ne disposent pas de lits de réanimation ?
« La seule façon pour le privé de nous aider, c’est de déprogrammer progressivement leurs activités chirurgicales et libérer ainsi du personnel qu’ils peuvent nous envoyer pour renforcer nos équipes, répond le Pr Carole Ichai. Nous refusons d’ouvrir de lits supplémentaires avec notre personnel qui est épuisé, qui ne cesse de faire des heures supplémentaires. » Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les cliniques privées n’ont pas d’infirmières formées à la réanimation, et assez peu d’infirmières anesthésistes. Et ces cliniques aussi se disent en très grande difficulté en termes d’effectifs.
« Lié en particulier au problème des cas contacts, et à la mobilisation des équipes sur les lits Covid ouverts, on est confronté à la même problématique d’absence de nombreux soignants », argue Sylvain Lambert.
Quid de la réquisition ?
Concernant l’aide médicale, on pense bien sûr au renfort de médecins et en particulier des anesthésistesréanimateurs exerçant dans le privé, là encore, la situation est complexe. Ces professionnels exerçant dans le privé ont un statut de médecin libéral. Et rien n’est aujourd’hui pensé ni organisé pour qu’ils travaillent dans le public.
Reste une dernière cartouche : la réquisition. Un décret habilite en effet les préfets, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, à réquisitionner établissements et personnels soignants et médico-sociaux. Plus de choix alors possible pour les professionnels de santé du secteur privé.
Une issue redoutée vers laquelle les autorités sanitaires peinent à se tourner, alors que certaines tensions trouveraient leurs sources dans de vieilles querelles public-privé.
« Si le privé n’en fait pas encore plus, confie le Pr Michel Carles, chef du service infectiologie du CHU de Nice, c’est faute de collaboration sereine, de définition précise des besoins et d’organisation graduée de réponse à cette pandémie. »
Tout est dit.